Deux peuples unis (Neteyam)

Chapitre 5

POINT DE VUE DE NETEYAM :

Je la regarde partir en courant, ne sachant pas quoi faire. Est-ce qu'ils sont en couple ? C'est vrai qu'il y a toujours eu une complicité entre eux mais je ne m'étais jamais imaginé... Je soupire et suis rejoint par Tsireya.

- Qu'est-ce qu'il y a ? demande-t-elle.

- Je ne savais pas que Lay'la et Rotxo sortaient ensemble...

- Pardon ? s'exclame-t-elle. Oula, tu te trompe ! Ils ont toujours été comme ça, ne t'inquiète pas. C'est vrai que j'ai toujours pensé que Rotxo aimait ma soeur mais Lay'la... Elle le considère juste comme son meilleur ami, crois moi. Ce n'est pas du tout son style.

Elle me sourit pour me rassurer. Je me force à sourire et elle s'éloigne. J'espère qu'elle a raison. D'ailleurs... Pourquoi est-ce que ça me déplait autant ? Je m'apprête à rentrer quand Rotxo s'approche de moi.

- Que représente Lay'la pour toi ? demande-t-il.

- C'est mon amie...

C'est tout ce que j'ai trouvé à dire ? J'aurai pu dire que je la trouve incroyable, magnifique, gentille, adorable, talentueuse et forte.

- Tant mieux parce que moi, j'ai bien l'intention de lui demander de sortir avec moi lors de la fête du retour des Tulkuns. Je la connais depuis qu'on est tout petits, je suis sûr qu'elle acceptera.

Je reste là à le regarder s'éloigner. Un poids s'abat sur mes épaules quand je rentre à la tente. Soudain, j'entends Ao'nung parler avec ses amis en sortant de sa tente. Je me rends compte qu'il parle de Lo'ak et du fait qu'ils l'ont abandonné. Je le saisi par le cou et l'emmène voir mon père. Il répète et nous sortons tous sur la plage pour chercher Lo'ak. Je vois Lay'la, les larmes aux yeux et m'apprête à aller la réconforter quand Rotxo la prend dans ses bras. Je baisse les yeux, triste.

- Tu l'aime, c'est ça ? me demande Kiri en posant une main sur mon épaule.

Je relève la tête et elle incline la sienne. Mon regard veut tout dire et elle me prend dans ses bras.

POINT DE VUE DE LAY'LA :

Je suis trop perturbée pour me détacher des bras de Rotxo. Mais, quand je vois Lo'ak revenir, je me précipite sur lui pour le prendre dans mes bras. Il me serre contre lui et je me dirige vers ma tente pour le laisser avec sa famille. Je m'allonge et m'endors.

Je suis dans l'eau avec tous le monde. Je suis encore énervée contre mon frère mais affiche quand même un sourire sur mon visage. Je me rends compte que Neteyam est un peu distant avec moi et je ne sais pas pourquoi. Aujourd'hui, nous les emmenons à l'arbre des âmes. Une fois sous l'eau, nous leur faisons connecter leurs tresses mais je vois tout de suite que quelque chose ne va pas avec Kiri. Je la prends dans mes bras et remonte à la surface. Neteyam lui fait du bouche à bouche et l'amène dans sa tente. Pendant qu'elle se fait guérir, je m'assois sur le sable, inquiète.

- Elle va bien ? je demande à Neteyam quand il sort de la tente.

- Oui.

Il me fait un sourire triste avant de s'éloigner. Je ne comprends pas pourquoi il est comme ça depuis ce matin. Mais je n'ai pas le temps d'y penser car j'aperçois les Tulkuns au loin. Tout le monde se précipite et je rejoints ma soeur spirituelle; Malia. Je discute avec elle en rigolant.

- Je me suis trouvée un partenaire ! dit-elle. Et toi ?

- Il y a quelqu'un... Je crois qu'il me plait...

Je me retourne et lui montre Neteyam.

- Il est beau !

- Mais depuis ce matin, il est bizarre... Je ne sais pas ce qu'il a...

- La patience est la clé, il viendra !

Je lui souris et m'amuse avec elle tout l'après-midi. Le soir, c'est la fête. Je vais me préparer dans ma tente et enfile ma "tenue spéciale". Je me coiffe pour me faire toute belle.

- Wow ! Tu es magnifique ! me dis Reya.

Tous le monde est déjà à la fête. Selon la tradition, la (ou les) fille(s) du chef doivent arriver en dernier à chaque fête.

- Prête ? je demande.

Elle hoche la tête et nous sortons. Quand nous arrivons à la fête, les deux premières personnes que nous voyons sont Neteyam et Lo'ak. Je peux voir que ce dernier est en admiration devant ma soeur. Elle s'approche de lui et ils disparaissent dans la foule.

- Tu es magnifique, murmure Neteyam.

- Je t'ai entendu, tu sais ?

Je n'ai le droit qu'à un regard triste.

- Mais qu'est-ce qu'il y a ? Tu as été comme ça toute la journée...

- Tu verra bien pourquoi pendant cette fête.

J'affiche mon incompréhension mais il ne veut pas m'éclairer. Je rejoints Tuk et me mets à danser avec elle. Nous rions pendant plusieurs minutes avant que Rotxo s'approche de moi.

- Salut, dit-il.

Je souris en retour.

- J'aimerai votre attention, s'il vous plait ! s'exclame-t-il.

Plusieurs personnes dont les enfants Sully, mon frère et ma soeur, se taisent.

- Lay'la, commence Rotxo en se tournant vers moi. Depuis quelques années, j'aimerai te demander quelque chose.

J'ai mauvais pressentiment. J'ai quelques doutes sur le sujet mais je ne sais pas comment l'arrêter.

- Est-ce que tu veux sortir avec moi ?

Je me fige. J'en étais sûre. Depuis que je suis toute petite, Reya n'arrête pas de me dire qu'elle a l'impression qu'il m'aime mais je l'ai toujours ignoré. C'était une erreur, j'aurai dû rembarrer Rotxo plu tôt. C'est la tradition de faire ses avances pendant les fêtes, mais un refus entraine une humiliation. J'ai envie de lui dire non, mais je ne sais pas comment lui dire pour ne pas le blesser.

- Rotxo... je commence d'une voix douce. Je t'aime beaucoup, tu as toujours été là pour moi. Mais... Depuis tout petits, tu as été mon meilleur ami et je ne peux pas te considérer autrement. Je vais donc refuser ta proposition, je ne ressens pas la même chose que toi.

Je souris légèrement, compatissante. J'espère qu'il ne l'a pas mal pris. Tous le monde est silencieux autour de nous.

- Mais pourquoi ? demande-t-il, les joues rouges.

- Je... Mon coeur appartient à quelqu'un d'autre.

Il jette un rapide coup d'oeil à Neteyam avant de reculer. Je croise le regard de Reya qui me sourit d'un air de dire "je sais qui c'est". J'entends un soupire de soulagement derrière moi et me retourne pour voir Neteyam qui me souris de toutes ses dents. C'est là que je comprends pourquoi il s'est comporté comme ça aujourd'hui. Il avait peur que j'accepte la proposition de Rotxo. Je rougis très fort et nous rentrons tous dans nos tentes. Je m'endors, mes pensées tournées vers celui qui me fait craquer.