Etrangère

Chapitre deuxième

Une alarme, forte, stridente, réveilla Alice en sursaut. Elle et les 5 autres filles qui partageaient sa chambre. Elle n'avait pas retenu tous les noms, mais ces dernières semblaient connaitre ce nom qui résonnait sans cesse dans ses oreilles depuis son arrivée, «Ann». Elle émergea lentement d'une nuit difficile, en baillant, s'étirant pendant quelques instants.

Les douches étaient communes, les places devant le miroir chères et la bonne humeur avait probablement raté son rendez-vous. De temps en temps, on lui esquissait un léger sourire fatigué, ou on la fixait d'un air intrigué. Étant arrivée au beau milieu d'un week end, elle pouvait se permettre de prendre son temps. Le petit déjeuner passé, elle s'esquiva doucement de la salle de réfectoire bruyante, jusqu'à l'extérieur du bâtiment. Même en étant nouvelle élève, elle n'avait pas eu le droit à l'indémodable tour du campus. C'est donc seule qu'elle trouva un petit havre de paix au milieu des conversations agitées et des sourires forcés. Elle s'assit sur un petit banc vert écaillé en bois mal poli, si mal fait que l'on pourrait facilement se couper. Elle regarda ce petit jardin japonais, observant le sable blanc sur lequel on avait dessiné avec précision, les petites pierres et les gros rochers, brillants, et bruts à la fois. Elle pouvait sentir un équilibre dans l'endroit, pas un équilibre ennuyeux, mais au contraire, un équilibre apaisant, reposant. Sur le devant, on voyait que quelqu'un avait visiblement cloué une planche de bois grossièrement entaillée, sur laquelle on pouvait difficilement distinguer les inscriptions:
«La liberté commence où l'ignorance finit. - Victor Hugo».
Elle secoua la tête, rigolant légèrement à cette citation surement écrite par un adolescent en rébellion contre le système éducatif. Elle s'approcha un peu plus près, et entre parenthèses, un autre auteur figurait sur la plaque, un écho lointain, «Ann».

~Je reprends l'histoire après plus d'un an, je suis désolée si ce chapitre est court, je ne voulais pas trop d'action, et j'avais moi même besoin de remettre les choses dans leur contexte après cette longue pause.