Mon père

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Il y a longtemps que j'essayais de retrouver mon père ; je le cherchais mais sans résultat . Jusqu'au jour où j'ai entendu discuter 2 hommes au restaurant où je travaillais. Mon attention a été attirée par leur conversation : il était question de mon père. Je les connaissais un peu, car dans un restaurant où la cuisine est acceptable, les clients deviennent parfois familiers. J'attendis le meilleur moment et je m'approchai d'eux tout en m'excusant. Je leur demander simplement s'ils savaient où demeurait mon père. Ils m'ont regardée d'un air surpris en me demandant :

- Serais-tu la fille à Bruno T. , toi ?

- Oui, j'aimerais savoir il habite.

- Je crois qu'il demeure à l'arrière du magasin X. , dans un logement au sous-sol.

La journée s'étirait interminablement. Lorsque j'eus fini mon travail, je m'habillai en vitesse et sortis pour rejoindre mon père. C'était l'hiver et le vent glacial soufflait de toutes ses forces.
Arrivée à l'endroit désigné, je contournai cette bâtisse grise. Je frappai à la dernière porte. Je reconnus la voix de mon pere qui me disait d'entrer. Alors j'ouvris, et je le vis, ce père.

- Enfin je vous ai retrouvé !

Et je me jetai dans ses bras pour l'embrasser. Il pleurait en me disant:

- Je suis très heureux de te revoir, ma petite fille.

Puis nous nous sommes assis. Papa, dans sa chaise berceuse, baissa la tête et se croisa les bras. Silence. Malaise. Je jetai un coup d'œil autour de moi . Un univers pauvre et triste pour un homme faible et écrasé. Papa enchaîna :

- Moi aussi, je te cherche depuis déjà un bon bout de temps.

Cela me fit chaud au coeur, car j'avais un peu peur qu'il ne sois pas content de me revoir. D'une certaine manière, je me sentie aimée. L'après-midi passa à discuter de tout et de rien jusqu'au moment où je lui posai cette question, depuis toujours restée sans réponse :

- Papa, pourquoi maman ne m'a-t-elle pas aimée ?

Papa se tut quelques secondes ; il semblait réfléchir. Je crus qu'il n'avait pas compris ma question, alors je la lui posai à nouveau :

-Papa, dites moi pourquoi maman ne m'aimait pas?

Ce fut le silence. Rien ne semblait vouloir sortir de sa bouche. Il avait toujours la tête baissée. Alors j'insistai :

- Répondez, papa, c'est très important pour moi. Je me pose cette question depuis longtemps et je n'ai jamais été capable d'y trouver une réponse sensée. Vous qui avez vécu auprès d'elle plusieurs années, vous pourriez sûrement me répondre.

Il laissa passer un court instant, et enfin, d'un air coupable et malheureux, il me dit :

- pauvre petite fille, il faut que je te dise : ce n'est pas ma faute si je t'ai battue, c'est à cause de ta mère, elle me poussait à bout pour que je te batte. Ta mère a toujours répété à qui voulait l'entendre qu'elle ne t'avait jamais aimée et qu'elle te hairait pour le restant de ses jours.

Ces mots me firent très mal. J'avai le coeur serré, mais, il n'avait pas répondu à ma question ; il semblait embarrassé et désolé tout à la fois.

J'en avais assez entendu. Je ne voulais pas de ses remords, ni de sa faiblesse.

- Assez papa.

Il ajouta en pleurant :

- je sais qu'elle t'a toujours haïe, tu l'as sûrement constaté par toi même qu'elle ne t'a jamais aimée, elle ne pouvais même pas te sentir près d'elle.

Je me levai, bien décidée à partir de là :

- Vous allez m'excuser, papa, mais j'ai des choses à faire chez moi. Venez me voir quand le coeur vous en dira. Vous serez toujours le bienvenu.

- Oui Rebecca, comme tu veux, je te remercie.

Alors je m'habillai en hâte, car tout ce que je voulais, c'etais de sortir, d'être seule avec moi-même. Dehors je me suis mise à pleurer. Pourrais-je seulement oublier un jour ? Ne pourrais-je donc jamais trouver la paix ?

Je voulais désespérément comprend pourquoi ma mère m'avait tant haïe. J'étais la seconde ; peut être n'avait-elle pas eu envie d'un autre enfant si tôt . Pourtant il y avait 4 autres enfants après moi. Peut être ma naissance avait-elle été difficile ou douloureuse ? Alors pourquoi ne m'a-t-elle pas placée dans une famille ou simplement à l'orphelinat ? Pourquoi à-t-elle voulu que je devienne son esclave ? Elle me battait comme on bat un vilain chien, sans jamais un instant de pitié. Tant de fois, j'ai vu la haine dans ses yeux.

Ce soir-là, je réussis à m'endormir, bien résolue à revenir en arrière pour comprendre et peut être effacer cette enfance maudite .

Maltraitée pendant 16 ans .Where stories live. Discover now