Ilyes: J'ai fait les courses.

Ses mots ont résonné dans le vide sans atteindre mes oreilles. Mon cœur a raté un battement, voir deux ou trois. Disons simplement que mon rythme cardiaque n'était plus si rythmé que ça.

J'avais presque oublié à quel point son visage pouvait sembler figé. En fait "figé" n'est pas vraiment le mot le plus approprié, mais là tout de suite ? Tout le vocabulaire français semble avoir quitté mon cerveau. Il était plus grand que dans mes souvenirs. J'avais l'impression de ne pas l'avoir vu depuis des années. Peut-être même que ça faisait vraiment quelques années qui sait ?

Puis je me suis rappelée que je sentais le cadavre de hyène, que je venais de me réveiller sur une table et que je ressemblais à une vieille brosse à dent usée et odorante.

J'ai posé mes yeux ailleurs en resserrant autour de moi le drap que j'avais emporté de ma chambre. Heureusement que le ridicule ne tue pas car je serais morte il y a bien longtemps sinon.

Ilyes: Assis toi.

J'ai entendu Fares se diriger vers mon frère.

Ilyes: Vous voulez manger quoi ?

J'ai reposé ma tête sur mes mains en me traitant de tous les noms pour m'être endormie dans la cuisine.

La cuisine. J'ai vraiment atteint un niveau bien bas pour fondre en larmes parce qu'il n'y a rien à manger. Bien sûr, il fallait que je tombe sur Fares dans ces conditions.

Fares: Laisse, tu risques de brûler l'appart.

Ilyes: Ok je te laisse faire chef. Fais nous tes pâtes de la dernière fois, c'était trop bon.

Il y a eu du bruit, puis Ilyes a tiré une chaise et s'est assit à côté de moi.

Ilyes: Au fait j'ai posé mes congés.

J'avais l'impression d'être une carcasse à qui il faisait la conversation.

T'as l'impression d'être beaucoup de choses toi.

J'ai tenté de chasser cette voix en orientant mes pensées vers autre chose. Les bruits de la cuisine qui retentissaient derrière moi me rappelaient des souvenirs de maman en train de faire à manger, Chahinez derrière elle qui l'observait, et moi assise à table à les regarder. Des images de Chahinez en train d'apprendre à cuisiner se sont mises à apparaître derrière mes paupières fermées, puis de moi en train de me plaindre qu'elle mettait la cuisine dans un tel état qu'on croirait presque qu'il y a eu une perquisition.

- T'as des nouvelles de maman ?

Je savais déjà ce qu'il allait me répondre. Il devait afficher cette expression qui signifiait "je sais ce que tu veux savoir, et désolé mais la réponse est non".

Je n'avais pas la force de lever la tête pour le confirmer, mais j'en aurais mis ma main à couper.

Ilyes: Elle va bien.

Bien sûr qu'elle va bien.

Pourquoi ça n'irait pas ?

Elle est chez sa famille avec Chahinez dans le pays où elle a grandit. Elle profite des vacances pour revoir ses proches, se reposer, se promener... et sûrement faire plein d'autres choses.

Ilyes: J'ai dit à Chahinez que t'étais de retour à la maison.

J'ai ouvert les yeux pour poser un regard attentif sur lui.

Ilyes: Elle m'a demandé de tes nouvelles.

Ah bon ?

Il a hoché la tête pour confirmer mes pensées. J'étais un peu surprise sans vraiment savoir pourquoi. J'ai laissé mon esprit divaguer vers ma sœur en me disant que j'avais l'impression de ne pas l'avoir vue depuis une éternité. J'avais presque oublié le son de sa voix.

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⏰ Dernière mise à jour : Feb 14 ⏰

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𝕷𝖊𝖎𝖑𝖆: ℭ'𝔢𝔰𝔱 𝔩𝔢 𝔡𝔢𝔰𝔱𝔦𝔫Où les histoires vivent. Découvrez maintenant