35-le Cœur De Tom (2/2)

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Rémi n'exultait pas de joie.
Mais il admettait sans mal qu'avoir repris sa forme originelle le soulageait. Malgré leur ressemblance, le physique de Tom différait du sien sur un millier de points.

Des cheveux plus longs, aucune barbe, des muscles plus secs, une force surhumaine, un bon million de souvenirs, et une attirance écœurante  envers la petite garce qui l'avait démasqué.

Reproduire à l'identique son corps, jusqu'à ses souvenirs les plus intimes demandait de l'effort, beaucoup d'efforts. Quand il avait commencé à découvrir ses pouvoirs, à l'âge de cinq ans, il ne parvenait qu'à colorer sa chevelure.

Et ses parents rayonnaient déjà de fierté.

À présent, il ne réfléchissait plus, il agissait. Comme quand on s'installait sur un vélo et que nos pieds s'activaient autour des pédales, ses pouvoirs eux répondaient s'il les demandait.

La douleur venait après.

Plus que jamais, elle était insoutenable.
Des crampes alourdissaient ses muscles, son cœur battait à se rompre et des perles de sueur gouttaient sur son front blanchâtre.

Seule l'idée plaisante de la vengeance l'aidait à tenir, à survivre. Ça, et la colère qui naissait dans le regard de Lizzie.

Il l'avait touchée, sans même la frôler.

— Où est mon Tom ? répéta-t-elle, dans son armure monstrueuse.

— Tu aimerais le savoir, n'est ce pas ?

Malgré les picotements qui le devastaient, il ressentait encore la satisfaction de la voir trembler. Il apercevait cette  lueur fragile dans ses yeux roses, qui soutenait qu'il lui était toujours supérieur.

Elle ne gagnerait pas.

— Si tu lui as fait du mal, grinça-t-elle comme un animal en rogne, je ...

— Tu me dénonceras? se moqua-t-il.  Tu me tueras ? On sait tous les deux que tu n'en as pas le cran. Tu ne sais pas ce que ça fait de... Tuer.

Mais lui le savait. Mieux que personne. Il le prouvait à ses bottes luisantes de sang bleu. Une tache fraîche qu'il n'avait pas encore eu le temps de nettoyer.

Difficile d'être moi...

Et sous ses ongles aux bords bleu nuit, s'enfonçaient des échardes de bois. De la corne sous les doigts, récompense de ses efforts, signe de ses prouesses.

— Mais, ajouta-t-il en plissant le front, moi je n' ai pas peur. Tu veux que je te montre ?

Il délogea de son manteau un long couteau, dont la lame scintillait de concert avec les trois rubis qui gravaient son manche... Semblables à trois gouttes de sang humain. Lizzie le reconnaissait-elle ? Rémi préféra songer que oui : il aimait assez bien l'idée de lui trancher la gorge avec l'arme de son héroïque  petit copain.

Mais à peine eut-il le temps d 'esquisser le moindre geste que l'arme lui échappa des mains. Elle tinta contre le sol, balayée dans la cellule d'à côté.

— Je ne peux peut-être pas te tuer ! Mais je peux t'empêcher de nuire !

Il sentit ses muscles se raidir, son corps lui désobéir, et une couverture translucide s'agglutiner contre sa peau.  Tandis qu'il se stabilisait, genoux pliés, à un mètre du sol , Lizzie fronçait les sourcils, sans le quitter du regard, sans même cligner des yeux.

Elle ne réussira qu'à se tuer...mais soit. Ça m'epargnera de le faire.

En effet, le sort ne tarda pas à s'essouffler et Rémi reposa pied à terre. Le menton de Lizzie s'affaissa, ses épaules s'avachirent et elle s'écroula de tout son long, épuisée.

Rouge grenade (terminée) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant