Chapitre 10 : Seule contre tous

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Je me réveillai dans l'état de confusion le plus total. On s'agitait autour de moi, et je papillonnai des yeux pour éclaircir ma vision.

Je me rendis rapidement compte que j'étais entravée à un mur. Devant moi, le professeur Brant et Philippe (maudit soit-il) se disputaient violemment. Je me concentrai difficilement sur les voix.

-... et je suis certain qu'elle en a fait exprès ! Vous avez entendu comme moi qu'elle parlait, elle était parfaitement consciente de ses actes !

Le psychologue ricana, très énervé.

-On se demande bien QUI l'a mise dans cet état ! Vous affirmez être blanc comme neige, mais je suis certain, moi, que vous l'avez agressée !

Confuse, et ne comprenant pas grand-chose à ce que j'entendais, je gémis. Les deux hommes semblèrent prendre conscience que j'étais éveillée. Le plus prompt à réagir fut le savant, qui avait un gros bandage sur le cou et à la main : il se jeta sur moi et tenta de m'étrangler. Trop sonnée pour comprendre, il ne me vint même pas à l'idée de me débattre. Alors que je commençais à manquer d'air, le professeur Brant saisit le savant par la taille et réussit à le décrocher de ma gorge. Je m'écroulai sur le côté en grimaçant, dans l'incompréhension la plus totale, et j'entendis à peine le psychologue hurler sur mon agresseur quelques atrocités. Enfin, on s'intéressa de nouveau à moi :

-Kelly, commencèrent-ils en cœur avant de se jeter un regard de pure haine.

-Comment vas-tu ?

Je regardai le psychologue.

-Dans les vapes. J'ai aussi la sensation de m'être faite écraser par un tractopelle.

Cette note d'humour maladroite ne toucha pas le savant, qui nous interrompit. Il pointa vers moi un doigt furieux et accusateur.

-Je t'avais prévenue, rugit-il, je t'avais bien dit ce qui t'attendrais si tu osais encore lever la main sur l'un d'entre nous !

Brant se tourna vivement vers lui.

-Qu'est que c'est que cette histoire ?

Un frisson me parcourut. Tremblante, je gardai les yeux baissés.

-Je suis désolée, je gémis, je n'aurais pas dû vous mordre...

Philippe n'avait que faire de mon repentir. Écumant de rage, il se défit de la poigne de mon protecteur.

-Tu y as pris plaisir, je parie, cracha-t-il. Ça te rend heureuse de constamment me mutiler les mains !

Il brandit son bandage. Ma torpeur à peine dissipée, je dévisageai sa main. Je nageais dans l'incompréhension. En voyant mon air perdu, le professeur Brant se tourna vers le scientifique et vociféra :

-Vous voyez bien que la pauvre est encore à moitié endormie, monstre ! Laissez-moi faire mon travail et retournez voir vos amis !

Le savant serra les poings et je craignis qu'il s'attaque à mon protecteur. Fort heureusement, il n'en fit rien. Il me jeta un regard haineux.

-Je te rendrai tout ça en mille fois pire, tu peux me faire confiance !

Sur ce, il tourna les talons et partit en claquant la porte.

Le psychologue me regarda et soupira.

-Il reviendra, dit-il durement. Et peut-être bien que tu le mériterais. Mais je vais te laisser une chance de m'expliquer, de tout me dire.

Je plissai les yeux.

-Dire quoi ?

-Ne fais pas l'innocente, dit-il en s'asseyant devant moi. Tu m'as menti. Caché des choses. Tu l'as avoué toi-même.

La dernière louve des plainesWhere stories live. Discover now