Du Rififi chez les fées

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— Je ne dirais pas insignifiante, surtout après ce que tu as engendré dans cette piaule. Cesse de t'inquiéter, petite chose. Nous retrouverons tes amis et ton frère, je te le promets sur ce que j'ai de plus cher !

Sans comprendre pourquoi, la fureur se ravive en moi et je le frappe de toutes mes forces. À ma grande surprise, il bouge de quelques millimètres en levant un sourcil étonné lui aussi. Putain ! D'ailleurs, comment fait-il pour avoir des traits aussi soignés, il s'épile ?

Oui, je crois que l'on peut dire que je n'ai plus la lumière à tous les étages. Alors, je lui fonce dessus tête baissée et je le roue de coups. Je sais que c'est perdu d'avance, mais j'en ai marre que l'on me considère comme quelque chose de fragile.

— Je ne suis pas une PUTAIN DE PETITE CHOSE ! martelé-je en insistant sur chaque syllabe.

— OK ! OK !

Cette voix est si proche de moi, que l'espace d'un instant, j'ai l'impression que Snow va sortir de derrière de ce colosse et m'expliquer que tout cela n'était qu'une vaste blague. Malgré moi, les larmes se mettent à couler le long de mes joues, sans que je puisse les arrêter... Plutôt, sans que j'essaie de les stopper.

— C'est si douloureux, j'ai si mal, glapis-je en me tenant à présent au T-shirt bleu de l'homme devant moi. Je veux mon frère ! J'ordonne de retrouver ma vie d'avant ! J'exige mes amis auprès de moi en bonne santé et vivants ! Je n'en peux plus de me battre...

Je sens une présence derrière moi alors que je m'accroche à Iago comme s'il était une bouée dans un océan d'emmerdes. Le corps de mon frère bientôt suivi de notre cousine se colle à moi, j'entends Améthyste me prononcer d'une voix cristalline :

— Nous allons les sauver, tout comme tu l'as réalisé avec moi, Topaze. Je te le jure ! Merci, ma chérie.

Je passe la main sur les leurs, alors qu'ils pressent leur torse sur mon dos, mes flancs, ce qui m'oblige à me cramponner plus étroitement à Iago. Je sens son cœur battre à l'unisson du mien, mais je suis trop fatiguée pour ajouter le moindre commentaire.

J'ai perdu mon frère, mes amies, je n'ai plus de nouvelles de personne. Hormis le flash info qui ne cesse de tourner sur la télévision qui montre la mine décidée de Bry avec des Valkyries à ses côtés. Mes yeux fixent les siens à travers le reflet de l'écran, je sais à la veine qui palpite sur sa gorge que cela ne s'est pas passé comme elle le souhaitait. J'avise Démétrius qui se tient légèrement en retrait, son long cache-poussière marron claque au vent, donnant encore plus d'étrangeté à ce spectacle déjà cocasse.

Je n'ai pas besoin que les journalistes fassent le point sur ce qui les entoure, car vu les rictus qu'ils ont tous et l'attitude belliqueuse des guerrières. Nul doute que l'armée française les encercle, comme toutes les forces de l'ordre à disposition, je suppose.

Dans quel monde vivons-nous, pour qu'il n'y ait que la loi du plus fort qui ne fasse foi ? Finalement, est-ce que les humains ne seraient pas devenus les démons et nous les êtres sans défense ?

De quel droit Lilith et Lucifer se permettent de faire du mal à ceux que j'aime ?

Je sens l'âme de Sky chercher celle de notre frère depuis des jours, des mois. Et plus le temps passe et plus le bon en lui s'amenuise au profit de sa part démoniaque. Petit à petit, l'obscurité grignote ses ailes. Qu'adviendra-t-il de nous ?

J'ai peur... Cet aveu me fait me crisper un peu plus contre le corps de cet homme, cet inconnu que je ne côtoie que depuis à peine un mois. Et qui à présent, ne veut plus sortir de ma tête, encore moins de mon cœur et je ne vous parle même pas de mon corps...

« Bella, tu ne sors pas plus des miens. Je sais que nos espèces ne s'entendent pas et je ne comprends pas plus que toi, ce qui m'attire vers toi. Je sais juste une chose, je dévorerai le premier qui touche un de tes cheveux ou qui osera te faire souffrir. Dussé-je être la dernière chose que j'entreprends sur ces mondes».

Ce n'est pas la première fois que le loup-garou rentre dans mon esprit pour me parler. Cependant, la nouveauté réside dans le fait que j'ai la sensation que son loup est d'accord avec lui. Est-ce que j'en tire du plaisir ?

Absolument pas ! À vrai dire, je suis même terrifiée par les sentiments qui agitent nos corps et par son serment. Car je suis sûre que c'en est un, une promesse dont je ne veux pas imaginer l'issue. Je n'ai pas cédé, mais jusqu'à quand ?

Et quel avenir aurait notre relation ?

Il a raison, nos espèces se détestent et c'est peu de le dire.

— Le monde est un éternel recommencement, soupire Sky à mon oreille. La vie n'est pas gravée dans le marbre, sœurette.

Mes yeux retrouvent le regard flamboyant d'Iago, et je n'arrive plus à quitter son visage où je lis une détermination sans faille. Ma main droite remonte doucement le long de son ventre de son propre chef pour se poser sur son cœur, le tempo régulier de celui-ci est exactement au même rythme que le mien. Comme si nos organes avaient pris leurs décisions, il y a bien longtemps sans même nous demander notre avis.

Je m'ébroue et je me décide à lâcher la chaleur réconfortante de leur corps à tous les trois.

— Il faut nous rendre à Paris, observé-je hâtivement.

Ils examinent successivement l'écran et l'appartement ravagé.

— Améthyste, te sens-tu capable de faire le voyage ? s'inquiète mon frère.

Notre cousine fixe une de ses ailes qui pend dans un état déplorable.

— Il me faudra de l'aide, mais oui, je vais me rallier à votre cause et nous irons chercher nos semblables en passant.

Je me retourne vivement vers elle.

— Comment cela, tu n'es pas la seule représentante de notre espèce ?

Elle a un sourire machiavélique, qui me file les jetons. Je dois bien être honnête et d'une voix que je jurerais sortie tout droit des enfers, elle siffle :

— Contrairement à ce que croyait ce gros porc, je n'ai jamais failli et je n'ai jamais donné la position des survivants, qu'ils soient de Féerélia, d'Avalon ou d'Atlantide.

— Oh bordel de merde ! Il y a tant de rescapés de ces mondes ? Mais on n'y a plus accès depuis des siècles, éructe Iago complètement sonné.

— La reine Sharina a veillé à mettre le plus de monde à l'abri, mais ne me demandait pas ce qu'elle est devenue, je n'ai plus de nouvelle depuis un moment. Mais je sais peut-être qui pourrait en avoir.

— Qui cela ? nous nous exclamons en chœur tous les trois.

—Arwen O'Malley.

Là, c'est moi qui suis soufflée, j'ai toujours cru que les histoires de cette famille étaient une légende. Un conte pour enfants, voire simplement une lubie d'une auteure un peu givrée.

— Bref, il faut nettoyer ici. Passez prendre nos amis avant de déclencher une guerre ou des problèmes bien plus importants nous attendent. Et se barrer de cet appart maudit, avant que les autorités viennent voir ce qu'il s'y passe, réplique mon frère qui semble prendre la place de leader.

Ce qui me surprend, c'est que l'homme derrière moi est un alpha. Et qui plus est notre ennemi, il ne devrait donc pas laisser les choses se passer ainsi.

« Je te l'ai dit, petite chose. Tu te fais beaucoup de fausses idées à mon sujet !»

Je vous ai déjà déclaré qu'il me courait sur les ovaires ?

Non ?

Bah ! C'est chose faite !

Daemonuis Heaven or Hell'sDonde viven las historias. Descúbrelo ahora