Meeting with the past 1

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Texas, 26 août 2008

Le réveil est brutal, comme si chaque matin était un rappel cruel de l'obscurité qui m'entoure. Les premières lueurs du jour se frayaient un chemin à travers les rideaux. Mon corps est la seul chose qui tient debout. Le mental n'y est plus.

Je fronce les sourcils en tiquant lorsque ma main caresse la coupure sur ma lèvre encore fraîche. J'aurais aimé que la lumière chasse les ténèbres qui habitent mon esprit mais elles semblaient s'accrocher à moi, obstinément.

Je m'étire. Tirée dans toutes les directions par les souvenirs douloureux qui m'hantaient encore, je me sentie comme une vulgaire marionnette éraflée.

— Grace debout tu vas être en retard !

Chaque pas que je fais sonne comme un poids qui tombe au sol. Ce point est mon propre fardeau.

Ma respiration se coupe lorsque que mon visage rentre en contact avec le liquide gelée. Mes doigts frottent brutalement les racines de mes cheveux avec cette eau. Je lève ma tête face à mon miroir et sourit. Désespérée de mon propre état mental.

— Travaille bien, Crie maman.

Je lève ma main et lui sourit doucement.

— À ce soir maman, je t'aime.

La commissure de ses lèvres se relève. Ses lèvres font des mouvements avant que je referme la porte derrière moi.

Mes pas sont hésitants. Chaque pas que je fais me font encore plus douter. L'arrêt de bus se profil un peu plus devant moi, et mon cœur bat plus vite à mesure que j'approche. Je n'entends que mon cœur taper contre mon torse. J'appréhende leurs regards.

Le grincement des portes du bus me fait relever la tête. Mais lorsque que mon pied entre dans celui-ci ma tête se baisse automatiquement.

Ils sont là. Je les sens derrière mon dos se nourrissant de ma détresse. Leurs rires étouffés, les chuchotements, ne font qu'accroître mon tourment.

Ma main se serre contre la barre en métal. Je sens la sueur se reprendre sur chaque parcelle de mon corps. Je sens une chaleur se rapprocher de mon corps. Ma respiration se coupe. Je ne veux pas relever la tête. Mes yeux sont rivés sur mes chaussures.

— Grace

Je le sens. Il agrippe la barre. Sa main à côté de la mienne. Avant même qu'il ne rajoute un mot le bus s'arrête le faisant flancher.

Mon cœur bat la chamade alors que je descends, sentant les regards dans mon dos. Je franchis les portes de l'établissement, ma respiration se faisait plus régulière. Sur le moment je ne me suis pas rendu compte. Ma respiration s'était instinctivement coupée.

Je déboutonne le haut de ma chemise en m'asseyant sur ma chaise.

Le cours du matin s'achève enfin, libérant une bouffée de soulagement alors que je rassemble mes affaires. Je hâte le pas en me dirigeant vers mon coin habituel. Un banc à l'écart de la cour devenue un havre où je peux respirer.

Je m'installe. La fraîcheur du banc se repend comme un léger frisson le long de mon dos. Je mors dans ma pomme quand j'entends les premiers murmures gifler mon oreille. Peu importe leur propos, ils l'atteignaient comme une flèche en plein cœur.

— Laisser moi avec elle.

Ils meuglent dans leurs barbes en partant. Ma tête baissée, seul deux jambes me sont visibles.

— Grace, Dit-il de la même intonation.

Mon repas devient un fardeau. Je peine à mordre le morceau dans ma bouche. Je le sens s'asseoir à côté de moi.

MEETING WITH THE PASTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant