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???: Alors tout le monde s'est éparpillé un peu partout ?
Barbara : en gros oui...
???: et Kondo-san, comment va-t-il ?

Barbara leva les yeux vers le jeune homme à ses côtés. Soji Okita lui paraissait plus amaigri et pâle que jamais. Les cernes sous ses yeux trahissaient sa fatigue et sa difficulté à respirer se faisait de plus en plus ressentir. Le voir ainsi lui serrait douloureusement le cœur, elle qui l'avait connu avant que la maladie ne s'insinue dans son corps.


Barbara : Kondo-san...il...il va bien

La jeune fille se maudissait intérieurement. Elle avait honte de mentir ainsi à son âme-sœur, mais même en y mettant toute la bonne volonté du monde, elle savait qu'elle n'arriverait pas à lui dire que Kondo Isami, la personne que respectait le plus Soji, était mort deux mois plus tôt sans avoir eu accès au seppuku. Soji avait bien assez à faire avec sa lutte contre la maladie, pas la peine de rajouter d'autres mauvaises nouvelles.
Elle sortit de ses pensées en entendant Soji être pris d'une quinte de toux violente. Elle se rapprocha rapidement du futon et frotta doucement son dos, sentant sa colonne vertébrale au travers de son kimono beaucoup trop grand pour lui à l'heure actuelle.
Quand la quinte de toux cessa, Soji prit la parole en essuyant sa main couverte de son propre sang



Soji : je suis désolé Barbara...de t'offrir un spectacle si pathétique
Barbara : ne dit pas de sottises ! Tu n'as pas à t'excuser pour quelque chose que tu ne contrôle pas.

La jeune fille prit doucement la main de Soji dans la sienne. Un pressentiment venait de lui sauter à la gorge et en ces temps trouble où la mort se trouve à tous les coins de rues, il y a peu de pressentiments joyeux


Barbara : Soji...
Soji : oui ?
Barbara : Je ne te connais pas autant que Kondo-san, Hijikata-san ou même tout autre membre du Shinsengumi, mais je te connais assez pour savoir que tu veux me dire quelque chose et que tu n'ose pas te lancer...ou que tu ne trouve pas les mots pour te lancer

Un faible sourire étira les lèvres du jeune samouraï


Soji : je dirais plutôt que tu me connais presque aussi bien que Kondo-san. Oui, c'est vrai, j'ai quelque chose à te dire mais je ne sais pas par où commencer
Barbara : par le début ?

Soji laissa échapper un petit rire qui e transforma rapidement en quinte de toux. Après ce qui sembla, de nouveau, être une éternité à Barbara, Soji reprit :


Soji : peux-tu me rendre un service ?
Barbara : ce que tu veux
Soji : peux-tu me servir d'oreiller ?

La jeune fille se contenta d'hocher doucement la tête. Elle poussa l'oreiller de Soji et s'y installa, puis elle posa délicatement la tête de Soji sur ses genoux sentant son pressentiment se noircir de plus en plus.


Soji : C'est plus confortable que les oreillers de ce vieux grincheux de Matsumoto
Barbara : ...Soji...je sais que ce que tu veux me dire n'est pas plaisant, mais fais-le
Soji : comment as-tu deviné ?
Barbara : à chaque fois que tu m'utilise comme oreiller c'est qu'il y a une mauvaise nouvelle qui suit. Rappelle-toi, la dernière fois c'était pour m'annoncer que tu avais la tuberculose...

Soji poussa un léger soupir


Soji : je sens que mon temps est compté...
Barbara : Ne dis pas ça ! tu dois continuer de lutter...
Soji : je suis épuisé Barbara. Ce qui reste de ma vie part doucement

Barbara savait qu'il n'y avait plus aucun espoir, elle s'était fait une raison, mais l'entendre lui transperça le cœur. Elle sentie la maigre main de Soji se poser sur sa joue et essuyer les larmes qui perlaient aux coins de ses yeux


Soji : Ne pleure pas, ma chère Barbara
Barbara : D-désolée...
Soji : j'aimerais que tu me fasses deux promesses.
Barbara : lesquelles ?
Soji : tu te souviens de cette petite rivière près de la caserne ?

Malgré la lourdeur de la situation, un petit rire s'échappa de la bouche de Barbara


Barbara : je ne risque pas de l'oublier. Tu t'étais tordu la cheville et était tombé dedans en m'entraînant au passage. Hijikata-san nous avait passé un beau savon. Mais pourquoi me parles-tu de ça ?
Soji : j'aimerais que tu y retourne, quand je serais parti, et que tu y enterre mes cendres

Barbara ne répondit pas tout de suite. Elle avait envie de lui dire qu'il leur restait du temps, mais elle savait bien que ces mots n'étaient que des illusions, des mensonges. Elle glissa une main dans celle de Soji et entrelaça ses doigts dans les siens.
elle lui répondit la gorge nouée



Barbara : je le ferais...Quelle est l'autre promesse que je dois honorer ?
Soji : Je pense que c'est un peu cliché, mais promets-moi de vivre ta vie à fond. Ne laisse pas ma mort te briser.

En entendant cette requête, Barbara ne put contenir ses larmes plus longtemps. Elle les laissa glisser librement le long de ses joues.


Barbara : tu...c'est...je...je n'arrive pas à me projeter sans toi, Soji...c'est trop dur...je n'y arriverais pas...

Elle sentie Soji lui donner une tape sur le bout du nez comme une chatte le fait à ses chatons pour les punir d'une bêtise qu'ils auraient commis


Soji : tu es plus forte que tu ne le crois, Barbara. Qui as tué Yoshida sans aide extérieure ?
Barbara : moi...mais ce n'était que de la force physique
Soji : je ne suis pas d'accord. Il y a une grande part de force physique mais il fallait aussi un grand esprit combatif pour achever un ennemi aussi redoutable que Yoshida. J'en reviens à ce que je disais, tu es plus forte que tu ne le pense alors ne laisse pas ma mort te briser et vis ta vie comme tu l'entends. Essaie juste de ne pas m'oublier
Barbara : jamais je ne pourrais t'oublier !

Un léger sourire se dessina sur les lèvres de Soji


Soji : ça réchauffe toujours le cœur d'entendre ça. Le temps qu'on as passé ensemble fut court, mais tu as été mon rayon de soleil dans ces temps sombres.
Barbara : tu as été le mien aussi Soji...je t'aime aujourd'hui et à jamais...
Soji : moi aussi je t'aime Barbara et je...t'attendrais devant les portes du Purgatoire pour que l'on soit réuni...pour l'éternité...

Les yeux de Soji se fermèrent alors qu'il poussait un dernier soupir.
Barbara resta un long moment avec le corps froid de Soji dans les bras, laissant sortir toute la douleur qu'elle ressentait, suppliant qu'on lui rende son amoureux ne serait-ce qu'un jour de plus. Mais elle finit par se résigner et accepter la dure vérité : elle venait de perdre la seule personne qui avait fait battre son cœur et avait illuminé sa vie entourée par les ténèbres.




One-Shot Peace Maker KuroganeWhere stories live. Discover now