L'honneur D'une Femme

Chapitre 3

Nora

Je m'éveille doucement, étirant mon corps avec langueur, mais l'idée d'ouvrir les yeux ne m'enchante guère. Je ressens comme si j'étais sur un nuage. Mais, je parviens finalement à entrevoir mes paupières. Mes iris sont aussitôt agressés par les rayons de soleil qui filtrent à travers la vitre, pénétrant violemment dans ma conscience.

Je prends quelques instants pour réaliser que je ne me trouve pas dans ma propre chambre. Mon cœur s'emballe soudainement, une seule pensée me hante, Blue.

Mon regard balaie la pièce avant de se poser sur cet homme. Il tient Blue dans ses bras, et elle semble si heureuse, jouant avec sa barbe.

Je me lève rapidement du lit, ressentant une vive douleur à la tête, et je chancelle légèrement. Malgré cette sensation lancinante, je me dirige résolument vers mon bébé. Je refuse catégoriquement qu'elle reste en sa présence.

-Doucement, dit-il en me voyant me précipiter vers lui.

Je récupère Blue avec empressement. Dès qu'elle m'aperçoit, elle tend ses petits bras vers moi, poussant des cris de joie. Un sentiment de soulagement m'enveloppe tandis qu'elle se blottit dans mes bras protecteurs. Je l'inspecte minutieusement, cherchant le moindre signe de blessure.

-Je ne suis pas un monstre, jamais je ne ferais du mal à un enfant, déclare-t-il d'une voix rauque teintée de colère.

Une fureur intense m'envahit dès que j'entends sa voix résonner. Une colère brûlante monte en moi, m'incitant à m'approcher de lui d'un pas déterminé.

-Vous ! Hurlai-je, pointant mon doigt accusateur vers lui. Vous n'avez vraiment aucune honte !? Vous vous permettez de venir chez moi, pour essayer de me ramener de force dans ce foutu pays ! Et en plus, vous osez prendre MA fille dans vos bras ! Vous êtes complètement fou ou quoi !?

Son regard se fige, et il semble agacé par la manière dont je lui parle.

-Nora, vous commencez vraiment à m'exaspérer. Modérez votre ton avec moi, avant que je ne perde patience, me menace-t-il d'une voix ferme. Ne prétendez jamais que je pourrais faire du mal à un enfant !

Pendant un court instant, la peur m'envahit. Je réalise que nous sommes dans son pays, et qu'il pourrait se permettre n'importe quoi maintenant. Mais je refuse de lui montrer ma peur.

-Et je vous préviens, vous ne toucherez plus jamais ma fille ! Ramenez-moi chez moi ! Déclare-je d'une voix que j'essaie de rendre ferme, malgré la peur qui m'habite.

Je reconnais les paysages à travers la fenêtre. Je pourrais le reconnaître entre mille autres paysage. Nous sommes à Karjan.

Son visage se crispe d'énervement, et je le vois se lever en s'approchant de moi. Plus il se rapproche, plus je recule, jusqu'à ce que mon dos rencontre le mur derrière moi.

Cette scène et la même que ce qui s'est passé quand il était chez moi à Seattle.

-Je. Ne. Toucherais. Pas. Un. Seul. Cheveu. D'un. Enfant, déclare-t-il, disséquant chaque mot avec une intensité qui m'oblige à prendre conscience de leur poids.

Ses paroles résonnent dans ma tête, chaque syllabe prononcée avec une telle précision que je peux presque sentir les mots s'enfoncer dans ma mémoire, comme des éclats de verre dans ma chair.

Je rassemble mon courage et murmure doucement :

-Laissez-moi rentrer chez moi, s'il vous plaît.