Banana split et Danse lascive

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La Faë qui entre-temps a eu l'aval de la douairière se lance dans un ballet compliqué, la musique classique me donne envie de dormir et je bâille littéralement. C'est d'un ennui, je n'aime pas le RAP, mais je crois que tout est préférable à ces arabesques compliquées et ce piano soporifique.

Je pose ma tête dans ma paume et je repense à ce que j'ai appris en arrivant ici. Bazar, je suis la fille de Nuada. Le pire, c'est que cela explique pourquoi Lucifer a fait de ma vie un enfer. Oui, même quand je pense, je suis drôle. Que voulez-vous, on est comique ou on ne l'est pas...

OK ! Je vous l'accorde, c'est digne d'un enfant de CP, mais je ne sais pas si je l'ai déjà dit ou plutôt pensé, seulement je m'ennuie !

J'avise un plateau de fruits et j'en vois un qui me plaît et surtout que je connais : une banane. Ni une ni deux, je m'empare du fruit sous les yeux de Julian qui tente de me dire quelque chose. Je hausse les épaules, je ne suis pas amateur de mime, s'il a un truc à me dire, il n'a qu'à l'ouvrir au lieu de tourner des yeux ainsi.

J'adore les bananes, je pourrais en manger des tonnes. Je l'épluche et j'en prends un énorme morceau dans ma bouche en soupirant d'extase. Je la déguste avec plaisir, au moins un truc de bien dans cette journée merdique. La texture veloutée glisse sur ma langue, je m'oblige à la mâcher doucement tout en fermant les yeux pour tenir le goût plus longtemps en bouche. Plus rien ne compte que cette sensation de plaisir que je m'accorde.

D'un coup, je perçois un soupir plus que théâtral, j'ouvre les yeux pour regarder Amhara et je constate qu'elle s'est arrêtée brusquement. Les bras croisés sur sa poitrine, visiblement furieuse. Qu'est-ce qu'elle me reproche encore ?

« Tu veux me tuer, tu te venges? » demande dans ma tête Julian.

Surprise, je le dévisage et je constate que tout le monde m'observe. Enfin, quelques femmes ont des éclairs dans les yeux et prévoient apparemment de m'occire dans les plus brefs délais. Quant à ces messieurs, on dirait qu'ils ont vu le meilleur film de cul de leur vie.

« Justement, je suis toujours émerveillé lorsque tu manges une banane, mais parce que pour un homme, ta façon de la savourer est... ».

Julian n'a pas besoin de développer sa pensée. Je viens de percuter qu'il m'avait déjà mis en garde que ma façon de me nourrir de certains aliments pouvait être prise comme une invitation à la luxure.

Oh ! Ça va, ce n'est pas comme si j'étais responsable de tous les malheurs des mondes. Eh ! Oh ! On arrête tout de suite, je vous vois venir et même si souvent je fais des boulettes, là franchement, sa danse c'est merdique. Même le gros bonbon à la guimauve, dans le film de chasseurs de fantômes, dansait mieux !

Eh bien ! Vas-y, puisque tu es si forte ! me lance la créature qui semble enragée que j'aie réussi à mettre le feu aux cerveaux lubriques de sa cour de vieux croulants.

Je crois que je l'ai un peu énervée là. Bromia saute sur ses pieds et m'attrape par la main pour me mener au milieu de la pièce. Euh !!! Mayday ! Mayday ! Houston, nous avons un problème. Bro ne s'imagine quand même pas que je vais danser ou encore pire, me donner en spectacle ?

De la musique de la Terre se fait entendre, elle sort de je ne sais où et je reconnais tout de suite le morceau. J'ai vu cette comédie musicale tellement de fois que je ne risque pas de laisser « Bébé dans un coin ». Bromia me sourit et Julian d'un geste du menton me désigne l'énorme enceinte. Mais elle était cachée où ?

Elle se mord l'intérieur de sa joue pour ne pas rire et me souffle :

— Je te dirais bien un truc, mais tu vas râler, encore !

Daemonuis Heaven or Hell'sWhere stories live. Discover now