Chapitre 2

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J'hésite une seconde avant de la prendre et de la retourner pour y découvrir mon prénom, écrit avec soin, par nul autre que mon frère.

Je sens les poils de mes bras se hérisser lorsque je reconnais l'écriture de mon frère. J'essai de chasser les centaines d'idées lugubres qui me traversent l'esprit. Il va bien. J'en suis sûre. Je prends une grande inspiration, et lorsque mes mains cessent enfin de trembler, je sors le couteau de cuisine de ma botte pour déchirer l'enveloppe. J'observe les deux hommes du coin de l'œil et remarque qu'ils n'ont même pas cillé à la vue de mon arme. Ils ont bien été engagé par Aiden. Après un dernier regard dans leur direction, j'ouvre l'enveloppe d'un coup sec et sors la lettre. Je déplie le papier petit à petit, laissant apparaître l'écriture élégante de mon frère. Je prie une dernière fois pour qu'il aille bien et entame la lecture.

Pardon.
Je t'en supplie, lis la lettre jusqu'au bout.
Mille pardons. Je n'ai pas tenu ma promesse. Je suis mort.

À peine ces mots parvenus à mon cerveau, je me fige, avant de progressivement m'effondrer à genoux sous le poids de la douleur. Aucune larme ne sort. Pas encore. J'essaie de me retenir du mieux que je peux parce que je sais que si je commence à pleurer, je ne m'arrêterai plus. Je reste juste immobile, le regard dans le vide. J'ai l'impression d'être plongée dans un état de semi-conscience. C'est tellement... impossible.

Une fois que mes tremblements ont cessé, et parce que je sais que Aiden aurait voulu que je sois forte, je reprends la lettre et essaie tant bien que mal de poursuivre ma lecture.

Ils m'ont trouvé. Les Z m'ont trouvé. J'aurai aimé que tu n'ai jamais à lire cette lettre, mais tu es en danger. J'ai été faible, mais toi, tu es née pour survivre. Je te fais confiance. Lis attentivement ce qui va suivre, et après, débarrasse toi de la lettre.
Va dans ta chambre. Décroche le miroir du mur. Passe ta main sur la tapisserie. Dès que tu sentiras une bosse, déchire la et prends l'enveloppe. Ne l'ouvre pas, tant que tu n'es pas en lieu sûr. Ne l'ouvre devant personne. PERSONNE. Les deux hommes à l'entrée vont te conduire dans un abri. Pour ta sécurité, n'en sors jamais. Ne fais confiance à personne, à part moi. Et venge nous.

(PS: Sauve ta peau, tu pleureras plus tard. )

Je t'aime Nana.

Un frisson me parcourt l'échine à la vue de mon surnom. C'est sûr, cette lettre vient de Aiden. La fin de la lettre a agit sur moi comme un électro choque. Ma tristesse est très vite remplacée par une haine. Une haine qui transforme mes yeux en deux rubis qui me brûlent de l'intérieur. J'ajuste mes lunettes et me lève pour aller dans ma chambre. Je marche d'une lenteur calculée, car je sais que chaque seconde qui passe ne fait qu'alimenter ma haine. Je suis avec précision les instructions de mon frère et range l'enveloppe dans ma poche. Je rassemble mes cheveux en chignon au dessus de ma tête, enfile ma veste, et sors rejoindre les deux hommes qui m'attendent, l'air impassible. Je jette un dernier regard vers "chez moi" et monte dans la jeep noir. Je pose ma tête contre la vitre teintée, et ferme les yeux avec une dernière pensée pour Aiden.

Je vous vengerai.

Regarde-moi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant