Chapitre 1 : Le Tombeau

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La mine n'était pas bien profonde. Pour cause, toute activité avait cessé dès que le tombeau avait été mis à jour, voici quelques semaines. Elle le trouva bien vite, illuminé de bougies votives.

Dans une pièce dépourvue de toute trace d'humidité se dressait une statue. Levant sa torche, elle vit le beau visage d'un ange. Néanmoins, contrairement à bon nombre de représentation, il n'était ni petit, ni joufflu, ni frisé, ni souriant. Il était grand, massif. Les cheveux longs lâchés sur ses épaules, il portait une armure de guerrier, dont la facture, gravée dans la pierre, n'appartenait pas aux humains. Trois paires d'ailes étaient déployées dans son dos, et son air grave concordait avec sa posture. Le dos droit, les mains devant lui comme s'il tenait une épée, pointe vers le sol.

Sauf qu'il n'y avait plus d'épée, en dépit du fait que la statue n'avait pas bougé d'un pouce, vu l'absence de marques au sol.

Mmh.

Il était rare de voir le tombeau d'un archange.

Marie chercha une mention sur le socle, mais elle ne trouva ni date ni nom. Levant sa torche plus haut, elle eut le souffle coupé. Tout le plafond brillait, doré à l'or fin. Que... Il y avait la représentation du Divin, le regard tourné vers la statue, ainsi que des inscriptions latines.

« Je pleure toujours pour toi, mon fils, ma fierté, et pourtant déchu. »

Pas de mention de nom. Néanmoins, Marie fronçait les sourcils. Déchu ? Diantre ! Bigre ! Le bougre était un ange déchu !

Sourcils froncés, elle regarda de nouveau la statue sans âge. Un frisson d'inquiétude la secoua. Mieux valait ne pas trainer ici. Elle n'aimait pas les anges, alors les archanges, n'en parlons pas ! Elle se mit donc à la recherche d'un coffre, de quelque chose. Rien.

-Tu es qui, la garce !?

Sacrelote ! Elle était tellement absorbée par son inspection qu'elle en avait oublié de surveiller ses arrières. Au loin, elle pouvait entendre les ébats de Madeleine, tandis qu'un gaillard grand comme une maison lui faisait face. Un arc pointé sur elle.

Merde.

Il n'y avait aucune chance pour qu'il la manque, à cette distance. Et les flèches, ça faisait très, très mal. Surtout quand on les retirait.

Levant les mains en signe d'apaisement, elle fit un sourire à l'importun. Son visage était couvert de terre, ses vêtements étaient usés, mais son arc était bien entretenu. Il savait ce qu'il faisait, celui-là.

-Tu cherches quoi ? gronda-t-il.

-Comme toi. Un trésor.

-Y a rien !

-Vraiment ? s'étonna-t-elle faussement. Tu n'as rien trouvé ?

-Nan !

-Tu sais qui est passé avant nous ?

Il parut réfléchir, en l'examinant de la tête aux pieds.

-Nan.

Si. Il avait sa petite idée. Mmh, elle allait devoir l'interroger, celui-là. Néanmoins, elle n'avait pas le même tempérament que Madeleine. Ça se ferait dans la souffrance.

-Toi, je vais te baiser, morue.

Allons bon. Elle roula des yeux exaspérés. Les pilleurs de tombes, les pirates et les ivrognes avaient tous une chose en commun : ils pensaient avec l'intérieur de leurs chausses. Elle le laissa donc s'approcher, en dépit de son air avide. Comme si elle allait se laisser faire...

Néanmoins, elle n'eut pas à se défendre. Le temps d'un clignement d'œil, un autre homme apparut juste derrière le premier. Grand, blond, les yeux brillants de colère. Il se saisit de la gorge du pilleur de tombe, qui, ne l'ayant ni vu ni entendu, poussa un couinement de surprise très viril.

PécheresseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant