Premier Chapitre

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Il y a des gens à qui tout sourit, que se soit pour de la chance, la réussite ou même la gloire.

J'ai beau mené une vie classique, il semblerait que malgré moi, j'appartienne à cette catégorie de personne dont le quotidien est dévasté par des imprévus.

Cette chose qui ne m'aurait jamais traversé l'esprit, que je n'aurais convoité ou imaginé comme probable.

Mes parents ont d'ailleurs tout fait pour que tout se passe dans les règles et comme il en était convenu. Presque jamais là, pour ma sœur et moi, s'en est peu que l'on ne les considère plus comme présents.

Je m'y étais faite au bout de tant d'années, qui étais-je pour vraiment les juger ? Ils n'étaient juste que de mauvais parents qui tentaient de combler leur absence par de l'argent. Ils n'étaient juste que mes parents. Deux fonctionnaires à qui je devais l'étiquette de " petite gosse de riche " à tout bout de champs.

Pour Owen et Diane, je n'étais qu'un des trophées de leur réussite, laisser à l'abandon derrière une vitrine neuve. Des liasses de billets vaut mieux que l'amour de leur enfant, après tout.

Au fur et à mesure que je recensais touts ces faits, un autre sentiment s'introduit en moi, celui de l'amertume. Je souffle contre la vitre froide de la voiture, où au loin et au dehors, l'atmosphère n'a pas changé.

Des langues de brouillards se dissimulent entre les arbres qui se succèdent sur le trottoir. Ici et là, une dizaine de frênes de l'Oregon semblent comme sombrer par ce temps si grisâtre et morose. Seulement, c'était le temps habituel de Portland, l'humidité, le froid et la pluie. Vivre en pleine Willamette Valley avait de bon côté comme les montagnes, les lacs et les forêts mais, cela n'égalait pas le quotidien d'une personne vivant en Floride ou en Californie. Ici, rien ne se passait enfin, rien qui ne puisse attirer mon attention. Cependant, ce calme avait parfois des avantages pour quelqu'un qui menait un train de vie solitaire, comme moi.

Le téléphone qui vibre à côté de moi me fait presque émerger de mes songes et je tourne la tête vers ma mère, attendant qu'elle le prenne car je sais qu'elle allait le faire. Ses doigts tapotent sur le volant et ses respirations semblent plus nombreuses, elle est stressée. Depuis l'accident de ma sœur qui a donné suite à un décès, elle n'ose plus prendre son téléphone lorsqu'elle conduit du moins, pas devant moi je suppose.

Elle se stoppe net à la vue d'un feu rouge et se jette aussitôt sur son portable, sa mâchoire se durcissant et le regard navré. Sans qu'elle n'ait besoin de le dire, en communiquant seulement avec un regard, je compris qu'elle ne serait pas là la semaine prochaine, encore une fois. Étrangement, ça ne me contrarie pas plus que ça, après tout j'avais l'habitude. Pourtant, nous avions tout prévu : une journée shopping entre filles. Mais comme à chaque fois, son travail venait s'interposer entre notre relation de mère et fille.

Depuis le décès de Joanna, mes parents tentaient de faire des efforts. Plus souvent là, ils essayaient de jouer le rôle de parents présents le mieux qu'ils pouvaient. Néanmoins, le problème de l'argent revenait à tout bout de champs et j'étais à ce moment-là, encore une fois laissée à l'abandon.

À la vue de mon lycée, je soupire de soulagement, serrant mon sac contre moi. Maman se gare rapidement sur une place menant directement à la route mais ne prend pas la peine d'éteindre le moteur, elle partirait aussitôt de toute façon.

- À ce soir Shannon, elle étire ses lèvres dans un sourire qui demande de l'indulgence, et je suis illico surprise lorsqu'elle me fait un signe de main.

Une fois mon dos tourné, j'entends le moteur rugir et je sais d'ores-et-déjà qu'elle part en trompe.

Love my teacher [ Réecriture ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant