Todoroki: Ton ami Rui. Comment est-il mort ?

Je relevai la tête en le fixant droit dans les yeux. Rui ? Comment connaissait-il son existence ? Comment, surtout, savait-il qu'il était mort ?

Rui, c'est le genre de sujet que je n'aime pas aborder. Pourtant mon interlocuteur venait de plonger dedans sans douceur.

(T/p): Comment..

Todoroki: Tu comprendras quand tu auras répondu à ma question.

Sa prise de parole sur la mienne me fit légèrement froncer les sourcils. Il ne semblait pas se rendre compte que le sujet était sensible. Malgré ça, j'ai répondu.
Le fait de vouloir entendre ce qu'il semblait savoir de plus que moi prit le dessus sur l'envie de lui faire une crise à propos de ma sensibilité.

(T/p): I-il est tombé à l'eau et s'est noyé.

Rui n'était pas juste "mon ami". Il était comme un frère pour moi. La toute première personne vers qui j'allais instinctivement quand j'arrivais à l'école.
Nous passions tout notre temps ensemble. Si on voyait Rui, alors (T/p) ne devait pas être bien loin, et inversement.
C'était le genre de garçon qui, à douze ans, avait déjà planifié qu'il souhaiterait devenir architecte, avoir une maison avec piscine, trois chiens et deux enfants. Parce qu'un enfant seul s'ennuierait et que trois, c'est de trop ! disait-il.
Il savait dessiner, chanter, créer et encore tout un tas de trucs. Cependant, Rui ne savait pas nager.
Le jour où il est tombé à l'eau, nous n'étions que tous les deux et je n'ai pas été capable de le sauver.

Todoroki: En réalité, il n'est pas mort de cette manière.

(T/p): Il s'est pourtant noyé devant mes yeux.

Ma voix avait pris une teinte froide, elle aussi.
Mais le terrain était glissant.

Todoroki: C'est ce qu'ils ont voulu que tu penses. Tes souvenirs ont été modifiés après qu'ils aient reçu l'accord du gouvernement.
Il y a cinq ans, un vilain a attaqué ton école.
Ce que tu as vu concernant ton ami, c'est le vilain en question qui concentrait toute l'eau de son corps dans ses poumons.

La révélation de Todoroki me coupa presque le souffle. Le choc empêcha même les larmes de couler.
Ma phase de déni ne dura qu'un court instant. Bien sûr j'étais complètement anéantie d'apprendre la véritable version des faits. Mais j'étais surtout furieuse. Mes mains s'enfoncèrent entre mes mèches de cheveux alors que je baissais la tête.

(T/p): Pourquoi ont-ils fait ça-?

Todoroki mit du temps à répondre. Sans doute pour me laisser le temps de respirer après ce que je venais d'apprendre.

Todoroki: Pour vous évitez des traumatismes liés à cette attaque qui avait fait beaucoup de dégâts, disaient-ils.

Je me levai furieusement de ma chaise en faisant les cent pas dans la pièce.

(T/p): Parce que modifier les souvenirs d'une gosse pour lui faire croire qu'elle est en partie responsable de la mort de son meilleur ami, c'est pas traumatisant peut-être ?!

Todoroki haussa mollement les épaules.

Todoroki: Je n'y connais rien à cet alter. Peut-être modifie-t-il aléatoirement les souvenirs de la personne concernée..?

Je respirai profondément en reprenant place sur ma chaise. Entre ça et ce que j'avais appris un peu plus tôt sur mon père, il était clair que j'avais de la haine à revendre.
Pile quand je pensais que ma vie allait enfin prendre un tournant un peu plus joyeux, paf! Voilà ce que je me mange en pleine gueule !

(T/p): Et toi ? Comment sais-tu tout ça ?

Todoroki: Je rentrais de l'école avec Endeavor quand il a été appelé pour rejoindre ton école. Alors je l'ai suivi et quand l'affaire a été réglée, j'ai vu mon père parler avec tes parents. J'imagine qu'ils doivent se connaîtrent. C'est ce jour-là que je t'ai vue pour la première fois.

Je ne réalisai même pas qu'il avait appelé Endeavor par son nom de Héros et pas par "papa". Je ne me fis même pas la réflexion que mes parents avaient donné leur accord pour que quelqu'un s'introduise dans la tête de leur fille afin de modifier ses souvenirs.
Tout se brouillait dans ma tête.
J'étais en colère, oui. Mais cette simple révélation venait d'effacer cinq années de culpabilité morbide. Alors, quelque part, je me sentais mieux.

Le bicolore me considéra avec un regard qui paraissait compatissant. Moi qui pensais qu'il n'avait aucune émotion, ses yeux traduisaient pourtant le contraire à l'instant même. Sa voix sembla légèrement abandonner son ton monotone pour se faire plus douce.

Todoroki: Excuse-moi si je t'ai fait de la peine en te racontant tout ça.

Je baissai la tête en souriant légèrement malgré les larmes qui firent surface sur mes joues.

(T/p): C'est rien, ça va..

J'avais bien compris que Todoroki et le contact social, ça faisait deux. Il était maladroit dans la manière d'aborder les choses et de les dévoiler. Mais j'avais aussi compris qu'il partait d'une bonne attention.

J'essayai en vain de stopper les perles d'eau qui dévalaient mes joues, mais je n'en fus pas capable. Lorsque Todoroki posa sa main sur mon épaule en douceur pour tenter de m'amener un peu de réconfort, je me laissai complètement allée aux pleurs.
Larmes de tristesse, de rage, de bonheur... Chacune était source d'une raison différente.
Mais c'est vrai que, quelque part, ça m'a fait du bien.

Todoroki n'a rien dit. Ce n'était pas nécessaire. Il a simplement continué de doucement serrer mon épaule.
Patiemment, il a attendu que mes émotions cessent de dévaler mes joues.

Et j'ai pu voir dans son regard quelque chose d'indescriptible.

•Écoute le silence.
Il a tant de choses à dire•

•I need a real home• [ShotoXreader] Where stories live. Discover now