cauchemars

Lucie

Lucie a 8 ans. C'est une petite fille comme les autres. Elle aime rire, jouer à la poupée, s'amuser avec ses copines... Enfin, avant...En réalité, depuis 2 ans, Lucie n'est plus  vraiment une petite fille ordinaire. Elle a eu un bête accident, une vilaine chute qui l'a plongé dans un long coma. Et quand on est dans le coma la seule chose que l'on peut encore faire, c'est rêver....

Lucie joue dans une véranda avec un petit chien noir. Elle l'appelle Milo. Elle lui jette une balle qu'il court, à chaque fois, chercher en remuant sa queue touffue. Son dernier lancé est fort, très fort et la balle va rebondir sur le mur.

La véranda est situé à l'arrière d'une cuisine et quand la balle frappe le mur, un morceau casse et tombe. Le trou qui se trouve maintenant à la place de la brique ne dévoile pas l'intérieur de la cuisine mais un paysage sombre et inquiétant.

Gagnée par la curiosité, Lucie s'en approche pour voir de plus près de quoi il s'agit. Brusquement, la tête et les épaules d'un géant de pierre apparaissent dans cette étrange fenêtre comme si, lui aussi, était intrigué. Le géant affiche, sur son visage dur de pierre, toute la mauvaise humeur et l'agressivité d'un monstre que l'on dérange.

Lucie est terrifiée quand elle le voit alors traverser le passage. Il s'agrippe de ses mains trapus aux rebords avant d'enjamber le reste pour faire passer ses larges épaules et son corps énorme, de sorte qu'il se retrouve face à Lucie terrorisée. Elle fait d'abord quelques pas en arrière sans pouvoir le quitter des yeux mais, en voyant son air mauvais et menaçant, elle se met très vite à courir vers le jardin en espérant y trouver une cachette.

D'un pas lourd, lent mais de géant, le monstre commence à la prendre en chasse. Lucie ne court pas très vite mais sa taille menue lui permet de se faufiler facilement parmi les arbustes qui ornent le jardin. Le monstre, lui, est ralentit par son énorme corps rocheux. Mais ses grandes enjambées lui donne malgré tout l'avantage sur elle et il fini par la rattraper.

Après avoir traversé la pelouse, Lucie se glisse dans la cours du poulailler mais elle s'y retrouve piégée par le grillage qui l'entoure.

Dans un acte désespéré, elle tente de gravir le grillage pour gagner le jardin du voisin mais le monstre de pierre se trouve déjà derrière elle. Il la saisi par le col de son pull et la jette violemment sur le sol. Sous la violence du choc, Lucie s'évanouie.

Quand elle se réveille, plus tard, le monstre de pierre semble avoir disparu mais elle n'est plus dans le jardin. Elle se trouve maintenant dans un lieu inconnu et sombre. Elle a peur mais n'arrive pas à crier. Elle essaye de se mettre à courir mais ses mouvements sont entravés par une force invisible.

Tout ce qu'elle parvient à faire c'est marcher dans l'obscurité.

" Est-ce que je suis toujours dans un rêve ? Mais pourquoi je n'arrive pas à me réveiller." se demande t-elle alors.

Parfois, elle croit voir un point de lumière au loin et de cette petite lumière il lui semble entendre chanter. Une voix de femme douce et chaleureuse. Mais chaque fois qu'elle se sent un peu rassurer et qu'elle tente de s'en approcher, elle entend à nouveau les bruits de pas lourds du géant de pierre qui se rapproche et sa grosse voix effrayante qui l'a force à se maintenir dans le noir pour rester cacher.

Néanmoins, elle continue d'avancer, elle ne sait pas quoi faire d'autre et espère mettre de la distance entre elle et son tyran. Peut-être même qu'il finira par abandonner.

Lucie fini par rencontrer une vieille femme vêtue de noir, assise sur un tronc d'arbre à côté d'un grand chien, le même que possédait sa grand-mère il y a longtemps. Elle se souvient qu'elle aimait bien ce chien.

Il fait toujours noir autour d'elle. La vieille dame lui parle sans se lever ni se retourner. Sa voix est douce et lui est étrangement très familière. Mais il y a quelque chose d'étrange. La vieille dame est là, près d'elle mais sa voix lui semble pourtant comme lointaine et murmurée.

"Tu n'as rien à faire ici, rentre chez toi"

"Mais je ne sais pas comment faire !"

Comme Lucie aimerait pouvoir rentrer auprès de ses parents. C'est alors qu'elle se met à penser à eux et les larmes lui montent aux yeux. Ils lui manquent terriblement et ils doivent surement être morts d'inquiétude.

Soudain, la vieille dame et son chien disparaissent. Ne reste que le tronc d'arbre couché. Lucie s'en approche et voit quelque chose de brillant dans le creux de l'arbre mort.

Elle y plonge la main au fond pour tenter d'attraper ce qu'elle vient d'y voir mais brusquement elle se trouve aspiré à l'intérieur. Et elle tombe, tombe....Sa chute est longue et lente.

Pendant sa descente vers elle ignore où, Lucie entend à nouveau cette voix familière, douce, chaleureuse, apaisante. Elle ferme les yeux pour se laisser bercer par elle et fini par oublier sa peur. Toutes ses peurs. Elle est sereine. Celle du monstre de pierre est toujours là aussi mais de plus en plus ténue devenant presque inaudible.

Quand elle rouvre enfin les yeux, Lucie ne tombe plus. Une lumière l'éblouie. En réalité, elle baigne dans la lumière. Elle sent une chaleur sur sa main et il lui faut attendre que ses yeux s'habituent à la clarté pour voir où elle se trouve et d'où vient cette chaleur si agréable.

Lucie est allongée dans un lit d'hôpital entourée de ses parents, sa mère lui tient la main et lui parle doucement de sa voix chaude. Un couple d'amis est aussi présents.

Cette voix si réconfortante, qui l'avait suivi durant son long sommeil et guidé jusqu'au réveil, n'était autre que celle de sa mère. Elle la veillait depuis son premier jour d'hospitalisation. Deux ans déjà que Lucie était plongée dans ce profond coma après un accident domestique.

Une autre voix, bien moins rassurante cette fois, résonna et la fit frémir. En l'entendant, elle frisonne et son esprit de petit fille, qui avait fini par grandir trop vite dans la peur, rassemble alors les morceaux éparpillés de sa mémoire et comprend les raison de sa présence dans ce lit d'hôpital.

Cette voix, c'est celle de l'ami de Papa. Cet homme, au paraître si gentil, c'est lui l'horrible homme de pierre qui l'avait entrainé dans ce monde de cauchemars l'ayant retenu prisonnière deux longues années.

A mesure que les minutes passent, ses souvenirs lui reviennent. Elle se rappelle le soir où ses parents l'avaient confié à la garde de cet ami de longue date parce qu'ils devaient travailler le week-end. Elle se souvient comment son visage si souriant s'était soudain transformé quand elle avait accidentellement cassé un plat dans la cuisine. Combien il l'avait effrayé et comment elle avait tenté de lui échapper en s'enfuyant dans le jardin. Mais il avait fini par la rattraper pour lui faire mal, ce mal qui l'avait plongé dans le coma.

Et c'est SA voix qui l'avait maintenu prisonnière de ses cauchemars chaque fois qu'il lui avait rendu visite pour s'assurer que son secret était toujours bien gardé. Mais la voix de Maman la sauvait toujours et, au final, ce fût elle la plus forte.

Maintenant entourée de ses deux parents, Lucie n'a plus peur de son bourreau. Elle se sent à nouveau en sécurité et, avec le peu de force qu'elle a, avec la faible voix qu'elle possède, elle veut faire savoir ce qu'il lui a fait. Lucie pointe son tout petit doigt vers son bourreau et le dénonce.

                                                                                 "C'est lui !"