Échapper à la réalité

11 4 0
                                    

Une ou deux heures après Dean, je décide de faire nos bagages. A quoi bon rester ? L'appartement n'est plus un danger puisque Sam est mort. Et rester ici est bien trop dur. Les images, les souvenirs, tous remontent à la surface. Je n'arrive même plus à rentrer dans notre chambre ou plutôt la sienne.

Je commence par déménager la chambre d'Angel, c'est la plus facile pour moi. Elle m'aide à ranger ses vêtements dans une valise avec ses dessins, ses doudous et ses photos. Elle garde l'origami qu'elle n'a pas encore fini dans sa main le détaillant du regard comme s'il lui permettait d'échapper à la réalité.

Je ne sais pas comment je fais pour ne pas m'écrouler sur le sol. Pour ne pas hurler de douleur. Il ne me reste plus de cachets, je vais devoir faire avec. Les infusions ne seront pas aussi efficaces, mais tant pis. Si je vais chez Hector, Aslan le saura puisque c'est le médecin de la famille. Déjà qu'il se doute de quelque chose...Heureusement qu'il n'est pas au courant pour Dean, il l'aurait tué. D'ailleurs, c'est sûrement ce que prévoit Enzo. Seulement, il sera dans une impasse puisque c'est le frère de sa bien-aimée. Espérons qu'il ne soit pas aussi protecteur qu'avant Talia.

« S'il t'aime, il partira. » Ce sont les mots qu'Enzo avait prononcé la première fois qu'il avait vu Dean. Eh bien voilà, il est parti. Sauf que dans la réalité, il ne m'aime pas ou plus. Il n'est pas parti parce qu'il m'aime, mais pour le contraire. Mon cœur se serre si fort que s'en est insupportable et que je suis obligée de m'asseoir un instant. Heureusement qu'Angel est partie pour... pour faire quoi d'ailleurs. Elle est où ? Je me relève un peu trop rapidement et manque de m'affaler sur le sol. C'est Enzo qui me rattrape en plein vol.

— Je suis désolé.

— Ne me dites pas que c'est la journée des excuses, tenté-je.

Un goût amer s'installe dans ma bouche ce qui me provoque de légères nausées. Ma pitoyable
blague ne le fait pas rire, moi non plus. Je le sais pourtant, chaque fois que j'essaie d'être drôle c'est l'effet contraire que j'obtiens.

— Bon, je dois terminer...euh... les valises donc si tu veux bien m'excuser je vais dans... sa chambre.

Je me dirige à pas décidé vers la porte pour sortir de cette chambre. Enzo veut me parler, il n'y a pas de doutes et le sujet de conversation ne va pas être les muffins au chocolat que je n'ai pas encore fait.

— Arrête de fuir, me dit Enzo

— Je ne fuis pas, murmuré-je en me faufilant dans le couloir.

Faites qu'il ne me poursuive pas. Mes mains tremblent sur la poignée. Respire, et entre. Ce que je fais sans ouvrir les yeux. Quand je referme la porte, je m'autorise à y voir plus clair et à verser une larme, une seule. Il m'est plus facile de cacher cela que de le l'illuminer au grand jour.

J'évite de regarder le lit, celui que nous....stop je ne dois pas terminer cette phrase. J'ouvre l'armoire et accomplis la même chose que dans la chambre de ma fille en commençant par sortir la valise en dessous du lit. Les mouvement mécaniques suivent. Après tout, ce n'est pas la première fois que je m'en vais et quelque chose me dit que ça ne sera pas la dernière.

Je plie un à un mes vêtements devenus trop larges maintenant. Mais bon, ce n'est pas à moi que cela va déranger. L'un de ses tee-shirts est dans ma pile de linge. C'est celui que j'ai porté la première fois que j'ai emménagé ici. Il y a encore son odeur mentholée et chocolatée. Il n'en saura rien si je le lui empreinte, n'est-ce pas ? J'observe autour de moi de peur d'être prise sur le fait puis rapidement, cache le seul objet qu'il me reste de lui dans ma valise entre deux vêtements soigneusement pliés.

Mes valises faites, je me retrouve dans le salon face à une Talia plus qu'affligée. Ses yeux sont rougis et gonflés. Elle ressemble étrangement à un ange contrairement à sa nature de feu. Là, face à elle, je ne sais que dire. Quelle horrible chose de dire au revoir.

— On restera amies, hein ? Ce n'est pas parce que mon frère est le plus gros des imbéciles que notre amitié se terminera, dit-elle de ses yeux bleus brillants qui me rappellent un peu trop les siens.

Je hoche la tête ne voulant parler de peur de trahir mes émotions. Elle me sert dans ses bras si chaleureusement que je m'autorise à m'y perdre quelques instants de plus. Angel l'a serre aussi dans ses bras comme chaque matin avant d'aller à l'école. Se rend-elle compte que nous ne coucherions pas ici ce soir..., ni d'autres soirs d'ailleurs.

— Bon, je crois que je n'ai rien oublié. Bye.

Je vois bien qu'elle allait en placer une, alors aussi vite que la lumière me le permet, je m'éclipse avec Angel loin de ce lieu.

Voilà comment se termine mon dimanche. Angel dort dans sa nouvelle-ancienne chambre sans heureusement poser des questions. Néanmoins, en un sens, j'aimerais qu'elle le fasse, qu'elle me conte ce qu'elle ressent par rapport à toute cette histoire. Je voudrais qu'elle me parle de ce qu'elle cache dans son cœur.

Tout cela n'est pas bon pour elle. Elle ne devrait pas être confrontée à des choses aussi compliquée. Elle ne devrait pas être témoin de mes faiblesses. Elle doit avoir une enfance normale remplie de tendresses. J'en ai bien conscience, et j'ai beau lutter contre toutes les mauvaises choses qui nous tombent dessus, il ne cesse d'en arriver sur tous les fronts. Chacune plus affligeante que l'autre, comme la douleur qui grossit fortement sans cesser de remplir son ventre, elle n'est pas rassasiée de ma souffrance.

Face à ce lit, j'attends le moment propice pour m'y décider à m'endormir. Nous nous dévisageons comme des prédateurs sauf que c'est moi la proie et lui le chasseur. Ce lit me rappelle trop de mauvais souvenir, notamment la douleur reçue en mon ventre à cause de cette balle, mais aussi de la vidéo où j'ai découvert que Sam m'avait...j'en ai encore des frissons, ce lit me rappelle aussi le fait que je ne vis plus chez...Talia. Comme ce sera étrange de ne pas nous réveiller tous ensemble.

J'envoie un message à ma sœur puis pars me coucher dans la chambre de Lydia étant donné
qu'elle ne vit plus ici, mais avec Adam. Espérons juste leur amour soit plus fort que ne l'a été le mien.

Allongée dans ce lit, j'attends que le sommeil efface cette chose dans mon cœur, qu'il prenne cette journée et qu'il la fasse disparaître, qu'il la supprime de ma mémoire, de ma vie. Mais le calme ne parvient pas. Je sors du lit et pars dans la chambre d'Angel. J'observe ce petit être endormi en me demandant ce dont elle pourrait bien rêver. Où a-t-elle voyagé ? Puis-je l'accompagner ? Non, c'est son voyage.

CursedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant