Seize ans après le couronnement d'Elessar, la paix est pleinement retombée sur les royaumes des peuples libres. Néanmoins, les événements de la guerre de l'Anneau, transmis depuis de génération en génération, demeurent gravés dans les mémoires. Ain...
Automne 3016 - En ce jour qui signait le retour des élèves sur les bancs de l'Université, la bibliothèque d'Ecthelion baignait dans son ambiance studieuse coutumière.
Murs de marbre blanc et lambris à moulures d'or, étagères de bois pleines de livres à en craquer, échelles à glissières pour parcourir les rayons sur toute leur hauteur et largeur, les grandes croisées en ogives qui laissaient filtrer le midi, les tables et lutrins d'études en bois patiné par les ans ...
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Tandis que l'opinion commune y voyait le temple du tout-savoir du royaume de Gondor, le corps étudiant, lui, restreignait la valeur du lieu à celle de repaire à son insubordination.
De fait, il avait été décrété inutile qu'une forme d'autorité l'y investisse de sa présence : les à priori voulaient que les livres fussent faits pour être étudier et les élèves aimaient trop la liberté qu'il leur était ainsi offerte pour la dénoncer.
Pas une fois sans exception Heithril s'était faite la réflexion qu'il s'agissait de la pire erreur de l'Intendance. Non que cela la dérangeât de travailler dans le bruit, au milieu de cette approximation d'assiduité en raison de l'agitation fiévreuse que produisaient l'amalgame de conversations, les chuchotements des voilages et des jupons contre la pierre, les chutes, les cavalcades dans les escaliers menant aux niveaux supérieurs – vers là par ailleurs où elle se dépêchait. Chez elle, avec ses petits frères et sœurs, Heithril disposait de bien peu de place pour s'atteler consciencieusement à ses études. Voir à s'y atteler tout court .
Mais plutôt qu'elle pensait qu'en la présence de chaperons ou bibliothécaires, jamais elle et les autres ne se seraient lancées dans la quête.
Parce que oui, il lui arrivait de regretter l'entreprise. Parfois. Comme c'en était aujourd'hui le cas.
Les filles et elles avaient convenu à ce que le conciliabule s'effectuât, à l'aune des deux années précédentes, au premier étage de la bibliothèque, rayon poésie de l'ère numénorenne, à l'heure du déjeuner. Ainsi que de coutume, l'objet s'en révélait être Boromir II, fils de Dénéthor.
Seize ans après la fin de la guerre de l'Anneau, sa tragique disparition désolait toujours le Gondor. De son vivant, l'homme avait été le meilleur élément militaire du royaume. Alors que l'horizon s'obscurcissait à mesure que croissaient les forces armées de l'Ennemi, il avait mené nombre de batailles, qui, grâce à sa perspicacité et sa vaillance s'était souvent triomphalement soldée.
Le grand-père de Heithril avait été sous son service. Il conservait le souvenir d'un homme certes bon vivant mais responsable, capable de galvaniser la foule, proche des soldats, et ce, de quelque niveau de Minas Tirith ils fût-ce issus.
Mais, de pair avec d'aucuns de ses compagnons d'armes qu'il invitait autour du foyer, il conservait un autre souvenir, plus marquant car interloquant au-delà des mots.
