La fille du pasteur

Cʜᴀᴘɪᴛʀᴇ 53

C'est sur ces derniers mots qu'il quitte la maison.

- Je te jure que je ne voulais pas le laisser rentrer ! Se défend ma sœur.

Je ne dis rien et pars directement dans ma chambre.

« Tu n'es pas mieux que moi Ruan, tu ne la mérites pas autant que moi. »

Ces paroles repassent en boucle dans mon esprit et arrivent à m'affecter en moins de temps que l'on puisse le dire.

« Tu espérais vraiment qu'elle puisse t'aimer ? Tu trompais autant tes copines qu'il en a fait.

Tu les contraignais même à avorter.

Que fera-t-elle avec un homme paralysé ? Cesse de te donner de faux espoirs, elle mérite mieux.

Tu croyais l'avoir avec tes belles paroles ? Cesse de te voiler la face, tu ne pourras jamais être avec elle.

Elle est la reine du Roi, toi, tu es le fou sauvé de justesse. Tu es incapable, le plus petit. »

Les larmes coulent lentement sur mes joues tandis que j'acceptais toutes les paroles que j'entendais.

Qu'est-ce-que j'espérais sérieusement ? Je suis un moins que rien. J'étais nul à l'école. À l'université je me suis en sortie par chance. Maintenant que je suis si loin j'espérais vraiment m'en sortir ? Non, un chien ne peut se comparer à un lion. Peu importe la taille du poulet il ne deviendra jamais un aigle.

Je ne sers à rien.... Je ne suis qu'un poids pour ma famille... Même ma sœur avance, elle va même se marier, avoir des enfants et faire la fierté de papa. Moi je ne pourrai jamais rendre fière ma mère. Je suis condamnée à être dépendant des autres.

Je ne suis rien...

SASHA

Je souris en jouant avec mes neveux.
Ma belle-sœur n'arrivait plus à les gérer toute seule, elle les a donc envoyés afin qu'ils passent les congés avec nous. Ils sont vraiment turbulents, les dignes enfants de leur père.

Heureusement mamie arrive à les gérer. Elle s'est bien occupée de nous pendant toutes nos années de primaire.

Après des heures à les nourrir et les fatiguer ils finissent par s'en dormir à notre plus grand soulagement. Je vais aussitôt dans ma chambre afin d'aussi me reposer.

Me reposer ? Je fais plutôt face à la multitude de pensées. Je finis très vite en larmes comme c'est le cas depuis des mois maintenant.

Qu'est-ce-qui m'arrive ? Bah il s'avère juste que je n'en peux plus. Je n'en peux plus de quoi ? Bah de tout. De l'université, de sortir, d'être entourée mais seule, de manger, de prier, de vivre. Je voudrais dormir et ne plus me réveiller.

Oui, je fais une grosse crise de dépression et j'en ai marre. Comment, comment est-ce possible ? Comment moi, qui conseille les autres, les aide à aller mieux, à avoir confiance en eux, à aimer Dieu et à s'aimer, comment je me retrouve moi-même dans la dépression ?

Je dis aux autres de se battre, de continuer de croire que Dieu est avec eux alors que moi-même je ne crois plus ? Je ne sais plus où mettre la tête ?