Mon mari, cet homme, il n'y a pas deux comme lui. Il me soutient, me console, m'écoute même si parfois je suis désagréable.

Bira coly ! Cet homme a détruit ma vie. Cela m'a prise des mois avant de raconter à Khadija ce que je vivais dans le sous sol de Miriam Fall et elle m'avait forcée à tout avouer à mon mari. Je ne voulais pas l'offenser mais il a été compréhensif ensuite il en avait parlé avec mes frères. Qu'est-ce qui s'était passé ? Ce jour-là je voulais annoncer à mon mari qu'on attendait un enfant mais hélas ma sœur, ma sœur de sang avait tout gâché en planifiant avec Bira mon cauchemar et Binetou mon enlèvement. J'ai souffert dans cette maison plus que vous ne l'imaginez. L'enfant que je portais et que j'avais prévu de l'annoncer à mon mari était mort tout juste avant sa naissance. C'était un garçon et Miriam l'avait enterré devant moi je pense que c'est le plus pire que j'ai vécu jusqu'ici. Ensuite je suis devenue l'objet sexuel de Bira, je ne veux même pas y penser tellement que je suis dégoutée. Huit ans plus tard j'ai donné naissance à un enfant, un enfant de Bira ce monstre, issu de viol répétitif. Je ne connais pas le sexe de cet enfant qui n'avait rien demandé, qui ne méritait pas un père comme ce monstre qui pour me voir souffrir avait étouffé le bébé, son sang jusqu'à ce qu'il arrête de pleurer. Je n'ai pu voir que ses petits pieds et à chaque fois que j'écoute le son de Céline Dion '' les petits pieds de Léa '' toutes mes pensées se tournent vers mon enfant. Mais qu'importe ce qui m'était arrivée dans le passé, je le met dans le compte de cette affirmation '' Dieu n'éprouve que ce qu'il aime ''

Je garde la tête haute, je reste forte, je garde le sourire pour mes enfants car ils ne méritent pas de vivre sans mère pendant 21ans pour le revoir un jour qui pleurniche.

Moi : Chaima. L'appelai-je

Malika : même s'ils m'insultent je ne vais rien dire ne t'inquiète pas

Moi : tu peux me laisser terminer au moins ?

Malika : vous me prenez pour une impolie alors que je ne fais que me défendre

Moi : comment tu as réussi à vivre avec ton viol ?

Elle freine au milieu de la route. Qu'est ce que m'a pris de dire ça ?

Moi : désolée

Malika : ce n'était pas de ma faute

Moi : je n'ai pas dit ça

Malika : c'est la phrase que Chérif n'a cessée de me répéter. Juste un sujet designisant cet acte ignoble, un verbe conjugué à l'imparfait pour montrer l'imperfection de la vie qu'on me forçait à vivre alors que je n'avais rien demandé et un complément d'objet indirect montrant la direction mauvaise que ces gens voulaient que je prenne sans oublier la négation qui dénonce combien cet acte négatif peut-être nuisible à la vie des victimes. Cette phrase m'a permise de faire face à la réalité et de l'accepter mais aussi d'arrêter de me culpabiliser. Ce n'était pas de ma faute et ça ne le sera jamais....jamais.

Ce n'était pas de ma faute. Dis-je intérieurement en fermant mes yeux.

Elle n'a rien dit de plus et moi aussi pareille.

On est arrivé vers 17h et quelques. Je rattrape la prière ratée et rejoins les autres.

Un cousin : Lala, heureuse de voir que tu es venue avec ta fille aujourd'hui.

Je sais qu'ils l'ont dit quelque chose à mon absence. Leur problème c'est pourquoi je me suis marié avec un gnegno et franchement je ne comprends pas ce genre de raisonnement. Nous sommes tous des descendants de Adam et Eve.

Le père de Léa : tes enfants doivent savoir que leur mère fait partie d'une lignée de noble mais tout ça c'est parce que tu t'es mariée avec une gnegno. Si on ne t'avait pas perdu de vu...

 LA LETTRE DE BINETOU Opowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz