- Et on est où, exactement ?

- Dans le monde interdit.

- Ça, je l'avais compris en lisant la phrase sur le mur, dis-je.

- Ah bon ? Je ne t'aurais pas cru capable de comprendre ceci aussi rapidement.

O.K., cette fille croyait apparemment tout savoir. J'étais singulièrement agacé qu'elle puisse penser que j'étais lent à comprendre.

- Ce que je voulais savoir, c'était si nous étions dans un monde, sur une autre planète, ou...

Autant être fou jusqu'au bout !

- Nous sommes dans un monde parallèle, m'interrompit-elle.

- La phrase était vraiment écrite avec du sang ? interrogeai-je.

La fille pencha la tête sur le côté. Son œil violet me scruta, ce qui me fit frissonner.

- Quelle phrase ? demanda-t-elle sur un ton innocent.

- Au parc !

- Je n'étais pas là, me coupa-t-elle. Et si tu me racontais ?

Je poussai un long soupir.

- Je me trouvais dans un parc d'une ville appelée Londres. Tu connais ?

- Oui, je connais.

- Parfait ! Donc, j'étais dans un parc, et j'allais retrouve mes amis pour faire des trucs avec eux, tu vois ? Et puis j'ai vu une phrase en rouge sur un muret, je l'ai lue, mes amis m'ont pris pour un fou, et je suis arrivé ici. C'est bon pour toi ?

- Je n'y suis pour rien, moi ! Donc je te demanderais de me parler autrement, merci !

Un silence s'installa, que je rompis rapidement. Elle n'avait pas répondu à ma question !

- Alors ? La phrase était vraiment écrite avec du sang ?

- A ton avis ? riposta-t-elle.

Je conclus que la réponse est oui. Morbide.

Je décidai de l'interroger :

- Tu as quel âge ?

Mais elle évita ma question en me demandant aussitôt :

- On est quel mois, dans l'autre monde ?

- En juillet. Au tout début.

- Oh ! souffla-t-elle, surprise.

- Quoi ?

- Rien.

Je soufflai, excédé, et me levai.

- Je rentre par où ?

- Comment ça ?

- Je voudrais rentrer chez moi, peux-tu me dire où...

- Non.

- Non ?!

Elle soupira, puis m'annonça :

- Tu ne peux pas sortir d'ici.

- Pardon ?

- Pour le moment, s'empressa-t-elle d'ajouter, comme si elle avait perçu mon irritation.

Je me tus pendant de longues minutes, si bien que la fille se leva à son tour et tendit une de ses mains vers moi dans un geste hésitant. Puis elle la laissa retomber vivement, sans que j'arrive à comprendre ce qui s'était passé.

J'éclatai d'un rire sans joie.

- Alors, quand pourra-t-on sortir d'ici ? dis-je entre mes dents avec une lenteur exagérée pour éviter de trop m'énerver.

Elle soupira.

- Quand, je n'en sais rien du tout. Mais je pense qu'il existe un moyen pour sortir de ce monde parallèle.

Elle se mordit la lèvre, puis acheva :

- C'est dangereux. Ou plutôt, cela équivaut à une mission-suicide.

- Quel est ce moyen ? demandai-je, impatient.

L'image de mes parents qui me cherchaient partout sans réussir à me trouver s'était imposée à mon esprit. Je voulais sortir d'ici le plus vite possible. Que ce soit dangereux ou non.

- Lorsque tu as lu la phrase sur le mur, tu es tombé dans une Trappe, qui est normalement fermée.

- Pourquoi ?

Elle me jeta un regard qui se veut noir, mais qui avec ses yeux dorés, m'éblouit. Ce qui n'était plus vraiment un regard noir...

- OK, je te laisse finir, soupirai-je.

Je détestais remettre mes questions à plus tard, de peur de les oublier. Mais je me dis qu'avec cette fille étrange, il valait mieux pour moi de lui obéir. Ses yeux bizarres avaient peut-être des super-pouvoirs ?

- Merci. Alors, il faut que je t'explique tout. Ce monde était il y a des millénaires, ouvert aux humains. Puis, une guerre très sanglante a éclatée, et les créatures de ce monde l'ont fermé grâce à des Trappes pour se protéger des Hommes. Nous sommes les deux seules personnes venant de la planète Terre à avoir réussi à pénétrer ces "barrières magiques". Elles se sont ouvertes lorsque nous sommes entrés, puis refermées, comme s'il était impossible pour ces Trappes de rester ouvertes assez longtemps pour nous permettre de ressortir.

- Comment sais-tu tout ça ?

- Peu importe comment je le sais ! répliqua-t-elle avec sécheresse.

- Donc que doit-on faire, pour rentrer chez nous ?

La fille inspira profondément, puis prononça lentement, comme si elle avait peur, ou espérait se tromper :

- Je pense...que nous devons desceller toutes les Trappes.

Le Monde Interdit T1 [EN RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant