🌹 Oh, douce ivresse... 🌹

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- Arrête de m'appeler comme ça ! s'agace Joâo, renfrogné. Clayton me manque, grogne-t-il plus bas, ça manque de couilles, sans lui.

Cette fois, c'est Jony qui lui balance un coup de poing dans l'épaule, sans la moindre forme de subtilité ou de discrétion. Moi, je fais comme si je n'avais rien entendu, parce que je suis incapable de penser à mon ex-petit ami sans me mettre à pleurer. Un mois s'est écoulé depuis qu'il m'a quittée, mais j'ai toujours l'âme à vif, le cœur en sang, comme s'il venait à peine de claquer la porte de notre appartement. Je me déteste d'en être encore là, aussi déprimée qu'au premier jour et dévastée à l'idée que je ne suis pas la femme indépendante que je croyais être. La triste vérité que m'a révélée notre rupture, c'est que j'ai commis l'erreur de construire toute ma vie autour de lui, et qu'à présent qu'il est parti, je tourne dans le vide, comme un disque rayé.

Un rire jaune s'étrangle dans ma gorge et je le fais passer avec une énième rasade de vin. Je suis complètement soûle, ma vision est floue et j'ai aussi chaud que si je me trouvais en plein désert sur les coups de midi, mais je n'arrive pas à m'arrêter. Il paraît que l'alcool aide à soigner les chagrin d'amour, aussi enchainé-je les bouteilles, encore et encore...

A moins que ce ne soit le temps... ou le sexe avec des inconnus... je ne sais plus...

- Je n'ai jamais essayé la levrette, continué-je, en ignorant la dernière remarque de Joao. Et l'amazone me tentait plutôt bien, mais Clay n'aimait pas qu'on se mette sur lui. Vous savez, à cause de ses problèmes d'asthme. Oh ! et je ne l'ai jamais sucé non plus...

Trois regards choqués se braquent sur moi. Dans mon état normal, j'en aurais sûrement rougi de honte, mortifiée à l'idée d'être aussi vulnérable. Heureusement, je suis beaucoup trop bourrée pour me sentir embarrassée par mes confessions à cœur ouvert sur le problème de ma sexualité qui, disons-le, est aussi ennuyeuse et insipide que les galettes de riz que je m'enfile à chaque repas pour perdre un peu de poids.

- Mais... Tu es sortie pendant sept ans avec Clayton ! s'exclame Joao, abasourdi.

- Et alors ? l'attaque directement Catalina, toujours prête à la confrontation. Si elle n'en avait pas envie, c'est son droit !

Submergée par une vague de tristesse, je renifle et me frotte les yeux, ruinant par la même occasion le smoky-eyes que j'ai mis deux heures à faire dans l'espoir de passer la nouvelle année dans la peau d'une autre fille, plus jolie, plus maigre, plus libre... tellement moins paumée que la vraie moi.

C'est un échec : 2020 va se terminer sur une version toujours aussi ratée d'Ola McLauren, récemment larguée et toujours aussi inexpérimentée.

J'étouffe un soupir de lassitude, agacée par la mélancolie de mes propres pensées. Puis je balade un regard tourmenté sur les autres tables du bar miteux dans lequel on a échoué après s'être fait recaler à l'entrée du night-club où Saint travaille, le Guilty Pleasure, et où l'on avait l'habitude d'aller avant ma rupture avec Clayton. Pas besoin d'être un génie pour comprendre le message : mon ex-copain a probablement demandé à son meilleur ami de nous inscrire sur la liste noire pour ne plus avoir à nous - à me - croiser. Peut-être même y est-il à cet instant... à danser, à rire, à boire et à baiser avec ma sœur.

- J'en avais envie, reprends-je avec un temps de retard. Très envie, même. Mais...

Je n'ai jamais trouvé le courage de dépasser mes peurs et de surpasser mes complexes. Encore moins de me défaire de tous ces préjugés que mon père m'a inculqués dès mon plus jeune âge, en me fourrant dans la tête des règles toutes plus absurdes les unes que les autres sur le « bon comportement » d'une femme. Et surtout, sur la façon dont elle doit gérer sa sexualité.

Meri Jaan (sous contrat d'édition)Место, где живут истории. Откройте их для себя