La fenêtre.

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Une chanson retentit dans la maison. Une trentaine de personnes danse et une seule est en retrait. Il s'agit d'un ado âgé qui semblait perdu au milieu de toutes ces personnes dont il n'en connait que guère la moitié. Il se lève et se dirige vers les escaliers. Il n'est même pas chez lui mais il a l'intime conviction de connaître par cœur cette maison dans laquelle il n'a jamais mis les pieds. Petit à petit il monte les escaliers, apparemment bourré et défoncé, tandis que la fête bat son plein. Il a toujours détesté l'électro, ça le rend fou, il n'est jamais arrivé à aimer cette « musique de singe » comme il l'appelle. Du rap et de l'électro, de quoi le rendre fou. Il remarque certaines personnes qui parlent en regardant dans sa direction mais c'est comme si tout lui parvenait en décalé. Il trouve enfin une chambre dans laquelle il s'écroule sur le lit et vomit ses tripes. Si Ella, la fille pour laquelle il en pince depuis la primaire le découvre, elle se moquera de lui et prendra sûrement quelques photos pour l'humilier sur Facebook : « Ce n'est qu'une personne de plus » se dit-il. Mais peut-être que c'est cette énième humiliation qui fera déborder le vase. Tout tourne autour de lui, les bruits semblent s'estomper, comme si les invités partaient. Il devrait partir, lui aussi, il regarde l'heure : trois heures du matin. Il essaie de se redresser mais il retombe aussi sec comme une poupée de chiffon. Il regarde ses bras et se rappelle soudainement qu'il est dépressif, l'auto-mutilation. Sa chevelure est clairsemée comme si quelqu'un l'avait tiré par les cheveux et que cette personne lui avait arraché des poignées de cheveux. Il réessaie de se relever mais toujours le même résultat : il tombe comme un enfant de deux ans qui apprend à marcher. Au bout de quatre ou cinq fois, il a arrêté de compter parce que dans sa tête, tout se mélange sous l'alcool et les joints, il arrive finalement à se relever. Il fait quelques pas et manque de tomber à chaque fois, et se dirige vers une fenêtre. La lune est pleine et ronde. Il la regarde alors que les bruits qui s'étaient estompés plus tôt reprennent et lui font mal à la tête mais pour la première fois de la soirée, une chanson des Beatles passe et colle exactement à ce qu'il ressent : All you need is love ... la musique l'envahit et il est comme dans un état second. Il aperçoit la fenêtre grande ouverte et se demande s'il va oser sauter pour en finir une bonne fois pour toutes. Il essaie de se raisonner un instant et finit par renoncer, s'effondre sur le lit et fonds en larmes. Ses amis accourent tandis qu'il a pris sa décision : il va en finir avec cette vie de merde, avec la dépression, les clopes, l'alcool et tout ce qui va avec, les comas éthyliques, les gueules de bois. Il saute. ses amis crient alors que la chute lui parait durer une éternité, à regarder le ciel étoilé qui lui fait penser à un plafond noir sur lequel se détache des astres brillants, comme autant de touches d'espoir dans un monde de plus en plus violent. Il ressent la violence du choc à travers tout son corps et se dit au plus profond de lui que le ciel est plus noir et plus étoilé que jamais. Il entend ensuite des cris, des pleurs. Tout lui parvient en décalé et il se sent pour la première fois heureux.

-Adrian ..., murmure une fille de la soirée tout près de lui.

Il entend son prénom comme si c'était la première fois. Il la dévisage une seconde. Elle a des cheveux bruns, des yeux couleur noisette. Des larmes coulent sur ses joues rebondies et semble vraiment triste. Le monde semble alors s'arrêter autour de lui, les cris cessent et il ne voit plus que ce visage triste qui le regarde.

C'est à ce moment là qu'il se sent partir.

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⏰ Dernière mise à jour : May 31, 2015 ⏰

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