Pourquoi ce silence ?

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Ce sont les mots que tu m'as dit, ce jour-là. Ils m'ont entaillé le cœur comme je fais avec mes bras, des lames de rasoir bien aiguisées, des épées tranchantes et impitoyables. En moi j'ai cherché une réponse, en vain. En te repoussant je me suis assurée de ne pas souffrir; feindre que tu n'existais pas pour ne pas ressentir ton absence. T'extraire de ma réalité et la prendre pour unique, comme s'il n'y avait pas tout un monde où tu respirais, dansais, marchais, aimais ; tout sauf moi.

De mon esprit j'ai choisi de t'effacer, mais fatalement, tout me raccroche à toi. Difficile d'ignorer ton sang dans mes veines, tes gènes dans mon ADN, et puis, simplement, ton nom à côté de mon prénom.

Je suis une fugitive. Constamment sur le qui-vive, alerte, je guette la moindre situation susceptible de réveiller en moi ce que toujours j'ai essayé d'enfouir. Et je pars. Je pars toujours. Comme toi, au final. Je suis bien ta fille. Le truc, c'est que pour moi, c'est une question de survie.

Parce que je ressens tout plus fort, plus profond, plus intense. Parce que je m'effondre devant des mauvaises notes, un mec qui veut pas de moi, des amis qui me rejettent. Maman me dit que je suis faible, et devant ça aussi, je collapse.

Maman, ma douce maman. Je l'aime tellement, et mon amour pour elle ne représente même pas le 10e de celui qu'elle me porte. C'est pour ça, que c'est si dur de lui en vouloir. De la tenir responsable parce qu'elle a toujours fait ce qu'elle pensait être le mieux. Elle était là, elle au moins. Et toi, où étais-tu ?

Comment vont tes enfants ? C'est bizarre de se dire qu'on a des frères et sœurs, ne pas savoir combien, ne pas avoir une idée de ce dont ils ont l'air. Je doute qu'on se ressemble, eux et moi. Je suis le portrait craché de ma mère. Et la leur, d'ailleurs ? Je me souviens de la dernière fois que j'ai entendu parler d'elle. Quand, audacieusement, elle avait appelé à la maison, que ma sœur avait décroché, et qu'elle avait eu le culot de nous traiter de "batardes". C'est un mot dur à entendre, quand même. À 12 ans, ça laisse des traces. D'entendre qu'on est pas les enfants de notre père, même si, au fond, c'était déjà ce qu'on se disait dans son cœur.

Mais bon, rien de grave. On balaie tout ça d'un geste de la main, un simple haussement d'épaules, et on avance, parce qu'on ne peut pas faire autrement.

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 28, 2023 ⏰

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