Recueil De One Shot

Nouvelle Stand Alone

Dans une nuit d'hiver, rustre et gelée, un tableau de cendre se dressait. Un spectacle funeste avait pris fin, et les quelques braises qui restaient périssaient de froid sous les flocons blancs.

La tragédie était terminée.

Laissant, au bord des ruines, une dernière âme. Une petite orpheline que la neige n'épargna pas, mais dont la vie ne s'éteignit pas pour autant.

Des heures passèrent avant qu'une silhouette ne réchauffe la glace en la noircissant de son ombre.

''Tu dois être Cressida Gomery''

L'enfant, sans bouger, sans un mot, posa son regard suppliant sur le nouveau venu.

''Personne n'est venu te mettre à l'abri ?''

A l'énonciation de ce fait, Cressida agrippa les jambes du sauveur. Il resta stoïque, mais tenta d'être aussi compatissant que lui permettait sa nature.

''Je suis un Venator, ta nouvelle tutrice m'a payé pour t'amener chez elle. Mme Bianca Gomery, précisa-t-il''

La fille leva son regard, interpellée.

''Un venator ?''

''Oui... Hum, c'est un métier.''

S'il avait été mis au courant que Cressida était une enfant, il parut quand même étonné qu'elle n'en ait jamais entendu parler, et la questionna :

''Quel âge as-tu exactement ?''

''Douze ans''

Il supposa alors que l'enfant était encore sous le choc de l'incendie qui venait d'emporter ses parents. Il l'examina pour déterminer si, ses vêtements et elle, étaient en condition de voyager.

''Mais tu dois être gelée ! s'écria-t-il''

Sa culpabilité de ne rien avoir remarqué plus tôt se traduisit dans ses gestes pour la réchauffer. Les Venators sont entraînés à supporter des chaleurs extrêmes : ils ne ressentiraient qu'un tressaillement s'ils étaient maigrement vêtus sous une tempête. En revanche, même si Cressida ne le manifesta qu'en tremblements, ses doigts étaient bleus, ses lèvres violettes. Il frotta frénétiquement les bras de l'orpheline, concéda sa longue cape brune, et la posa sur elle. La fillette troqua le froid contre le poids sur ses épaules, qui traînait au sol et se teinta de toujours plus de taches blanches.

''Merci''

Il essaya de lui répondre d'un sourire rassurant, pendant que, maintenant sans sa cape, ses cheveux noirs se collaient à ses épaules.

''Nous devons rejoindre ta tutrice, elle est à la capitale. Les trains sont particulièrement attaqués ces derniers temps, donc nous allons devoir trouver un autre moyen, se dit-il à lui-même''

Il jeta un œil sur Cressida :

''Mais d'abord on va trouver un endroit pour dormir, il s'arrêta et réfléchit, nous irons aux Deux Corbeaux, c'est une auberge à quelques kilomètres, tu dois surement connaitre ''

Cressida acquiesça mais ne répondit pas. Il la détailla de nouveau.

''Demain nous irons t'acheter de nouveaux vêtements ; il est trop tard pour l'instant.''

C'est protéger de la pluie de flocons, au côté de l'inconnu, qu'elle quitta les ruines de son ancienne demeure. N'ayant d'autres choix.

Son compagnon se nomma Grant ; du moins c'est ce qu'elle entendit vaguement quand il commanda leur chambre.

Toute la nuit durant, Cressida dormit dans le lit chaud et moelleux, Grant à même le sol. La fillette avait insisté pour lui donner son coussin, ce qu'il accepta finalement, à bout de contre-arguments face au regard plaintif et aux gestes insistants de l'orpheline. Dans son sommeil, elle pleurait des larmes qui avaient refusés de couler éveillés. Laissant flot à la tristesse qui va toujours de pair avec la noirceur de la lune.

Grant l'entendit.

Les Venators ne dorment que d'une oreille. Il sentit la pitié s'installer dans son impassibilité. Mais ne bougea pas. N'osant pas troubler l'évacuation nécessaire de ses sentiments.

C'est entendant la peine, sur son matelas, d'une oreille et les yeux arqués de ses sourcils soucieux qu'il trouva un repos convenable sur les planches rigides.

Au matin, il lui acheta des habits et se mirent en route jusqu'à une ville, où le trafic ferroviaire serait sans danger. Du moins, sans grands dangers.

Pour autant, la zone comptait beaucoup de parias. Trop. Et la matinée silencieuse entendit les cris de l'après-midis ; une diligence se faisait attaquer sur un grand chemin, en contrebas.

Grant attira l'enfant derrière des arbres, lui couvrit la bouche pour empêcher ses cris. Aucun d'eux ne pouvaient voir ce qu'il se passait derrière le talus.

Un coup de feu retentit. Un cri. Puis un nouveau coup de feu.

Sans bruit, Grant prépara son arme. Cressida serrant de toutes ses forces son protecteur. Mais finalement, les malfrats partirent dans la direction opposée, et après quelques minutes à attendre, ils sortirent de leur cachette.

Grant tenait toujours la fillette comme s'il était son bouclier. Elle ne l'aurait lâché pour rien au monde.

Après cet incident, et pendant quelques jours, tout était calme.

Au bout de 3 jours, la peine de l'orpheline ne l'avait pas quitté, mais dans sa clémence, lui permetta de parler ; elle se risqua à poser quelques questions à son sauveur. Il n'en répondit qu'à une seule : Sa cliente, dès qu'elle sut qu'un incendie avait eu lieu, envoya un télégramme au Venator le plus proche du lieu de l'incident. Au vu de la réputation de ces derniers, elle n'eut aucune crainte à confier Cressida à un inconnu. Et les dangers du voyage la contraignaient à en envoyer un.

Grant n'en dit pas plus. Son ton monotone se voulait rassurant. En fait, sa voix ennuyée, et ses yeux fatigués donnaient à son apparence 10 ans de plus que sa jeunesse lui offrait.

Durant les semaines suivantes, quelques incidents se produisirent. Par deux fois il essuya une attaque dans des wagons. La première fois, Grant protégea Cressida comme il le devait. La seconde fois, il la protégea d'une volonté que l'argent ne pouvait acheter, avait-il probablement fini par être pris d'affection pour la petite orpheline.

Quant au deuil de Cressida, le temps qu'elle passa avec son bienfaiteur penssa et améliora la perte de ses parents. Son besoin attachement vacant avait trouvé un rocher sur lequel s'accrocher.

Leur court périple les conduit finalement aux portes de la Capitale.

Et Mme Bianca Gomery pu enlacer la fillette.