Sur un air nippon

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Oh mon coco ! Ça fait belle lurette que tu m'as capturée, mais plutôt crever que de l'admettre !

Je vois à sa mâchoire contractée et à son petit rictus de contentement que No vient de lire dans mon esprit. Si Anna se refusait à entrer dans celui-ci, il en est visiblement autrement du jeune homme qui s'approche de moi. Il s'arrête subitement, baisse le visage et je n'aperçois que ses épaules bouger. Est-ce que... non, il n'oserait pas ?

Il lève la tête et j'ai la confirmation de ce que je pensais, il se fout ouvertement de ma gueule en plus. Il éclate de rire tout en continuant de me fixer. Je croise les bras sur ma poitrine consciente que vu mon âge, je réagis comme une gamine écervelée, mais c'est plus fort que moi.

Il a toujours déclenché ce genre de réflexe chez moi. Il essuie les larmes qui perlent à ses yeux et me dit en retrouvant un sérieux somme toute assez relatif :

Wakamono, tu me flattes, ma reine. Je sais que je suis un peu plus jeune que toi, mais nous avons quand même quelques milliers d'années tous les deux.

— Ahou ! C'est une façon de parler. Enfin, en l'occurrence de penser. Et tu serais sympa de ne plus t'immiscer dans mon crâne !

Il baisse la tête dans une attitude soumise, mais je ne m'y trompe pas. Si j'ai changé, il en est de même pour lui. Il relève son visage vers moi et je vois dans son regard qu'il n'écoutera que ce que sa sale caboche lui indique.

— Sinon, je suis surpris que tu ne me demandes pas ce que me confiait la déesse. À moins que ce que tu prêches ne vaille que pour les autres et que tu ne te sois pas gêné pour « écouter » notre conversation.

Je me racle la gorge, me sentant un peu stupide d'avoir été prise à mon propre jeu.

— En effet, je te dois des excuses, lui répliqué-je, peu fière de moi sur le coup. On va dire qu'à partir d'aujourd'hui chacun garde ses pensées pour lui, ça te va ?

Je lui tends la main en signe de pacte, il s'en empare et d'un mouvement preste me colle à son torse. Il m'observe et tout mon corps s'embrase, juste en sentant ses yeux sur moi et ses paumes se poser sur mes bras. Je déglutis difficilement lorsque son visage se rapproche de moi, doucement comme s'il avait craint que je m'évanouisse dans la nature.

— Que veux-tu, itoshii, j'ai toujours peur que tu m'abandonnes encore une fois, prononce-t-il avec une voix éraillée.

Ses lèvres se fondent sur les miennes avec autant de délicatesse que si un papillon les effleurait, mais j'ai besoin de quelque chose de plus concret. J'agrippe son T-shirt et je prends l'initiative d'approfondir notre baiser. Nos langues se cherchent et se trouvent avec délectation. Le sexe n'a jamais été aussi bon qu'avec lui, c'est plus qu'une exigence physique. Nos âmes se sont unies, il y a des millénaires de cela et même si nous allions voir ailleurs, la saveur de nos rapports restera toujours plus ou moins fade avec d'autres partenaires.

Je sais comment cela va se terminer si nous continuons ainsi... Nus, le corps rempli de fièvre et le souffle court. Seulement, la déclaration de ma mère tourne encore dans ma tête et c'est à regret que je mets fin à notre étreinte passionnée. Je ne peux m'empêcher de glisser une main gourmande sur le devant de son pantalon de cuir. La bosse qui prend de plus en plus d'ampleur dans celui-ci tord le cou à la légende qui dit que les hommes de mon peuple sont moins lotis que la moyenne.

— Je suis comme toi, j'en ai très envie, mais nous avons d'autres choses à élaborer. Nous devons trouver une solution afin de rejoindre Dem et Bru, retrouver les jumeaux Topaze et Sky, comprendre pourquoi les communications sont coupées ici. D'ailleurs, nous ne savons pas ce qu'il se passe du côté d'Iago et avec Lucifer sur terre, je crois que nous allons devoir remettre nos galipettes à plus tard, mon amour.

Daemonuis Heaven or Hell'sWhere stories live. Discover now