scène deux, la première brûlure

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nancy, été 86

tandis qu'aznavour résonne
dans le restau depuis la radio,
léo pose ses mains fermes
sur le creux de mes hanches
et m'embrasse.

je ne me souviens
plus pourquoi nous avions
commencer à danser,
tout ce que je sais,
c'est qu'elle vient de partir;
cette femme qui s'était perdue
dans mon regard depuis la table,
elle s'est enfuie.

et me voilà à sa poursuite,
dans ma robe de satin jaune,
mes talons à la main,
courant pieds nus sur le macadam.

au loin, je la vois qui s'arrête.
qui se retourne.
qui m'observe.

j'aurais dû me sentir gênée
de l'avoir suivie ainsi.
je l'étais, gênée.
mais elle souriait si fort
que j'en oubliai tout le reste.

il n'y avait plus qu'elle désormais.

*

tu es si belle, me disait-elle
alors que je venais de me réveiller,
m'enroulant dans les draps froids
de la chambre d'hôtel.

plus tard, elle irai m'acheter des fleurs
et m'emmènerait dans une librairie
pour me montrer tous ses livres préférés.
j'étais obnubilée par sa personne,
je ne pouvais arrêter de la regarder,
de contempler chaque traits de son visage
parfaitement dessiné.
comme par un aimant, j'étais attirée.

moi, nancy, j'aimais noa.

et lorsque la lune s'en allait,
nous allions sur la plage,
s'abandonnant l'une à l'autre,
le son des vagues se jetant sur la côte.

mon cœur brûlait d'amour,
il prenait feu.

sunburnWhere stories live. Discover now