Kitchen

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Je ne sais pas ce qui me perturbe le plus quand je repense à ce moment. Est-ce le fait que tu m'aies embrassé alors qu'elle se trouvait à quelques mètres de nous ou bien le fait que tu l'aies fait alors que j'étais entrain de fumer, adossée au comptoir de la cuisine.
Tu dis que je suis un mouton lorsque j'ai une clope entre les lèvres mais, visiblement, je crois que tu aimes me voir fumer. Aimes-tu savoir que cette fumée me détruis de l'intérieur ? Ou bien est-ce plutôt le paradoxe qu'elle le fait en soignant mes maux qui t'intrigue ?
Est-ce que l'idée que je me détruis pour m'apaiser te plaît ?
Rêves-tu de remplacer cette clope ? De me faire imploser à ton tour ? De consumer mon être ?
Tu le fais déjà, tu sais.

Tu t'étais rapproché de moi, souriant. Je ne sais pas si j'aime ce sourire ou si je le déteste profondément. C'est le genre de sourire qui crie haut et fort "Je suis à toi pour un instant maintenant, profite bien avant que je ne reparte en te laissant derrière moi.".
Tu t'étais approché et j'avais tiré une nouvelle taffe. Je venais presque d'allumer la clope que j'avais entre les lèvres. Et toi, comme si ton sourire insolent ne suffisait pas, tu m'avais dit quelque chose comme « Encore une ? » et me l'avait prise des mains.
Je ne sais pas si j'aime ou si je déteste ça, tout comme je ne sais pas si j'aime ou si je déteste quand tu te volatilises comme elle, quand tu t'enfuis de mes bras, ôté par une force supérieure.
Tu savais que je n'allais pas me laisser faire.
J'ai essayé de la reprendre et tu m'as embrassé, doucement, avant de la diriger vers mon visage. Pourquoi ? Quel était ton objectif en faisant cela? En avais-tu même un ou était-ce encore une de tes actions irréfléchies, impulsives ?
J'ai tiré une taffe. Je l'ai savouré, même si je déteste toujours autant le goût du tabac, et je l'ai recraché à quelques centimètres de ton visage avant de t'embrasser à nouveau.
J'adore ça, tu sais, ce jeu, cette espèce de tension entre nous. Et si tu savais comme je me délectais de savoir qu'elle était à quelques mètres de nous, dans le salon, attendant probablement que tu reviennes. Si tu savais comme j'aimais me dire que c'était moi que tu embrassais et non pas elle.

Je te l'ai reprise des mains. Je t'ai observé en reculant légèrement mon visage pour remplir à nouveau mes poumons de cette fumée destructrice mais si apaisante. C'est fou comme le poison fait étonnement du bien, comme l'autodestruction est savoureuse. Je t'ai embrassé, expirant toute cette toxicité dans ta bouche. Tu as toussé, murmuré quelque chose comme « Putain t'as recraché dans ma bouche » et j'ai rit.
J'ai rit parce que je saisissais le décalage du moment ; j'osais agir de façon désinvolte alors que j'étais celle qui était folle de toi. J'osais me comporter comme si tu n'étais pas plus pour moi que je ne l'étais pour toi : rien.
Mais, j'ai surtout rit parce que j'aimais cette idée. J'aimais l'idée de te faire aspirer une substance qui était passée par mes poumons.
Je crois que toi aussi, tu aimais ça. Je suis sûre que tu aimais ça. Sinon tu serais déjà parti la rejoindre n'est-ce pas ? Sinon tu n'aurais pas passé ton temps à essayer de poser tes lèvres sur les miennes à la moindre occasion ?
N'est-ce pas ?

Ou bien peut-être que je me trompe. Peut-être que tu n'aimes pas ça. Peut-être même que tu déteste ça. Et, pire encore, peut-être que tu t'en fiches complètement de moi. Peut-être que je ne suis qu'un corps pour toi.
Mais alors, pourquoi ? Pourquoi m'as-tu touché comme ça ensuite ? Pourquoi cherchais-tu constamment mon attention? Pourquoi n'es-tu pas resté avec elle toute la soirée au lieu de chercher inlassablement mon contact ?
Pourquoi tes gestes me prouvent-ils le contraire ?

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 08, 2023 ⏰

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