Chapitre 17 Luisa 2/2

Start from the beginning
                                    

Il réfléchit avec sa main droite enfouie dans sa tignasse en désordre, ce qui le rend plus mignon encore.

Arrête avec ça ! me souffle ma conscience.

Alors qu'aucune réponse ne lui vient, je conclu prestement :

— Vous voyez ? J'ai entièrement raison, vous êtes un abruti !

— Ce n'est pas vrai ! Et je vous le prouve tout de suite.

Il s'agenouille près de sa mère, avant de lui murmurer à l'oreille de tous :

— Maman, veux-tu aller au Fado ce soir ?

Elle ne répond rien, elle reste avec les lèvres scellées.

— Si tu veux sortir avec elles, je viens avec toi, complète son imbécile de fils avec un sourire narquois.

Il ne peut pas aller voir ailleurs si j'y suis ? Il se prend pour qui ?

— Non ! je m'emporte malgré moi. Elle n'a pas besoin d'un chaperon !

Mais je vois dans le regard de Maria cette petite lueur, celle qui me confirme qu'elle désire que son fils l'accompagne. Je ne sais pas pourquoi ? Mais je pense que son garçon lui manque, même s'ils se côtoient tous les jours. Ils ne doivent pas avoir de réelles conversations, une véritable relation, et quand je prononce ces mots fatals pour moi :

— Entendu ! Vous pouvez accompagner votre maman.

Le visage de Maria s'illumine d'un coup, et je comprends que j'avais complètement raison. Elle veut partager autre chose que cette pâtisserie avec lui : la complicité entre une mère et son enfant. Je ne la comprends que trop bien.

— Mais vous venez seulement en tant que chevalier servant pour votre mère, avertis-je son gamin de trente ans.

Je donnerais tout ce que j'ai pour revivre des instants pareils auprès de ma chère maman adorée. C'est fou ce que ça peut me manquer. J'ai repoussé tellement de fois ces moments précieux avec mes parents lorsqu'ils étaient encore parmi nous, mais aujourd'hui je ne ferai plus la même erreur.

Pourquoi ne voyons nous l'essentiel et l'importance des choses uniquement lorsque nous les perdons ?

— J'ai le droit de profiter de la soirée tout de même, insiste Fabio avec son regard ténébreux et charmeur envers ma personne, tout en se remettant sur ses longues jambes bien musclées.

Il croit avoir remporté la bataille, et c'est sûrement vrai. Je refuse d'être un frein au bonheur de Maria, elle m'a accueillie avec bienveillance et amour. Elle mérite d'être heureuse, au moins le temps d'une soirée. Mais s'il pense que j'ai baissé les bras, il a tort. Je devrais sûrement le prévenir qu'il est loin d'avoir gagné la guerre. Cependant, je n'en fais rien. J'attaquerais quand il s'attendra le moins. Je n'ai pas encore dit mon dernier mot.

— Oui ! Mais vous ne mettez personne mal à l'aise ! intervient subitement la plus jeune de nous trois qui était restée silencieuse pendant toute la discussion.

— Waouh ! Je vois, toutes les femmes ici présentes pensent que je suis quoi ? Un mec sans cervelle, un crétin, un salopard,.... Et quoi d'autre ?

— Un sex-symbol ! prononce Carla si naturellement.

Je reste ébahie et Fabio également, il ne s'attendait pas du tout à ça, tout comme moi. Comment a-t-elle pu sortir une chose pareille ? C'est vrai, il est l'homme le plus viril, le plus séduisant, le plus beau qu'il m'a été de rencontrer, mais au grand jamais, je n'aurais dit une telle chose de lui. Non jamais ! En tout cas, pas devant lui. Cela ne ferait qu'augmenter son estime, déjà qu'elle atteint son paroxysme. Quelle idiotie !

Carla vient de se rendre compte de ce qu'elle a dit et devient rouge de honte.

— Sex-symbol ? J'en doute, mais un odieux personnage, ça oui ! essayé-je tant bien que mal de faire redescendre le climat de gêne qui s'est installé autour de nous.

— Moi, je préfère sex-symbol. Carla est mon amie, pas comme vous, s'énerve t-il contre moi.

Bien évidemment qu'il n'allait pas lâcher l'affaire aussi facilement. Monsieur aime qu'on le complimente. Je ne suis pas la personne pour ça. Il n'est pas prêt à entendre de ma bouche ce n'est-ce qu'un petit éloge.

— A qui la faute ?

— La votre ! insiste t-il.

— Oui bien sûr, c'est monsieur qui a toujours raison, ironisé-je.

— Oui ! Vous pouvez en être sûr.

— Ah ah ah... je suis morte de rire par tant d'âneries. Ah ! Et pour ce soir, pas de pari stupide, on fait une trêve ? Votre mère et Carla n'ont pas à nous supporter.

— Ok, mais rien que pour ce soir ! stipule t-il en me faisant un clin d'œil.

Je lui arracherais bien les yeux et son merveilleux sourire de malheur.

Il ne ressent aucun malaise à se comporter comme un goujat. Il embrasse sa mère sur la tête avant de nous saluer, Carla et moi. Puis il retourne dans sa cuisine, me laissant une vue imprenable sur son derrière.

Je pense qu'il le fait exprès. Salopard !

Décidément, il n'a pas mieux à faire que de me torturer. Grrrrrrrr...

Après avoir bu un café, je quitte la boutique, pas sans aucune appréhension. Je ne cesse de me demander, si j'ai bien fait d'accepter la présence de Fabio à notre soirée entre filles ? J'ai la sensation que je vais le regretter.

Quoi qu'il en soit je ne peux pas revenir en arrière. Et en plus, je ne me verrais pas remettre en question le sourire de Maria. Lorsque je me remémore son visage lorsque son fils lui a proposé de l'accompagner, ça me fait chaud au cœur. Et rien que pour cela, ça vaut la peine d'essayer. Au moins, l'une d'entre nous trois, aura la chance de passer un bon moment ce soir. Et ce n'est pas grave, si ce n'est pas moi.

J'espère juste qu'il ne va pas se comporter comme un rustre, Maria mérite de passer une bonne soirée. 







Publié le dimanche 30 juillet 2023

Ce rendez-vous qui devait se faire entre filles, s'annonce plus tumultueux qu'il n'en parait. Qu'en pensez vous ? 

On se retrouve la semaine prochaine, avec comme perspective, l'univers du Fado. J'espère vous faire plonger dans ce monde merveilleux. 

A la semaine prochaine ! 

L'appart du Troisième (nouvelle version)Where stories live. Discover now