Préambule

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                           Alors que la population mondiale ne faisait qu'augmenter d'années en années, le gouvernement s'inquiétait de savoir si les ressources que pouvait offrir la planète allaient être suffisantes. Cette croissance démographique fulgurante était le résultat des avancées scientifiques concernant la survie de l'espèce humaine à toute sorte de maladies. On pouvait guérir du cancer en ingurgitant une simple pilule, où se faire greffer toute sorte d'organe bionique. Un homme s'était même fait greffer un cœur et un rein dans la même journée. La médecine était de plus en plus liée à l'intelligence artificielle et aux nanotechnologies. On avait espoir qu'un jour on soit assez performants pour ne plus jamais expérimenter la mort. Ainsi, ces nouvelles technologies au service de la science donnaient naissance à un nouveau contrôle, qu'on n'avait jusque là jamais exploré : un contrôle génétique au service de la mort et de la vie. Si cela pouvait sembler effrayant au début, les scientifiques arrivaient petit à petit à maîtriser ces expériences encore nouvelles, pour n'en faire qu'un banal contrôle de routine. En une dizaine d'années, vous pouviez vous rendre à l'hôpital pour un arrêt cardiaque et repartir en ambulatoire avec votre nouveau cœur flambant neuf.

Nous avions les moyens de ne plus mourir, ou du moins de retarder la rencontre avec la faucheuse le plus longtemps possible, mais à quel prix ? On tombait malade et on ne mourrait pas, on sautait du toit d'un immeuble mais on ne mourrait pas, on ne faisait que naître, grandir et vieillir indéfiniment. Peut-être est-ce la un véritable rêve éveillé ? En attendant, de plus en plus d'humains nécessitaient de plus en plus de nourriture, de logement, de travail, d'argent... Et oui, nous y revoilà. Les ressources, l'argent, un problème majeur pour cette société grandissante. Après des années de famines, plusieurs réunions avec les scientifiques furent mises en place. Elles donnèrent finalement lieu à  un tout nouveau système de contrôle des naissances, qui avait pour but de sauver l'humanité d'un destin funeste. Les médecins et les chercheurs se mirent donc à développer ce programme, délaissant peu à peu la lutte contre la mort. Alors on mourrait, de maladie ou de faim, les temps médiévaux ne semblaient plus si lointains. 

Les décennies passèrent, et le système s'ancrait dans la société. Les familles les plus riches avaient la chance de l'expérimenter, tandis que les plus pauvres faisaient tout ce qui était en leur pouvoir pour subsister à l'hiver et au manque de nourriture. On installait donc les participants dans un nouveau quartier, on leur offrait un nouveau logement, une nouvelle vie. Chaque adulte se rendait au Comptoir des Métiers et choisissait son nouveau métier pour le reste de sa vie. C'était le prix à payer pour profiter de l'abondance et du plaisir.  Avec cette expérience, on signait également un contrat qui nous obligeait à tirer un trait sur notre ancienne vie, à nos anciennes connaissances, à notre famille.  Ainsi, les enfants participants au programme étaient séparés de leurs parents et entraient à l'Ecole des Métiers dès leur plus jeune âge et expérimentaient chaque métier proposé. En plus de cela, il était prévu que tous les élèves aient un enseignement transversal concernant l'éducation civique et sociétale, afin que les générations futures intègrent des valeurs communes et perpétuent le programme. Chaque enfant, lors de son test de rentrée à l'Ecole des Métiers au lendemain de ses 6 ans, était placé dans une famille d'accueil adapté aux résultats de son test psychologique. Puis on mit en place le système de naissance planifiée pour encore plus réguler la croissance démographique. Les enfants naissaient sous assistance médicale, et grandissaient jusqu'à leurs 8 ans dans des Instituts de Petite Enfance, puis se voyaient, à l'issue de leur test, attribués une famille et un statut social.

Un jour, alors que l'expérience avait envahie les villes et prenait de l'ampleur, des Dissidents tentèrent d'y mettre un terme, considérant que le programme nuisaient aux droits humains et qu'il était fondé sur une injustice. Certains d'entre eux avaient réussi à infiltrer le Box de Contrôle et créèrent un bug dans le système. Les naissances furent, l'espace d'une seconde, programmées vers on ne sait quelle famille et quel endroit. Cet événement ne fut qu'une légère égratignure pour l'expérience, mais tous les Dissidents furent exécutés. Les enfants promis à naître ne furent pas tous effacés, et certains eurent la chance de quand même pouvoir exister.


"Bienvenue chez toi Léore, nous allons t'offrir la plus belle vie qui soit ici,  nous te le promettons."

Entre deux universOù les histoires vivent. Découvrez maintenant