Elle a l'air apaisée, comme fière de me voir ici.

— Comment ça se passe ?

— Ça va.

— Plus sérieusement, Marin ?

— J'essaie de me faire à cette nouvelle vie, enfin cette courte vie puisque nous allons bientôt partir.

Son regard qui était alors pointé vers moi, se perd dans ma chambre.

— Et tu t'es fait des amis ?

— J'essaie, maman. Mais ils ne semblent pas être du même avis.

Elle soupire et semble plus déçue que moi de cela.

— Et avec Evane ?

Je lève les yeux au ciel. Bien sûr, il fallait qu'elle me parler de sa nouvelle meilleure amie. Des deux, je ne sais dire qui est la plus folle.

— Il n'y a pas « d'avec Evane », maman. Tu as bien vu comment c'était il y a une semaine.

— Je l'ai bien vu, oui. Mais j'ai aussi vu la manière dont vous vous regardez. Je me rappelle, avec ton père, c'était la même chose. On s'est d'abord détestés puis on vous a eu, Néo et toi. Jamais je n'aurais pensé que je ferais ma vie avec lui.

Et même si elle le déteste autant que moi, je lis dans ses yeux tout l'amour qu'elle lui apporté au cours des années. Il n'a jamais cessé de briller, cet imbécile.

— Ne parle pas de lui, m'emportais-je. Il ne mérite pas qu'on parle de lui.

— C'est ton père, que tu le veuilles ou non. Nous avons tous fait des erreurs. Les siennes étaient plus importantes que d'autres.

Comment peut-elle qualifier cet acte d'erreur ? Je l'aime, bien évidemment, jamais je ne pourrais dire le contraire. Mais je lui en veux aussi. Je lui en veux de ne pas avoir pu nous sauver, d'avoir tout fait pour que tout s'effondre. Aujourd'hui, plus rien n'est debout.

À part notre amour. À maman, Néo et moi. Nous sommes les seuls à s'être véritablement aimés dans cette famille.

— J'ai un rendez-vous. Je reviens dans deux heures. Tu gardes Néo ?

— Je pense qu'il est assez grand pour ça.

— Je le sais ça. Mais il aimerait que tu restes avec lui. Il a besoin de toi. Et tu as besoin de lui.

Je hoche la tête et lui embrasse la joue tandis qu'elle me caresse la mienne. Nos yeux restent en contact quelques secondes, juste le temps qu'il me fallait pour comprendre que ça ne va pas. Que parler de lui la secoue plus qu'elle ne veut le dire. C'était son mari, l'amour de sa vie, la personne présente pour elle depuis tant de temps.

Mais comme tout le monde, c'était un salaud. À l'état pur, sinon ça ne serait pas drôle.

Son manque se fait ressentir en moi, mais pas autant que la haine. Je lui en veux tout en l'aimant. Ce mélange me donne parfois des hauts le cœur. Peut-être que pour de vrai il nous aimait passionnément et que son amour l'a poussé à sa perte. C'est comme ça que finissent les amours toxiques, non ?

Parce qu'on le veuille ou non, toxiques, nous le sommes. Avec notre vie parfaite, notre joli petit bateau et notre famille qui va tout le temps bien. Ce n'était pas logique, il fallait que quelque chose aille de travers.

Le pas de côté a été fait. Il y a dix-huit ans et pendant dix-huit ans. Personne ne s'est aperçu de rien, pas même ma mère n'a su jamais quoi que ce soit.

Comme j'entends la télévision qui vient de s'allumer, je dévale les escaliers et pars m'allonger auprès de mon frère. Il pose sa tête sur mon ventre et me dit :

— Iron man ?

— Est-ce vraiment une question ? répondais-je, offusqué.

Il sourit et appui sur Play. Les deux prochaines heures passent plus vite qu'on ne le voudrait. On rit, commente et s'énerve – surtout moi. Ce film est notre préféré et de loin. Aucun n'a encore eu le courage de le surpasser, j'espère qu'ils ne l'auront jamais. Nous avons tous les deux grandis avec les Marvel, c'est une institution, comme la bible, dans notre famille. Chaque samedi, on en regardait un, avec le plus souvent du popcorn sur les genoux. Salés pour nos parents, sucrés pour tous les deux.

C'est de cette manière que nous finissons la journée, emmitouflés dans des couvertures avec des chocolats chauds et des biscuits préparés la veille.

Dehors, le vent souffle et je ne m'imagine nulle part ailleurs.

Quoi qu'on me propose, là, maintenant, que ce soit mieux ou non, je choisirais de rester là. Avec lui. Parce que c'est Néréo et moi contre le reste du monde, contre Hossegor entier et tout ce qui peut venir entraver l'amour que je porte à mon frère. Je n'ai pas besoin d'amis si je l'ai lui.

Sauf que lui, il en a besoin. Il a besoin de copains et de copines pour aller jouer dehors, pour leur apprendre des centaines de choses et pour les aimer.

que l'on soit clairs, iron man est un super-héros

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que l'on soit clairs, iron man est un super-héros. la première personne qui dit le contraire, on ne va pas s'entendre.

Let Somebody Go T.1Where stories live. Discover now