- Kevin merci mais je vais me débrouiller pour ...

- Marvin, je m'appelle Marvin.

- Marvin, tu devrais y aller.

- On se revoit quand ?

- Pour être honnête, je pense qu'on ne se reverra pas.

- T'es sûre ?

- Certaine.


Monsieur était vexé, ça se lisait sur son visage.


- J'étais venu par charité de toute façon, ta pote avait l'air de dire que t'es désespérée.
- Ah oui, tu es ce genre ?

- Quel genre ?

- Celui qui dénigre la femme qu'il voulait ramener chez lui y'a moins de 2 minutes parce qu'elle lui dit non.

- T'es quel genre toi ? Féministe extrémiste qui se respecte trop pour baiser le premier soir ?


Alice sourit en passant sa langue sur ses dents, énervée.


- J'adore baiser le premier soir Kevin, répondit-elle, mais j'ai plus envie de laisser sa chance au Uber qu'à toi ce soir...


Et alors qu'elle se rendait compte qu'elle avait parlé un peu fort, elle entendit quelqu'un pouffer de rire du côté du bar. En regardant par là elle croisait les yeux rieurs du barman qui les observait sans s'en cacher.

Enfin qui l'observait elle, surtout, depuis le début du rendez-vous.

L'aquariophile se leva et marmonna un délicieux "salope" avant de quitter le bar. Alice ne se soucia même pas qu'il lui laisse la totalité de la note et inspira profondément dès qu'il fut sorti. Au même moment, son téléphone sonnait, c'était Myriam qui était déjà prête à débriefer.

Tout en répondant, Alice abandonna ses escarpins sur le sol et remonta ses pieds sur la banquette.


- Alors ? s'enquit Myriam, enthousiaste. Il est drôle pas vrai ?

- Drôle ?

- Quoi ?

- Je veux plus jamais entendre parler de tes potes, plus jamais tu m'entends ?

- Mais ça s'est mal passé ?

- Je te raconterai quand tu te seras fait pardonner avec au moins 1 kilo de frites maison, lança Alice en se débarrassant de ses bijoux un à un.


Elle en avait trop fait... Parce qu'elle pensait ne pas pouvoir être simplement elle si elle voulait « rencontrer quelqu'un ». Faire un effort pour paraître meilleure c'était un peu renoncer à être soi, non ?

Et puis, voulait-elle vraiment rencontrer quelqu'un ? Ou le devait-elle ?

Quand les intentions étaient claires, les attentes limitées, tout était bien plus facile.

Son téléphone coincé entre son oreille et son épaule, elle retira sa boucle d'oreille quand elle vit une large main toute tatouée lui déposer un nouveau cocktail sur la table avec un post-it disant "offert par la maison". Alice leva les yeux vers lui et sourit en continuant d'écouter son amie qui s'excusait pour son rencard raté. Il lui fit un clin d'œil avant de retourner au bar pour s'occuper de ses affaires en lui tournant le dos.


- Pourquoi tu m'as conseillé ce bar au fait ? demanda soudain Alice en observant le dos du barman.

- Je connais un peu les patrons, je sais que les barmans sont du genre à intervenir tu vois, au cas où...

- Tu connais le barman tatoué et canon ?


Il l'avait entendu, elle s'en rendait compte en le voyant tourner imperceptiblement la tête dans sa direction.


- Non ça ne me dit rien, riait Myriam au téléphone. Me dis pas que tu vas...

- Je suis presque sûre de l'avoir déjà vu quelque part.

- Tu te souviens de son nom ?

- Non... Je sais plus où on s'est parlés.


Elle continua de détailler son dos en espérant que ses souvenirs lui reviennent. Si elle arrivait à se rappeler ça ferait une bonne entrée en matière, pour lui parler et...


- Bon je suis à 1 heure de marche de chez moi, soupira Alice en se raisonnant et en sortant ses tennis de son sac à main. Je vais y aller.

- Appelle un Uber.

- Non je vais marcher.

- Demande au barman de te ramener sinon...

- T'aimerai bien hein...elle rigola en essayant d'être discrète. Je croyais que je ne devais me concentrer que sur des « relations potentiellement sérieuses » ?

- J'ai jamais dit que tu ne pouvais pas faire ce que tu veux, j'ai seulement dit qu'il devait bien y avoir une personne quelque part qui mérite que tu tombes amoureuse d'elle... si tu voulais bien laisser une chance à la vie, tout ça, tout ça.

- Elle a déjà eu sa chance la vie et elle a merdé.


Myriam resta silencieuse. Et puis, les deux amies se dirent bonne nuit avant de raccrocher. C'était probablement pas la bonne chose à dire, mais ça aussi elle devait apprendre à le faire. Parler. S'ouvrir. Avec les bons mots, au bon moment. 





Celle qu'il aimeDonde viven las historias. Descúbrelo ahora