Chapitre 15 Luisa 3/3

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La discussion se stoppe lorsque le serveur s'approche de nous, pour nous déposer nos boissons chaudes sur la table. Inutile de colporter des ragots, je suis persuadée qu'ils vont bon train dans ce quartier. Alors qu'il s'éloigne, la conversation peut reprendre.

— Pourquoi ? Pourquoi se comporte t-il ainsi avec nous ? Avec ceux qui habitent au-dessus de lui ?

— Car tout comme toi, il a énormément souffert, mais à l'inverse de toi, il s'est renfermé et en veut à la terre entière.

Bon ok, il a subi de dures épreuves. Quoi ? Je l'ignore encore. Mais je n'y suis pour rien dans son malheur. Je ne sais même pas ce qui s'est passé. Pourquoi s'acharne t-il sur moi alors ? Nul ne justifie son comportement plus qu'abrupte envers les gens. Non rien ! Il n'a pas d'excuse !

— Et ça lui donne le droit de traiter les personnes, comme de la merde ? me rebellé-je. Pardon ! Je me suis emportée.

— Non, bien sûr que non ! Mais laisse lui le temps de s'habituer à toi.

— Je n'ai pas de temps. Il veut que je déguerpisse le plancher avant la fin du mois.

— Mais tu ne vas pas lui donner satisfaction ? Non, pas toi ?

— Je vais me battre, mais pour ça, il faut que vous me disiez ce que vous savez sur lui ?

Avo semble tout d'un coup gêné, mal à l'aise. Est-ce un secret d'état ? Fabio aurait-il travaillé pour les services secrets ? Non ! C'est absurde ! Cet homme ne peut pas avoir été un agent du gouvernement ? Il n'en a pas l'aspect, du moins je ne le pense pas.

Je crois qu'il fait peur à tout le monde, voilà ma théorie. Les gens le craignent tout simplement. Il a dû les menacer, mais de quoi ? Monsieur Monteiro doit se prendre pour le tout puissant du quartier, tout le monde le vénère.

Qu'est-ce que je raconte ? Je m'invente des films maintenant. Nous ne sommes pas au cinéma, où la mafia fait sa loi, où un seul homme dirige tout, non ! Nous sommes dans la vraie vie, ça doit être moins spectaculaire que ça. Mais pourquoi un tel engouement pour le secret alors ?

— Luisa ! Comment te dire... Fabio était un gentil gamin et un jeune homme très attachant, mais certains événements ont fait de lui la personne qu'il est aujourd'hui.

— Quels événements ?

— Des pertes. Tout comme toi, il a perdu des gens qu'il aimait de tout son cœur.

Comment ça, tout comme moi ? Que sait Avo de mon passé ?

Vous allez voir que toute ma vie a été relatée dans le quartier, mais par qui ? Personne n'est censé me connaître...

Mais bien évidemment que personne ne me connaît. C'est la raison pour laquelle je me suis installée ici, avoir la paix, être loin de tout. Je me fais encore des films. Qu'est-ce que je vais encore imaginer ?

Il a tout bêtement déduis que j'avais perdu quelqu'un l'autre jour quand il m'a vu pleurer. Je dois vraiment arrêter d'inventer des trucs tordus.

Je reviens sur terre et interroge Avo :

— Son père ?

Maria ne m'a jamais parlé de son mari et je ne l'ai jamais vu en compagnie d'un homme. Donc, par conséquent, je ne vois que cette possibilité. Mais je peux me tromper. Elle peut simplement être une femme divorcée ou mère célibataire ?

— Pas que, me répond le vieux monsieur, après un laps de temps qui m'a semblé être une éternité, avec un air triste.

Alors il a subi plusieurs pertes ? On aurait plus de points communs que je ne pourrais le penser...

L'appart du Troisième (nouvelle version)Where stories live. Discover now