Chapitre 1

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Le soleil se levait doucement sur la petite bourgade de Sainte-Agnès, illuminant les ruelles endormies et réchauffant les façades des maisons en pierre. Les premiers rayons caressaient les volets clos d'une petite boulangerie, annonçant une nouvelle journée de travail pour Jules, le boulanger du village. Depuis la mort de son père, il avait repris l'affaire familiale et s'efforçait de maintenir la renommée de la boulangerie.

Jules était un homme taciturne, la quarantaine bien entamée, mais son visage marqué par les épreuves de la vie ne reflétait en rien sa nature passionnée pour la pâtisserie. Son travail était sa raison de vivre, son refuge face aux déceptions et aux tristesses qui l'avaient frappé tout au long de sa vie. Il avait trouvé dans les saveurs sucrées et les douceurs croustillantes une échappatoire à ses tourments intérieurs.

Dans l'arrière-boutique, Jules s'affairait à pétrir la pâte, à surveiller la cuisson des viennoiseries, à préparer les tartes aux fruits qui feraient le bonheur des habitants de Sainte-Agnès. Cependant, malgré son savoir-faire et sa passion débordante, il peinait à attirer une clientèle plus jeune et à se faire une place dans un monde où les boulangeries industrielles dominaient.

Un matin, alors qu'il disposait les pains fraîchement sortis du four dans l'étalage, une voix douce l'interrompit dans sa routine. « Bonjour monsieur, puis-je vous poser une question ? » Jules leva les yeux et découvrit une jeune femme, les cheveux d'un blond éclatant et les yeux d'un bleu profond, qui le regardait avec curiosité.

« Oui, bien sûr, mademoiselle. Que puis-je faire pour vous ? », répondit-il, esquissant un sourire timide.

« Je m'appelle Claire, et je suis journaliste pour un magazine gastronomique. J'ai entendu parler de votre boulangerie et de votre passion pour la pâtisserie. J'aimerais beaucoup écrire un article sur vous et votre travail. Seriez-vous d'accord pour une entrevue ? »

Jules, surpris et honoré, accepta avec enthousiasme. Il n'avait jamais pensé que son travail puisse susciter l'intérêt de quelqu'un au-delà des habitants de Sainte-Agnès. Claire passa plusieurs heures avec lui, le questionnant sur son parcours, sa technique, ses créations.

Au fil de l'entrevue, une complicité se forma entre eux. Claire était fascinée par la passion et la détermination de Jules, et ce dernier se sentait revivre grâce à l'attention qu'on lui portait enfin. La journée prit fin et Claire promit de lui envoyer une copie de l'article avant publication.

Les jours passèrent et l'attente de Jules se fit de plus en plus insupportable. Chaque matin, il vérifiait fébrilement sa boîte aux lettres, espérant y trouver la lettre de Claire. Mais les jours se transformèrent en semaines, et aucune nouvelle ne vint.

Le cœur lourd, Jules décida de se rendre à la rédaction du magazine pour en savoir plus. Une fois sur place, il apprit que Claire avait démissionné quelques jours après leur rencontre, abandonnant ses projets d'articles pour une vie d'aventures à l'étranger.

Le monde de Jules s'effondra. Il se sentit trahi et abandonné, comme si toute l'attention qu'on lui avait portée n'était qu'une illusion éphémère. Sa passion pour la boulangerie se mua en amertume, et il se demanda si cela valait encore la peine de continuer.

Mais, malgré sa déception, une étincelle persistait en lui. La flamme de sa passion refusa de s'éteindre complètement. Jules se souvint des mots de son père : « Dans la vie, mon fils, il y aura des hauts et des bas. Mais ce qui compte, c'est d'avoir le courage de se relever et de continuer à avancer. »

Alors, Jules rouvrit sa boulangerie avec une nouvelle détermination. Il décida de se réinventer, de créer des pâtisseries uniques, d'allier traditions et modernité pour conquérir les palais des gourmets exigeants de notre époque.

Le boulangerWhere stories live. Discover now