Pour la douceur d'un instant, oublions

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Cela faisait une bonne vingtaine de minutes qu'elle marchait, maintenant. La jeune femme avait retiré ses chaussures peu confortables, car elles faisaient souffrir ses pieds et les chemins de forêts ne l'aidaient pas. Il fallait admettre qu'elle souffrait toujours du sol sans ses chaussures, mais cela était bien loin d'être sa priorité. Il faisait nuit noire, elle pouvait à peine apercevoir le ciel magnifiquement étoilé à cause des arbres qui le cachait. On pouvait se poser beaucoup de questions sur sa situation. Pourquoi s'acharnait-elle à traverser cet environnement au milieu de la nuit, seule, avec une tenue peu adaptée ? Malgré tout, elle n'avait pas la moindre once de peur, ni ne se plaignait, si l'on ignorait les soufflements discrets de fatigue qui lui échappaient. Non, son cœur était rempli d'une certaine impatience, une hâte d'atteindre son but qui lui procurait la détermination nécessaire de continuer. Et tous ses efforts furent récompensés quand elle aperçut finalement, ce qu'elle avait pris tant de temps à chercher. Dans un des arbres, au-dessus de la tête de la jeune femme, se trouvait une petite cabane. Alors qu'un grand sourire se dessinait sur son visage, elle se mit à relever vers le haut sa lanterne grinçante.

" Kian !" appelait-elle, dans un cri chuchoté.

Quelques secondes passèrent avant que la tête d'un jeune homme, tout aussi bien vêtu qu'elle, ne sorte de la fenêtre. Son visage froncé se détendit presque instantanément quand il reconnut la femme qui lui faisait le plus beau des sourires dans la pénombre. Il rentra à l'intérieur afin de laisser son amie le rejoindre, laissant glisser la longue et instable échelle jusqu'en bas. Abandonnant finalement ses chaussures, la rousse commençait sa montée, peu confiante en l'échelle qui se balançait légèrement dès qu'elle essayait de grimper un peu plus. Le brun lui tenait fermement cette dernière, lui assurant qu'elle ne craignait rien tant qu'il était là. Ce fut suffisant pour lui donner le courage d'arriver jusqu'en haut, et elle se jeta dans ses bras une fois arrivée.

La cabane peu éclairée par les quelques lanternes et bougies, était joliment décoré d'étoiles, de cartes du ciel, et de papiers remplis de calculs et de gribouillis illisibles à n'importe qui d'autre. Elle était assez désordonnée, mais procurait dans un sens un sentiment agréable de chez soi pour les deux jeunes qui en étaient les propriétaires. Probablement car tout ce qui était présent était des affaires à eux qui n'étaient ni liés à des priorités, ni à des problèmes. En terminant finalement cette étreinte, Kian aida la jeune femme devant lui à se relever, lui tendant la main, ce qu'elle accepta volontiers. Tandis qu'elle dépoussiérée sa jupe joliment brodée, Kian remarqua qu'elle était déchaussée. Il pouffa, avant de se retourner et d'avancer vers ses papiers au sol, s'abaissant pour les ramasser.

" Toujours ce problème de talon ? plaisantait-il, sans la regarder.

- Une horreur, c'est affreux de courir avec !"

Elle croisa ses bras brusquement, ses yeux marron se levant au ciel dans une attitude marquant son agacement, ne faisant qu'amplifier le rire du jeune homme qui se redressait, un tas de feuilles désordonnées en main. Pendant un cours instant, le silence fut total, alors que le brun déposait délicatement les feuilles sur le bureau. La jeune femme, l'air plus sérieux, reporta son attention sur le garçon.

" Du nouveau ?"

Sa voix était suivie de cette infime lueur d'espoir, qu'elle savait pourtant irréaliste. D'un sourire triste, il secoua sa tête en réponse, ce qui fit soupirait la rousse, se laissant tomber contre le mur derrière elle.

" Allez, Aelia, j'ai quelques données de plus. Rien d'extraordinaire, mais, c'est quelque chose."

Il s'avança doucement vers elle et prit sa main dans la sienne, lui faisant redresser son visage. Son sourire doux remonta légèrement le moral de la jeune femme, qui se mit à jouer avec les doigts du brun. Elle ne pouvait pas s'empêcher d'être tracasser, ces recherches étaient importantes pour eux ; c'était la solution à leurs problèmes. Ils les laisseraient tranquilles. Voyant qu'elle était toujours tracassée, il la prit au dépourvu en la tirant vers le balcon - qui n'était qu'un long sol suspendu en dehors de l'abri -. Ne s'y attendant pas, les yeux grands ouverts, elle se laissa faire. Son regard se porta immédiatement sur le ciel, que l'on pouvait maintenant admiré parfaitement. Elle pouvait sentir la main du garçon se resserrer autour de la sienne, et sans quitter les étoiles du regard, elle fit une petite pression en retour, comme pour indiquer qu'elle était attentive à lui. Lui cependant ne l'a quitté pas des yeux.

" Arrêtons d'y penser." Il lança, d'un ton doux, mais déterminé. "Que l'on y pense ou non, nous ne pouvons rien y faire dans l'immédiat."

Il avait raison, elle le savait. Elle se prit d'admiration pour le sol, en observant aussi ses pieds tout écorchés. Le jeune homme à ses côtés, prit un air malicieux, en se laissant tomber sur le sol et l'entraînant volontairement dans sa chute. Elle ne put retenir un cri de surprise, posant sa main sur son torse. Les sourcils froncés, elle allait rétorquer, mais il entoura ses épaules avec son bras, et c'était lui maintenant qui avait son regard tourné vers le ciel. Certes, Aelia avait tant d'arguments et de plaintes, mais rien ne sortis, sa gorge n'était pourtant pas nouée. Ce qui lui fit garder le silence, c'est ce sentiment de sécurité qui lui faisait croire et espérer que tout allait bien. Tandis que les astres illuminés le ciel, le décorant d'une beauté inexplicable, ils observaient, dans le calme, ce dessin stellaire. Tout deux se perdant dans l'étreinte, la tête de la rousse reposée sur le torse du jeune homme qui la tenait fermement, comme pour s'assurer qu'elle n'allait pas s'envoler. On ne pouvait savoir s'il se voulait rassurant pour elle, ou pour lui-même. Ils restèrent ainsi un long moment, dans un calme paisible, dont ils avaient tous deux besoins. Leur respiration se complétées, et la douceur du moment était suffisante pour tout oublier, l'espace d'un instant. Le monde leur accordait une pause.

" C'est marrant", murmura la jeune femme, comme par peur que si elle parlait trop fort, elle se réveillerait, "Ça fais tellement longtemps que je cherchais une excuse pour faire ça avec toi.

- Regarder les étoiles ?" il demanda, on pouvait entendre son sourire.

Elle hocha la tête, puis ferma les yeux. Le brun jouait avec les boucles rousses de la jeune femme, tandis que le chant des hiboux et du vent contre les arbres accompagnés cette instant. Malheureusement, en ouvrant à nouveau ses yeux, Aelia fut accueillis par ces fameuses lumières vertes à travers les arbres, qu'elle ne connaissait que trop bien. À nouveau, elle se tendit, tout son stresse lui était revenu. Elle se retira alors des bras du jeune homme, qui la regarda avec étonnement avant de rapidement comprendre. Les deux se relevèrent, tandis que Aelia s'attachait les cheveux, Kian rentra et marmonna quelques mots accompagnés d'un geste vif, qui fit disparaitre dans une légère brise toutes leurs affaires. La cabane avait maintenant l'air complètement abandonnée, et n'était plus du tout éclairée. En se retournant, il aperçut la main tendue de la jeune femme. Dans un sourire, il y joint la sienne. Sous les bruits des soldats qui arrivaient et des lanternes vertes de plus en plus proches, le vent souffla une dernière fois, et ils disparaissaient à leur tour.

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⏰ Last updated: May 16, 2023 ⏰

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