Chapitre 2 : L'énigmatique Barnabé

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À vrai dire, Madeleine non plus n'avait pas besoin de son aide. Une des femmes avait déjà saisi son amie par ses beaux cheveux blonds, tandis que tous les clients masculins de l'auberge faisaient des paris.

-Tu vas le payer ! On ne couche pas avec un homme marié !

La gifle percuta la joue de l'épouse contrariée, avec une telle force qu'elle fit quelques pas en arrière. Madeleine, le menton levé, adressa un mauvais sourire aux épouses.

-Vous voulez me corriger ? Faites-le comme des femmes, pas comme des fillettes.

Elle fit craquer les jointures de ses poings, avec une expression que Marie lui connaissait bien. Amusée, elle s'adossa à un des murs de la salle principale, aux côtés de Barnabé. Ce dernier semblait surpris qu'elle n'intervienne pas.

Les trois épouses ne firent pas long feu face à Madeleine. Femmes au foyer, vêtues de longues robes malcommodes pour le combat, elles ne pouvaient pas faire le poids face à une combattante. Habillée comme Marie, d'un pantalon rentré dans de hautes bottes et d'une chemise ample, son amie était qui plus était mince et musclée. Entrainée pour le combat, en plus du sexe.

Plus d'un homme s'offusquait de leur mise, les femmes ne devant pas dévoiler une courbe. Alors, soit elles réglaient le problème à coups de poing, soit elles mettaient l'importun dans leur lit, histoire de lui montrer de quel bois se chauffait une « femme en pantalon ».

-Arrêtez-la ! s'exclama soudain le forgeron, en voyant son épouse tomber au sol, son nez cassé libérant un flot de sang sur sa chemise blanche.

Aussitôt, les clients, qui n'attendaient que ça, se levèrent pour se jeter sur Madeleine. Rapide comme l'éclair, Marie quitta son poste d'observation. Sautant sur une table, elle saisit son amie par le dos de sa chemise, pour la tirer de la mêlée où les hommes commençaient déjà à la confondre avec les deux autres donzelles.

-Allez les gars ! tonna Marie avec un sourire mauvais. Vous voulez qu'on remette ça, comme hier soir !?

Ceux présents la veille hésitèrent. Les autres foncèrent, désireux de corriger les deux femmes osant porter un pantalon. Le combat fut plus rude que la veille, mais Marie en profita pour décharger toute sa colère. Ils croyaient pouvoir les dominer ?

Ils allaient en prendre pour leur grade !

Bien plus tard, elle avait mal aux poings à force de cogner, mais elle se sentait mieux. Enjambant un homme au sol, elle saisit une chope de bière qu'elle but goulument, avant de la reposer avec un soupir satisfait.

Alors, elle remarqua Barnabé, toujours contre le mur, les bras croisés, qui l'observait avec attention.

-Quoi ? lança-t-elle avec hargne.

-Vous êtes une très bonne combattante.

Elle s'attendait à beaucoup de choses, sauf à cela. Décidément, il la surprenait. Haussant un sourcil, elle considéra celui qui considérait la chasteté comme une vertu.

-C'était un compliment ?

-Oui. Tu es bonne guerrière.

Une bonne guerrière ?

-Vous ne pensez pas que les femmes ne sont pas censées se battre ?

-Dans mon monde, fit-il en rejoignant l'aubergiste pour prendre son repas, chacun sait manier ses poings.

PécheresseWhere stories live. Discover now