Alors que la dinde de Noël commençait à être tranchée par Ratchet, Kratos se leva et tapa du poing sur la table, avant de dire :
« Avant que nous ne commencions ce repas, mes amis, j'ai quelque chose à vous dire. » Kratos détourna le regard, gêné. « Je voulais... m'excuser.
— T'excuser, toi ? Lança Peter Parker tandis qu'il attrapait la salière avec une toile. Tu dois avoir sacrément merdé pour lâcher ça devant tout le monde.
— Plus que tu ne le crois, Pete. J'ai perdu. »
Un blanc s'installa autour de la table tandis que chacun se regardaient, perdus.
« Tu parles des Games Award, c'est ça ? Demanda Ratchet. »
Un râle rauque sortit des lèvres du dieu de la guerre.
« J'ai échoué, si près du but... j'ai salis l'honneur de PlayStation. Je vous ai fait honte. »
Un éclat de rire retentit à l'autre bout de la table ; c'était Ellie.
« Qu'est-ce que tu nous fait, grand-père ? Tu t'excuses pour quoi au juste ? Avoir raflé la moitié des prix ?
— Le GOTY, repondit-il. Il m'a échappé...
— Et alors ? On s'en fout, non ? C'est pas le GOTY qui fait le bon jeux. T'as prouvé mille fois ce que tu valais. Alors qu'importe que t'ai perdu ; c'est pas ça qui compte.
— C'est facile pour toi, petite. Ton deuxième jeu est le plus récompensé de tous les temps.
— Elle a pas tord, tu sais, lança Nathan Drake en s'emparant de son ver de vin. Regarde : sur quatre jeux, j'ai gagné qu'un GOTY, en 2009, et pourtant, si jamais quelqu'un demande si il y a un jeu d'action-aventure a faire absolument de sa vie, y'a de grandes chances qu'on lui réponde Uncharted 4.
— Mais j'étais si proche du but... J'ai lâchement perdu, face un à jeu crosse-plateforme en plus...
— Serait-ce trop te demander qu'un peu de respect, Kratos ? demanda Alloy, excédé. Pour rappel, j'ai aussi perdu aux derniers Games Award. C'est pas la première fois que je perd face à toi d'ailleurs. Et je suis pas la seule. Enfin sérieusement, de toutes les personnes qui sont ici, peut-tu m'en citer une dont tous les jeux ont été GOTY ?
— Cherche pas, y'en a pas, dit Ellie. »
Kratos se tut, pensif.
« Tu ne pouvait pas gagner, dieu. »
Jin Sakai, qui était jusqu'à présent resté silencieux, se redressa sur le dossier de sa chaise.
« Qu'a-tu dit, fantôme ? demanda Kratos.
— J'ai dit que tu ne pouvais pas gagner. »
Un nouveau blanc s'installa dans la salle à manger. Kratos foudroyait Jin du regard tandis que le reste de la tablé retenait sa respiration, prêt à bondir sur le Dieu de la guerre si jamais l'envie lui prenait d'écrabouiller la tête du samouraï.
« Elden Ring est un jeu novateur sur bien des points, se justifia-t-il après quelques secondes. Il a réinventé le monde ouvert ; dès sa sortie, les joueurs ont affirmés qu'il serait jeu de l'année. Il a des défauts, tout comme toi, mais il a eu le temps de marquer les joueurs en profondeurs. Toi, tu n'a eu que deux semaines pour convaincre, et ton deuxième jeu n'est qu'une version réchauffée du premier. »
Le visage de Kratos se crispa tant que les veines de son crâne chauve manquèrent de s'éjecter de son corps tant elles étaient enflées. Ses poings étaient si serrés que l'on entendait ses articulations craquer.
« Mais ce n'est pas pour ça que ton jeu est mauvais, repris Jin. Au contraire, il est même mémorable. Il me semble inconcevable aujourd'hui d'avoir une PlayStation sans jouer à God of War, et à la fin du premier, seule la suite nous importe. Le fait que ton jeu soit une suite n'a pas joué en ta faveur. Mais ce n'est pas parce que tu n'est pas GOTY que Ragnarök s'en retrouve moins mémorable.
— Ce que tente de te dire Jin, repris Nate, bien maladroitement, c'est un fait, et ce qu'on essaye TOUS de te dire, c'est que c'est pas grave. Ton jeu est bon. Très bon, même. Et les gens s'en souviendront, c'est certain. Comme on se souvient de mes jeux, de ceux d'Ellie, de Peter, d'Alloy, de Ratchet, de Jin... et d'absolument tout le monde en fait.
— On t'oubliera pas, grand père, lança Ellie.
— Je confirme, affirma Peter. On s'ennuierait un peu sans toi. »
Des bruits robotiques se firent entendre tandis que les convives rassuraient Kratos. Un petit robot grimpa sur la table et s'approcha du dieu de la guerre en esquivant plats et assiettes. Il regarda le géant dans le blanc des yeux, avant de les plisser en un sourire invisible. Il posa sa petite main métallique sur le poing serré de Kratos.
« Astro aura finalement eu le mot de la fin ! »
Nate se leva, un verre à la main, imité par le reste de la tablé.
« A Kratos, à PlayStation, et à nos prochains trophées !
— A Kratos ! répétèrent les convives, d'une même voix.
— Maintenant, termina Nate, je pense que tu peux terminer de couper la dinde, Ratchet.
— Avec plaisir ! Lança le Lombax. »
