Un problème après un autre

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Lorsque j'ouvre les yeux, c'est un réel soulagement de voir qu'il fait jour. Je me suis réveillée au moins 5 fois cette nuit. Trop de choses à penser, j'ai même écrit dans mon journal intime de mon adolescence. François dormait si profondément qu'il ne s'est même pas réveillé alors que j'ai bien sangloté deux ou trois fois. Ou quinze fois. Je ne sais plus. Trop de choses qui se bousculent dans ma tête. J'ai imaginé tous les scénarios disponibles pour notre rendez-vous avec Léa et les explications avec mon père. Enfin bon, un problème après un autre. Commençons déjà par régler le premier souci : Léa.

J'enfile une jupe noire longue et un t-shirt blanc. J'ai bien changé au moins 5 fois de tenue avant de choisir celle-ci. Je me suis laissée les cheveux détachés, de toute manière, mes cheveux ne sont pas coopératifs ce matin, comme par hasard. Concernant mon maquillage, un trait d'eye-liner et un coup de mascara suffisent. Je me suis laissée tenter par un rouge à lèvre rouge, histoire de faire un peu apprêtée. 

Lorsque je sors de la salle de bain, François, enfilant une chemise, tourne la tête vers moi et s'écrie : 

- Ouah. Tu es superbe. 

Je souris et rougis aussi peut-être un peu. 

-Merci. 

Je m'approche de lui et l'embrasse. Je lui passe ma main dans ses cheveux en tentant de coiffer tout ça. Il me fixe, un sourire en coin avant de me prendre par la taille et me serrer contre lui. Il m'embrasse la joue pour arriver à mon cou. Je frémis au contact de ses lèvres sur ma peau, et ris nerveusement. 

- Arrête, je vais être en retard.. 

Il me lâche et me dis : 

- Bon courage. 

-Merci. A tout à l'heure ! 

-Salut ! 

Je pars en prenant mon sac en chemin. 

Je suis devant le Strada Café, il est 10h55, elle n'est pas encore là. Pas étonnant car de ce qu'on m'a dit elle est toujours en retard. Je m'installe alors à une table et attend patiemment. Je regarde les gens autour de moi, sans trop savoir si je les dérange ou pas. J'observe deux personnes avec un bébé dans les bras. C'est une petite fille. Elle porte une jolie robe jaune avec des fleurs blanches et un fichu assorti. Elle est tellement mignonne, elle rit au éclat et agite ses jouets dans tous les sens. Elle semble si heureuse et sans problèmes, j'aimerai tellement être à sa place.. 

Un serveur arrive à ma table et dis : 

- Vous voulez boire quelque chose ?

- J'attends quelqu'un, nous commanderons un peu plus tard si c'est possible

- Oui pas de problème. 

Il s'en va aussi vite qu'il est arrivé. Je regarde mon téléphone : 11h02. Ma jambe n'arrête pas de trembler. D'habitude, c'est François qui pose sa main sur ma jambe pour me calmer mais cette fois-ci je suis seule. Les minutes passent et semblent éternelles. 

A 11h30, Léa n'est toujours pas là. Le serveur me regarde depuis vingt bonnes minutes alors je finis par commander un coca. Il me l'apporte, avec un regard très insistant. Comme si il avait un peu pitié de moi. Je ne sais pas ce qu'il s'imagine et je préfère ne pas le savoir. Au bout de 5 minutes, je commence précisément à croire qu'elle ne viendra pas. Je m'apprêtais à me lever alors que je croise son regard. Je lui fais signe et elle s'empresse de venir à ma table. 

- Je suis désolée, j'ai pas vu l'heure passer..

- Pas de souci, c'est rien. 

Elle s'installe, un peu gênée, elle semble tellement stressée. Nous le sommes toutes les deux, je crois. Je décide de lancer la conversation : 

- Bon alors, comment vas-tu ?

- Je.. Je vais bien, et toi ?

- Oui, ça peut aller. 

- Tu es à combien de mois de grossesse là ?

- 8 mois. 

- Et ça va ? Tu n'es pas trop fatiguée ? 

- Non ça va, j'ai de la chance.

Elle baissa la tête après ça, comme si on avait atteint le sujet qui la gêne. Je décide de briser la glace en entrant directement dans le vif du sujet. 

- Alors, dis-moi. Pourquoi est ce que tu as réagi comme ça l'autre soir ?

Elle me regarde alors avec de l'hésitation. 

- Tu peux tout me dire, ça restera entre nous d'accord ? 

- De toute façon, il faut bien qu'on en parle de ça. Alors.. Je ne sais pas si on te l'a dit mais il y a de là quelques années, j'ai voulu avoir un enfant. Avec mon copain, nous avons longuement tenté mais toutes mes grossesses se terminaient en fausse couche. Dont la dernière qui a été particulièrement tardive.. J'étais à 6 mois de grossesse. Nous venions d'apprendre que c'était une petite fille. Nous étions tellement heureux.. C'est un cas très rare de faire une fausse couche à plus de 22 semaines. Après ça, notre couple n'a pas résisté et nous nous sommes séparés. Voilà pourquoi j'ai mal réagi lors de votre annonce. Ce n'est pas contre toi ni à cause de toi, c'est juste que tous les mauvais souvenirs on surgit. Surtout que je venais d'apprendre la veille que je ne serais jamais enceinte. Avec toutes ces grossesses qui ont mal finies, mon corps ne pouvait plus supporter ça. Mon médecin a été formel, je ne serai plus jamais enceinte. C'est dur pour moi d'accepter cette nouvelle et c'est tellement injuste. C'est la raison pour laquelle j'ai réagis comme ça.. Je m'en veux tu sais, j'ai tout gâché mais mes émotions m'ont submergées.. Je suis désolée, je te prie de m'excuser. Finit-elle en essuyant ses larmes avec un mouchoir. 

Tout ce qu'elle vient de me raconter me brisa le cœur. Je ne savais pas quoi répondre, que voulez-vous dire ? 

J'ai alors simplement posé ma main sur la sienne et je lui ai dit : 

- Tu ne peux pas t'en vouloir, c'est complètement légitime. Je ne peux pas dire que je sais la peine que tu as dû ressentir car on ne peut pas le savoir avant de l'avoir vécu. Mais je comprend ta réaction, je te comprends quand tu dis que tes émotions t'ont submergées. Personne ne peut te le reprocher car tu es humaine Léa. Je ne te connais peut-être pas assez pour dire ça, mais je suis sûre que tu es bien plus forte que tu ne le penses, vraiment. 

Elle leva la tête vers moi et se remit à pleurer en marmonnant : 

- Merci Louisa, tu peux pas savoir comme ça me fait du bien de t'entendre dire ça. 

Puis elle se lève et me prend dans ses bras. Les gens autour observent la situation en silence et d'autres en jugeant. Mais je m'en moque. J'ai eu ici le témoignage d'une femme qui a souffert, qui n'a pas eu de chances car elle n'a pas eu ce privilège d'être mère. C'est tellement émouvant et touchant ce qu'elle dit. C'est une femme bouleversante et poignante. Je ne la remercierais jamais assez de m'en avoir parlé. 

Elle s'est assise au bout d'un long moment à m'enlacer. 

En sortant du café après ça, nous sommes partie se promener dans Paris. Nous passions devant les boutiques, et un moment, nous sommes passés devant une boutique pour bébé. Léa a insisté pour qu'on y rentre, et elle a acheté un petit doudou ange et une gourmette couleur or, et moi deux pyjamas trop mignons avec des petits éléphants et des zèbres. 

Nous sommes ensuite entré dans plusieurs magasins et j'ai pris quelques vêtements pour bébé et j'ai acheté une bague à François. Elle m'a ensuite ramené chez moi. Je m'apprêtais à descendre de la voiture avant qu'elle me dise : 

- Attends. Ca c'est pour toi. Dit-elle en me tendant un paquet. 

- Oh merci beaucoup Léa, fallait pas. 

- Ca me fait plaisir. Ouvre le avec François.

- Très bien ! A bientôt, merci ! 

- A plus ma belle, prends soin de toi. Dit-elle avant de s'en aller. 


Une fois avec François, j'ouvre le paquet et y trouve un joli doudou ange et une gourmette en or.

Nous deux ( TOME 1 )Where stories live. Discover now