La légende des Skylandor T1 | la nouvelle lumière

───⋆✩⋆ Chapitre 3

― Je sais que tu te poses énormément de questions, Thanya. Mais je n'ai malheureusement pas les réponses. Je me souviens simplement de ton père, du moins, c'est ce que j'ai pu penser. Je n'ai pas vu son visage à cause de la cape qu'il portait. Il avait Blaster avec lui. Tout ce qu'il nous a révélé, c'est ton nom et celui de Blaster. Nous avons tenté de lui poser des questions, mais tout ce qu'il nous a répondu, c'est : « Protégez-la et veillez sur elle. »

Thanya reste immobile, le regard perdu vers l'horizon. Sa gorge s'assèche et ses poumons la brûlent horriblement. Les larmes lui montent aux yeux, mais elle les retient. Les traits de son visage sont tirés, elle contracte la mâchoire et soupire longuement, le cœur lourd. Ses yeux divaguent de gauche à droite et elle baisse tristement la tête vers le sol. Blaster a entendu la conversation et il s'avance dans la direction de sa maîtresse, dans le but de la réconforter ; il dépose son cou sur ses jambes en la regardant, les oreilles tombantes. La brune le caresse avec tendresse, afin de le remercier en silence pour son geste.

Le cœur de Samuel se serre. Il n'aime pas voir sa fille dans cet état.

― Je suis désolé, ma chérie. J'aimerais pouvoir te dire plus de choses, mais tout est allé très vite.

― Ne t'inquiète pas. Tu m'as donné tout ce qu'il fallait, dit-elle avec un sourire forcé pour le rassurer.

En réalité, elle ignore quoi en penser. Mais au fond, une cicatrice s'est ouverte. Elle éprouve de la tristesse et de la colère. Ne pas savoir qui elle est ni d'où elle vient est une affliction insupportable. Elle se sent trahie d'avoir été abandonnée par cet inconnu sans plus d'explications. Une tempête l'habite intérieurement et elle ne parvient pas à trouver le chemin qui la guiderait vers la lumière et la paix...

*:‧˚☾

Le déjeuner s'est déroulé dans le plus grand calme. Thanya n'a pas prononcé un mot et a très peu mangé. Blaster était couché sur le sol entre ses jambes et ne l'a pas quittée une seule fois. Karen a lancé des regards discrets vers Samuel pour comprendre la raison de l'état de sa fille. Il lui a répondu par un bref hochement de tête, signe qu'il lui expliquerait tout à l'heure.

La brune est allongée dans son lit. Elle fixe le plafond comme si toutes les réponses y étaient inscrites. Elle soupire et mène une bataille intérieure ; ses pensées se perdent dans son esprit, tandis que son regard dérive vers la fenêtre. Les enfants s'amusent dehors, elle peut entendre leurs rires résonner jusqu'à elle. Son droïde ouvre la porte avec son museau et trottine dans sa direction. Thanya n'a pas besoin de tourner la tête pour savoir qui c'est. Blaster dépose sa truffe sur son visage et la lèche affectueusement. Sa maîtresse émet un petit cri de dégoût et se dégage de lui. Elle s'assied en position indienne et le fixe du regard, le visage impassible. Il penche la tête sur le côté, curieux, espérant que son geste réussisse à lui rendre le sourire.

― Qu'est-ce que tu veux ?

Comme réponse, il tourne sa tête vers la fenêtre et aboie.

― Je n'ai pas envie d'aller dehors.

Il se met à pleurer, les oreilles pendantes avec un regard attristé.

― Arrête ! Ne me fais pas cette tête !

― Je suis d'accord avec Blaster, ça te ferait du bien de sortir un peu.

Surprise par cette voix sortie de nulle part, elle se tourne furtivement et découvre sa mère qui entre dans la pièce, avec un sourire réconfortant. Elle devine que son père lui a certainement parlé de leur conversation dans le potager. Karen s'installe sur le bord du lit. D'un geste tendre, elle prend sa main et plonge ses prunelles dans les siennes, pendant que Blaster les regarde toutes les deux.

― Ton père m'a expliqué ce qui s'est passé. Je sais que tu te sens mal à ce sujet, Thanya, et je suis désolée de ne pas trouver les mots justes pour t'aider...

― Il n'y a rien à faire, maman. C'est difficile, mais je dois accepter la réalité.

Karen est étonnée de sa réponse. Elle sent une boule lui traverser le ventre, car elle se rend compte que sa petite fille est désormais devenue une femme. Cependant, sa déclaration semble à la fois triste et dure.

― Tu es devenue une merveilleuse femme, dit-elle en serrant tendrement sa main. Ne pas savoir qui on est une épreuve très difficile. Mais je suis certaine qu'un jour, tu le découvriras.

Un frisson parcourt le corps de Thanya. Ses yeux se noient dans ceux de sa mère. Dans cet échange, une lueur passe, et seules la mère et la fille parviennent à comprendre. Elle sourit, touchée par les paroles de Karen. Ses muscles sont désormais détendus, comme si son ange gardien venait de la sortir du monde des ténèbres.

― Merci, maman..., souffle-t-elle sincèrement.

Sans se contrôler, elle plonge dans ses bras et la serre tendrement contre elle. Karen accepte cette étreinte avec amour. Blaster se joint à la partie et essaie de se glisser vers elles. Les deux femmes rigolent et se détachent en regardant le loup qui agite la queue, tout heureux.

― Tu devrais aller faire un tour. Il ne va pas te lâcher, sinon.

― Oui, j'y vais !

Thanya sort du lit, tandis que Blaster bondit sur ses pattes en effectuant des tours sur lui-même. Il exprime sa joie d'aller se promener.

― À tout à l'heure, maman !

― Soyez prudents !

― Promis.

Elle ouvre la porte de sa chambre et manque de tomber ; Blaster s'est précipité sur elle en la poussant. Elle lâche un hoquet de surprise et se rattrape sur le chambranle de la porte.

― Blaster, tout doux mon beau !

Il est tout simplement heureux de pouvoir passer du temps avec sa maîtresse. Avec un sourire amusé, ils sortent ensemble de la maison et traversent l'allée, afin de rejoindre la rue qui mène au centre du village. Comme d'habitude, l'artère est remplie de monde venant acheter les marchandises, objets, nourriture. Blaster reste au côté de Thanya, bien qu'il connaisse cet endroit par cœur. C'est son instinct de la protéger, une promesse envers son ancien maître, le père biologique. La brune se sent soulagée et en sécurité d'être avec lui.

Néanmoins, aucun des deux ne s'attende à recevoir la visite de quatre contrebandiers, tapis dans l'ombre, observant d'un sourire narquois le droïde qui vaut un paquet d'or...