𝐏𝐀𝐑𝐓 𝐕.

199 24 10
                                    

L'ambiance pesante de la pièce aux murs d'un jaune vieillot décorés de dessins d'enfants et de posters de prévention en tout genre n'aidait pas Elizabeth à se sentir mieux. En fait c'était tout le contraire, les cliquetis de l'horloge au mur la stressaient encore plus. La patiente faisait tressauter sa jambe et se triturait les doigts d'angoisse. Lorsque la femme souriante en face d'elle lui annonça la fin de la scéance elle ne prit même pas la peine d'écouter ses recommandations et se dépêcha de sortir de la salle qu'elle avait en horreur. L'odeur mentholé de cette dernière fut bien vite remplacée par la puanteur émanant naturellement d'un groupe d'adolescents en pleine puberté.

Elizabeth se dirigea vers la porte de sortie arrière du lycée. Elle aurait dû aller dans l'autre sens, la salle de chimie était pourtant bien de l'autre côté. Mais elle avait tout sauf envie de faire mumuse avec des tubes à essai. Alors au lieu de ça, elle traça sa route jusqu'à une table de pique-nique au milieu de la forêt entourant le lycée. Elle se rappelait de l'endroit comme d'un lieu calme où personne ne venait jamais ; elle espérait que ce soit toujours le cas. Pour pouvoir réfléchir à son existence au milieu de la forêt sans que l'on ne vienne nous déranger, c'était le pied.

Malheureusement, quelqu'un se trouvait déjà là, assit sur la table en bois ayant traversée les époques. Il semblait pourtant que la rousse avait de la chance dans son malheur puisqu'elle reconnu là les longs cheveux bruns bouclés d'une compagnie des plus supportables.

Sous son pied, une branche craqua, et Eddie Munson se retourna d'un coup. Son genou heurta la table et il laissa s'échapper un juron en agrippant l'endroit injurié par réflexe. La jeune fille gloussa en le voyant et le blessé lui adressa un sourire crispé par la douleur.

- Qu'est-ce que tu fais là ? lui demanda-t-il.

- Un water-polo avec des créatures de l'autre monde, tu vois pas ? dit-elle en s'approchant de lui.

- Woah, du sarcasme ? Très original, Mayfield, se moqua-t-il.

Elle rit et prit place à ses côtés sur la table. Les mains agrippées au bord de cette dernière, elle sentait son auriculaire effleurer celui du garçon. Elizabeth ne fit rien, tant qu'elle en oublia presque de respirer. Dans ce silence olympien elle ne savait que faire, que dire ou même s'il allait lui parler. Elle sentait la chaleur de son corps près du sien et c'était une situation qu'elle n'aurait jamais cru être déstabilisante.

Pourtant des garçons elle en avait fréquenté en Californie. D'accord, ça s'était arrêté au bisou la plus part du temps. Mais quand même, elle n'était plus la petite Elizabeth apeurée par leur présence. Il fallait croire que la vie avait décidé de n'en faire qu'à sa tête puisqu'elle se retrouvait maintenant déboussolée par la simple chaleur de Eddie Munson à côté d'elle.

Aux pieds du garçon, une malle dont Elizabeth pensait connaître le contenu. Elle la regarda et jeta un coup d'œil à son possesseur.

- Tu ramène ta came au lycée ? questionna-t-elle le plus grand.

Il la regarda étonné, ne s'attendant sûrement pas à ce qu'elle sache pour son petit gagne pain.

- C'est un secret pour personne que tu deal, l'informa la rousse.

Le dealer sourit et leva les yeux au ciel. Il se pencha pour attraper la boîte et la designa à sa comparse.

- T'en veux ? lui proposa-t-il.

- Plus tard ; là je viens de sortir d'une séance de psy. Je risque de devenir aussi chelou que mademoiselle Kelly. J'me vois mal sortir des huiles essentielles, t'en asperger et te demander de me raconter tout tes problèmes, expliqua l'adolescente à Eddie.

𝐇𝐞𝐚𝐯𝐞𝐧𝐟𝐢𝐫𝐞, 𝖾𝖽𝖽𝗂𝖾 𝗆𝗎𝗇𝗌𝗈𝗇Where stories live. Discover now