𝐏𝐀𝐑𝐓 𝐕𝐈𝐈𝐈.

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Elizabeth était en train de marcher, il était tard et elle revenait du bar. Cette soirée avait été bien moins pire que ce qu'elle s'était imaginée. Dans la nuit, seul le bruit de ses vieilles converses déchirées contre le pavé résonnait dans la rue, elle ne se repérait qu'à la seule lumière défaillante des lampadaires tout au long du trottoir.

Derrière elle, la jeune femme cru entendre des pas. Elle jeta un rapide coup d'œil dans son dos et son cœur rata un battement en voyant à quelques mètres d'elle, une personne la suivant.

Elizabeth se mit alors à marcher de plus en plus vite, regardant dans toute les directions afin de trouver une issue. Bien qu'elle essayait de paraître le moins suspecte possible, ce n'était pas très concluant.

Dans la poche avant de son sac, il y avait un canif qu'elle attrapa furtivement. Si on lui avait dit qu'elle s'en servirait un jour pour se défendre à Hawkins, elle aurait rit. Elle inspecta l'objet entre ses mains quelques secondes ; sa lame aiguisée et rouillée, son embout en bois dont la peinture rouge craquelait, et la gravure au bout de ce dernier : "B.H". Mais sa contemplation fut de courte durée puisqu'elle fut prise d'un sursaut en entendant la personne derrière elle l'appeler. Elle fourra l'arme dans sa poche et prit soin de faire la sourde oreille.

- Hey ! comme elle le craignait, c'était un homme.

- Hey ! répéta-t-il.

Elle accélera la cadence mais l'inconnu fit de même. Évidemment. Quelle idée de rentrer seule si tard en même temps, elle aurait pû se faire raccompagner. Son quartier n'était en plus pas connu pour ses bonnes fréquentations ; bien au contraire.

- Hey, Elizabeth ! la rousse baissa la tête comme si cela allait lui être d'une quelconque utilité.

Elle voulait se faire toute petite, qu'on ne la remarque plus. Cela aurait été plus simple de pouvoir disparaître d'un coup. À coup sûr, elle allait finir au bord de la rivière. On retrouverait son corps trempé et poignardé une vingtaine de fois un matin brumeux, après des semaines intensives de recherches. Tout comme en 1983, lorsque la ville entière était mobilisée et à la recherche du petit Will Byers.

Alors que la jeune femme essayait de se noyer dans son flot de pensées, une pression fut exercée sur son épaule. Son sang se glaça et elle se retourna en un éclair, menaçant l'homme de son couteau.

- N'ose même pas me toucher, dis-elle en essayant de paraître la plus convaincante possible malgré sa voix tremblante.

L'homme leva les deux mains en l'air de part et d'autre de sa tête, et ce n'est que lorsque la lumière du lampadaire au dessus d'eux se ralluma sans pour autant arrêter de défaillir qu'elle reconnu qui il était ; Eddie Munson.

- Woah woah woah... Doucement, ok ? Baisse moi ce couteau, dit-il en posant sa main sur son poignet pour lui faire baisser son arme.

Ses bagues froides contrastaient avec la chaleur que ses doigts apportaient à l'épiderme d'Elizabeth. C'est alors qu'elle remarqua que sa main tremblait incessamment. Relevant la tête, elle s'attarda sur son regard des plus doux.
Il n'était absolument pas accusateur, loin de là. Ses yeux noisettes tentaient tant bien que mal de la rassurer.

Mais lui faire comprendre que tout allait au mieux n'était pas une tâche des plus simples. La rouquine se dégagea de sa prise plus violemment que ce qu'elle pensait et rangea son arme dans sa poche. Suite à son action, elle se sentait quelque peu honteuse. Elle venait vraiment de menacer Eddie Munson au couteau ?

- Tu rentres chez toi ? lui demanda-t-il.

- Oui. répondit-elle sèchement.

Ne s'attendant elle-même pas à cette réaction, ils passèrent quelques secondes à se regarder dans le blanc des yeux. Le regard d'Elizabeth dérivait du garçon en face d'elle à la ruelle. Elle ne savait pas où le poser. Dans le quartier à l'éclairage jaunâtre, une légère brise estivale soufflait. On entendait le bruit des voitures passant sur la route à quelque kilomètres d'ici.

𝐇𝐞𝐚𝐯𝐞𝐧𝐟𝐢𝐫𝐞, 𝖾𝖽𝖽𝗂𝖾 𝗆𝗎𝗇𝗌𝗈𝗇Nơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ