Il me fallu une dizaine de minutes pour abandonner l'idée de lui répondre.
Il n'y avait rien à répondre.
Tout comme il n'y avait rien à faire.

Elle avait eu plus que du temps pour réfléchir à son bonheur. Et la réponse était qu'après dix ans je n'y étais plus nécessaire.

Un rire ironique m'échappa.
Elle voulait discuter hier soir mais après une dernière baise la vérité semblait lui avoir sauté aux yeux.

J'éteignis mon portable avant que la colère ne prenne le pas sur le tristesse et que je revienne sur ma résolution de ne pas lui répondre.

-Quel con. T'es vraiment qu'un pauvre connard.

Éclater mon iPhone contre le mur ne servirait à rien. Le cadre retourné avec une photo d'elle dedans non plus mais il alla s'écraser sur le mur laissant une énorme marque dans ma cloison. Les trois autres suivirent, marquant le mur à différents endroits.

Ironie du sort, les tableaux étaient tous tombés de sorte à ce que les photos soient visibles.

-C'est ça nargue moi en prime.

Je me levais pour les ramasser avant de leur trouver une nouvelle place mieux adaptée : au fond de la poubelle.
Si elle était capable de balayer dix ans d'un revers de main, j'allais aussi le faire.

Ma très chère bouteille de vodka était toujours au congélateur d'où je la tirais avant de retourner m'affaler dans le canapé.

-A la tienne.

La première goulé m'arracha une grimace.
La deuxième aussi.
Mais pas la troisième, ni la quatrième,...

L'emprise familière de l'alcool entourant mon cerveau me réconforta un court instant.

-Ça ne sert à rien de se mettre dans des états pareils alors qu'on n'était déjà plus ensemble.

Voilà que je parlais à voix haute comme un demeuré.

-Comme si une baise allait nous rabibocher. T'as eu autant d'espoir qu'une pauvre pucelle abandonnée.

Nouvelle gorgée.

-J'y ai cru putain. C'était trop beau. Pas un mot en trois mois, une étincelle hier soir et ça aurait dû repartir comme en 40 ? On a toujours fonctionné comme ça pourtant. On a jamais su vivre l'un sans l'autre, aller bien l'un sans l'autre, être heureux l'un sans l'autre. Moi je n'étais pas heureux au cours de ces trois mois. Parce que ne plus être avec elle m'empêchait d'être heureux. Mais on n'a pas vécu ces trois mois de la même manière. Et voilà où on en est : elle est mieux sans moi.

Nouvelle gorgée.

-En même temps qui voudrait d'un pauvre looser pleurnichard? Les gars vont bien se foutre de ma gueule.

Ce n'est pas l'alcool qui m'arracha une grimace mais le mensonge éhonté que je venais de lancer à voix haute.

Ils ne se foutraient pas de ma gueule en apprenant que mon histoire d'amour avec un grand A était terminée.

Un léger fond de migraine me poussa à m'allonger.

Après une dizaine de très longues minutes à pleurer, une bonne dose de souvenirs affluèrent pour chasser la phase de colère.

Chaque battement de mon cœur m'infligeait une douleur presque insurmontable.

N'avais-je pas dis à Guillaume que je préférais que ce soit mon cœur qui finisse brisé et pas le sien ?
Que ses éclats seraient plus faciles à ramasser que les siens ?

C'était bien plus difficile à croire ça maintenant. Mais force était de constater que je le pensais toujours.

C'était sûrement le retour du karma qui frappait fort pour tous les cœurs que j'avais brisé avant de rencontrer Juliette.

Après avoir fais une sieste, pleuré encore et terminé la bouteille, je semblais être dans une impasse.
Je n'allais pas passer ma vie enfermé à me morfondre. C'est pourtant ce que Raph avait fais.

Mes options étaient pourtant restreintes, c'était soit je me bourrais la gueule tout seul, soit j'appelais les gars et on se bourrait la gueule tous ensemble mais ils me poseraient une tonne de questions auxquelles je n'avais pas envie de répondre.

Le pack de bière dans mon frigo y passa alors que je gardais les yeux rivés sur l'écran noir de ma télé.

Puis une pulsion masochiste me poussa à allumer la télé, à ouvrir Deezer et à lancer Brouillard.

Je ne cessais de dire que mon histoire avec Juliette n'avait rien à voir avec celle de Raphaël et Eugénie et que je n'étais pas comme Raph et c'était le cas.
Mais ce n'était pas l'album de mon copain que j'écoutais, c'était celui d'un autre mec qui avait eu le cœur brisé.
Et ce con était fort pour mettre des mots sur l'infinie tristesse qui me traversait.
Même sur ce point je ne lui ressemblais pas.
Contrairement à lui je ne serais pas foutu de tourner une rupture en un chef d'œuvre.

Je ne serais d'ailleurs plus foutu de faire grand chose à part me morfondre, pleurer et boire.
Étrangement, ça ne me semblait pas être un si mauvais plan que ça.

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Je reviens de vacances alors voici un nouveau petit chapitre !
Hydratez vous bien par cette chaleur et avec de l'eau, pas de la vodka comme Len !

Coup de FoudreWhere stories live. Discover now