Tu me manques...
Et c'est pour moi une chose horrible à vivre.
Tu me manques...
Et cette sensation de vide en moi ne veut plus me quitter.
Elle s'accroche à mon cœur me faisant courber le dos, y amoncelant le poids du monde.
Quand je m'endors, je sens ta chaleur, pourtant si froide, je tends la main pour te toucher, mais tu n'es plus là, et sens encore ton odeur, qui ne s'évapore pas.
Quand je passe devant ce restaurant japonais que tu aimais tant pour aller au boulot, je nous revois rigoler derrière la vitre.
Quand mes doigts glissent sur la rampe de l'escalier, ce sont tous nos souvenirs qui reviennent.
Tu sais aussi bien que moi que je ne sais pas écrire les lettres.
Mais pourtant je suis là, assise à ton bureau, les pots de peintures sales et les pinceaux séchés à côté de moi que je n'ai jamais osé ranger, et j'écris. J'écris ses mots que tu ne liras jamais. J'écris ses mots qui iront dans ton cœur, où que tu sois, que tu le saches ou pas, au plus profond de ton âme.
J'ignore ce que je vais faire de cette lettre quand je l'aurais finie. Peut-être la brûlerais-je, peut-être la jetterai-je dans la mer.
Une lettre...
Au fond, ce ne sont que des mots sur du papier, de l'encre sur une feuille, un assemblage de lettres bizarre avec quelques unes de mes larmes à côté, faisant gondoler cette feuille blanche.
Dans les films, ces lettres sont écrites sur un papier jauni, avec une écriture fine et agréable à lire. Moi, je t'écris sur une feuille qui sort de mon imprimante, avec mon écriture en pattes de mouches que tu connais si bien...
...
Je ne sais plus quoi dire.
Tu sais très bien que ma vie ne vaut rien sans toi !
Tu sais très bien que tu n'avais pas le droit !
Pas le droit de partir, pas le droit de fuir, pas le droit de disparaître, pas le droit de me laisser, pas le droit de te perdre, pas le droit de... juste... pas le droit.
Je te voulais avec moi. Je voulais qu'on se marie, qu'on ai des enfants, que l'on soit heureux !!
Mais est-ce que tu m'imagines avec quelqu'un d'autre que toi !? Est-ce que tu m'imagines recommencer !? Recommencer avec un autre !?
Non... Bien sûr que non... Je ne sais même pas si tu peux imaginer de là où tu es...
Je te déteste !!
C'est tout !
Après tout ce que j'ai fais pour toi, ce que l'on a fait ensemble, ce que l'on a fait pour nous, entre nous, chez nous, tu ne pouvais pas.
Mais ça je l'ai déjà dis.
Adopter un chien ? Un chat ? Un lapin ? Un hamster ?
Tu sais bien que ça te ne remplaceras pas...
Même Ava m'a lâché... Elle a dit que si je continuais à "jouer à la dépressive", on allait pas réussir à rester amies longtemps.
Moi qui croyait en elle ! Moi qui croyait qu'elle serait toujours là pour moi !
Mais c'est comme ça que l'on reconnaît les vrais amis. Il faut voir qui est là avec toi dans les moments durs, et non pas les gens qui sont là uniquement pour les bons moments !!
Seulement, dans les moments durs, je n'ai plus personne...
Je vais essayer de coller un sourire de façade sur mon visage. De porter un masque en permanence, comme tous ses gens qui souffrent et qui n'ont aucune main à attraper lorsqu'ils chutent de la falaise. Peut-être que Ava sera contente, ainsi.
Mais là n'est pas l'important...
Je parle beaucoup - ou du moins, j'écris - pour ne rien dire, pour répéter les mêmes choses de manière déprimée.
Les gens ne se rendent pas compte qu'il y a des choses plus graves que d'autres, à des nuances près.
Avoir un cœur brisé parce que l'homme qu'on aime nous a largué est une chose triste, mais avoir le cœur brisé parce que l'homme qu'on aime est mort, c'en est une autre.
Je t'aime Bastien.
Et la bague à mon annulaire ne veut pas dire "jusqu'à ce que la mort nous sépare", mais "et même maintenant la mort ne nous séparera pas".
Tu me manques...
J'espère que c'est réciproque...
Ta Annabelle.
___________________________________________________________
Merci d'être arrivé au bout de cette lettre !
C'est le premier OS que j'écris, et j'ignore si ce sera le dernier.
Il y aura sans doute beaucoup de réécriture de cette lettre, et peut-être qu'un jour, elle fera pleurer quelqu'un.
En espérant que ça vous ais plu,
LysNoctis
