J'ai Prié Pour Toi (Sal x Travis, Fanfiction Sally Face)

3/ Tragédie

TW Dépression, idées suicidaires, hallucinations, crise d'angoisse

Nos voix couvrent le dernier titre de Sanity's fall qui tourne en fond.

- Je t'assure qu'il ne s'est rien passé de grave, lâche-moi !

Je secoue désespérément mon bras gauche pour en décrocher Larry ; le bougre a décidé de s'y agripper comme si sa vie en dépendait.

- Rien de grave mais il s'est passé quelque chose quand même, gronde-t-il.

- Mais non.

Je tire mon bras d'un coup sec. Raté. Je devrais plus m'investir en cours de sport, quand je n'en suis pas dispensé.

- Sal. Bro.

Misère, voilà qu'il prend un air sérieux. Larry sérieux, cela signifie Larry inquiet.

- Larry. Bro, je renchéris. On a juste discuté, c'est tout. Il ne m'a pas agressé, tout va bien.

Larry relâche un peu sa prise. J'en profite pour me dégager. Il souffle, balayant au passage une mèche de cheveux qui lui tombait devant les yeux. Je me recule contre le mur, me recalant confortablement en tailleur sur le vieux matelas.

- Ok, finit-il par dire, l'air résigné. Mais je demanderai à Todd de te passer au détecteur de mensonge juste pour être sûr, ajoute-t-il en marmonnant.

Le différend prend une pause. Après ma rencontre avec Travis, j'ai appelé Larry qui m'a immédiatement sommé de rappliquer dans sa chambre. Mon père travaillant encore à cette heure-ci, je suis descendu du quatrième étage pour squatter une énième fois l'appartement des Johnson. La chambre de mon meilleur ami est en bazar, plusieurs palettes teintées de peinture sèche traînent au sol. Le verre d'eau servant à nettoyer ses pinceaux - eux aussi par terre - git sur un meuble, encore plein d'eau marron à cause du mélange de couleurs. Je remarque qu'il a enfin accroché le poster qu'on lui a acheté avec Ash pour son anniversaire.

- Tu sais, je lui glisse, Travis n'est pas si horrible que ça. Si tu passes outre ses problèmes flagrants de gestion de sa colère, c'est un gars sympa.

- C'est le syndrome de Stockholm ça, non ?

- Mais non, sois pas con !

Je pousse doucement son épaule du poing.

- Je sais qu'il a ses défauts, et j'ai pas pardonné tout ce qu'il a pu faire. D'ailleurs, personne ne lui doit le pardon, en soi. C'est pas la question. Ce que je veux dire, c'est que...

Merde, je ne peux pas outer Travis. Ça simplifierait les choses, c'est sûr. Mais ce serait irrespectueux au possible, et même si je ne respecte pas toujours les règles, j'ai ma morale.

- Ce que je veux dire, Larry ; c'est que Travis est un mec qui a besoin d'être entouré pour se sortir de ce cercle de violence. Tu sais bien qu'il n'a pas beaucoup d'amis, il est souvent tout seul. En plus, son père est giga flippant. Je n'ose même pas imaginer l'éducation qu'il a pu recevoir, je conclus.

- Wah, bah moi j'ai un père qui a disparu et regarde, je vais super bien !

Mon regard se dirige lentement vers sa table de nuit. Il balaie du revers de la main sa boîte d'antidépresseurs qui part valser contre le mur.

- Non, mais ça c'est des vitamines, t'inquiète, plaisante Larry.

Mon rire est amer, je suis aussi sous divers médicaments. Pour mon corps, pour mon cerveau. Pas mal de choses. On rit souvent de nos santés bancales avec Larry, la pilule passe mieux avec un peu d'humour.

- Ouais, non mec, je ne doute pas de tes bonnes intentions et tout le bordel, mais Travis risque juste de te faire plus de mal qu'autre chose. Faut que tu fasses attention à toi.