Tome 1 Chapitre 1

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— Cosette, j'ai réfléchi à ta petite personne, cette année, je serais moins présent, j'ai d'autres cibles à torturer.
— Tu m'en vois ravie.
— Mais ça ne veut pas dire que je ne t'ai pas à l'œil. Regarde bien où tu mets les pieds...

Je le plante là . Et je mets le pied, oh non, dans une crotte de chien! Il rigole ! Oh retenez-moi, je vais l'enterrer vivant. Je déguerpis avant de finir sur internet. Dans une des toilettes, je nettoie ma chaussure. J'ai envie de vomir. L'odeur est insupportable. Il faut vite que je rentre chez moi.
Je rentre, je ne m'attarde pas sur le campus. Ma mère m'attend pour le dîner.

— Comment s'est passée cette première journée?
— Calme.
— C'est étonnant venant de toi.
— Je fais des efforts, tu me répètes sans cesse d'être normal. J'y travaille.
— C'est une très bonne nouvelle. Et ce Caleb, te laisse tranquille?
— Oui, il a trouvé d'autres cibles.

Je ne sais pas si je suis crédible avec ma chaussure pleine de crotte, qui infecte la maison.
Nous mettons un film à la télé, une histoire à l'eau de rose. On adore ces films, on compense le manque d'amour à travers les autres. Elle n'a que moi et je n'ai qu'elle. Je la pousse à sortir pour rencontrer quelqu'un mais elle refuse. Elle a peur d'être encore déçue. Et elle me  force à sortir pour rencontrer du monde, et tomber amoureuse. Je crois qu'on est des handicapés de l'amour. Je n'ai eu qu'un petit copain au lycée, ça a duré deux semaines, le temps d'un pari. Depuis, je ne cherche plus.

Le film se finit avec la happy-end, et la larmichette de maman. J'adore ce moment, où je la vois s'émouvoir des histoires des autres. Je flâne sur les réseaux sociaux, histoire de me créer une vie que je n'ai pas. Il y a une invitation de Caleb. Sur sa photo de profil, il est torse nu, je suis morte de rire. Il est exceptionnel.

La première semaine, ma tentative de raser les murs a échoué. Caleb et son petit groupe ont repris leurs bonnes vieilles habitudes. J'ai eu droit à une poule dans ma voiture. Quand elle a sauté sur le pare-brise, j'ai failli avoir une attaque. Quel sens de l'humour, c'est charmant.

La liste est longue. Caleb a récupéré ma feuille d'un examen, il y a griffonné mon prénom et celui de mon professeur dans un petit cœur. Résultat : j'ai été convoqué par le professeur et le directeur de la faculté. Une heure a expliqué que c'était une blague de mauvais goût . Mais le professeur n'en démord pas, il pense que je suis tombée sous son charme. Un quarantenaire avec un chat, des cheveux qui partent en fuite, et un pantalon qu'il monte jusqu'au cou. Je suis dépitée. Ma fierté en a pris un coup.

Je décide d'aller sur les quais parisiens, pour me saouler, mais je ne bois pas une goutte d'alcool. Me jeter dans la Seine, mais elle est trop polluée, je me désespère.

Je longe les quais, et fais un bilan de ma vie. Ce n'est pas glorieux. Je m'arrête devant une tente. Une femme de l'est qui lit la bonne aventure. Elle me remontera peut-être le moral.

— C'est quarante dollars.
— Quarante dollars? Mais on est à Paris, et c'est l'euro!
— Tu payes ou tu passes ton chemin. Surtout vu ce que tu subis, un petit remontant ne te feras pas de mal.
— Je n'ai pas de dollars.
— Je fais le change

Je touche le fond, je suis prête à donner  40 dollars à une voyante qui fait le change. J'entre, c'est glauque. Une table, deux chaises, une boule et des têtes de mort. Je suis vraiment en train de le faire?

— Oui et si tu ne calmes pas tes pensées, je te jette dehors!

Il faut que j'arrête de penser... Pense à Caleb . Voilà, penses comme tu le hais. Elle me fusille du regard.

— Qu'est-ce que vous voulez savoir?
— Est-ce que ma vie va connaître de grands changements?
— Toujours les mêmes questions!
— Bon bah, dites-moi ce que vous voyez!
Elle se concentre sur sa boule, où il ne se passe rien, encore une arnaque. Elle relève les  yeux vers moi.
— Oh moins, fermez votre esprit!
— Comment voulez-vous que je le ferme dans cette situation?
— Taisez-vous!

Je hoche la tête et fait le vide dans ma tête.
Après de longues minutes, son regard change. Elle m'observe, regarde la boule, et fait plusieurs allers et retours.

— Ma grande, du changement oui, tu vas en avoir!!! Beaucoup de changement.
— C'est tout?
— J'ai répondu à ta question!
— Bien merci pour ces révélations, waw qui me scotche.
— Attends une seconde.
Elle fouille dans son bric-à-brac et sort un collier avec un pendentif en forme de lune.

— Tu vas en avoir besoin. Surtout ne le perds pas, il te sera très utile.

Dans quoi je me suis embarquée.

— D'accord, je ferai attention.
— N'oublie pas! Ne le perds surtout pas.
Je hoche la tête et déguerpis.

Si ma mère apprend que j'ai dépensé 40 dollars chez une voyante aussi antipathique qu'un crocodile, elle risque de me faire la morale pendant des semaines.
Je rentre chez moi. Ce soir, elle est de garde, je suis seule à la maison. Je décide de me connecter sur Facepop. Caleb est connecté, il a mis une photo de lui, brun. Son blond peroxydé est une horreur, ça gâche tout son charme. Il m'envoie un message.

— Mon blond me va très bien contrairement à tes cheveux en paille.

Je n'ai pas les cheveux en paille. Il lit dans mes pensées ou quoi?

— Mes cheveux sont très beaux!
— Vraiment? C'est pour ça que tu te fais ton chignon horrible!! Fais attention,  la prochaine fois, je pourrais être tenté de te les couper!
— Même si tu me les coupes, ils seront plus jolis que ton blond de Barbie en plastique.
— Ah, je vois que les écrans te décoincent. Jeudi, je ne vais pas te rater !

Et il se déconnecte.

Oh merde, merde,  j'aurais dû me taire. Je vais me porter souffrante! Mais non Vendredi, il y a la sortie au Musée d'art ! Je suis foutue!
Je me suis endormie, démoralisée. J'ai fait de troublants rêves , la voyante me répétait surtout de toujours garder le collier sur moi.

Adela et le royaume perdu ( tome 1 et 2)Where stories live. Discover now