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11 novembre, 2013

Ce foutu journal ne faisait rien de plus que me préoccuper. J'avais à la fois peur de rencontrer ce fameux Connor et qu'il se rende compte que j'ai son livre avec moi. C'est un geste irrespectueux, et je m'en voulais. Mais tout cela me fascinait. Je ne cessais de le lire depuis que je l'ai vu pour la première fois.

« 16 juin 2013:

Oui, j'endure encore ce paquet de papier entre mes mains. Cela fait 2 jours que j'écris dans ce journal. Rien ne change, la tristesse ne s'écrit pas autant qu'elle ne s'explique, du moins c'est ce que j'ai fini par comprendre...dis moi Lucy (car je sais que tu liras cela), est-ce normal que j'ai tant peur d'être jugé ? Je me sens comme si quelque chose me différenciait des autres et m'empêchais d'être moi-même. Je suis effrayé de ne jamais pouvoir me sortir de cette peur, et de tout ce qui m'entoure. Mais j'ose encore attendre. Attendre que tout redevienne comme avant, attendre que mes sentiments se replacent et que je m'accepte comme j'en étais capable dans le temps. Ou je me permet aussi d'attendre que le temps arrange les choses. »

Un malaise suivit d'un frisson glacial me parcourut tout le corps. Au fur des quelques pages que je lu, je commençais lentement à comprendre Connor et me rendais compte que je ressentais pratiquemment les mêmes choses que lui. Le pire dans tout cela était que son visage m'était inconnu, mais son âme et ses pensées se livraient à moi ouvertement seulement par ce petit journal. Ce garçon pouvait être absolument n'importe qui. Probablement un jeune homme qui ne reviendrai peut-être jamais à mon café.

Malgré ma grande envie d'en savoir plus sur Connor, je dû encore travailler avec des clients impatients. Je ne comprendrai jamais pourquoi les gens de nos jours agissent ainsi. Cette journée-là, j'apprêtais le plus d'attention possible sur les comportements des gens afin de pouvoir peut-être être capable d'identifier Franta. Je me devais de chercher un garçon quelque peu gêné avec un air triste collé au visage.
Mais personne. Rien qui ne ressemblait à l'homme dont je lisais sa vie. Une question me rongeait les pensées ; pourquoi avoir laisser son journal sans être revenu le chercher ? Je ne peux pas dire que son roman est présentement entre de bonnes mains car j'ai conscience qu'au fond de moi, je n'arrêterai pas de le lire jusqu'à sa fin.
Ou jusqu'à ce que Connor apparaisse enfin.

Mais en vain, tout ce que je savais à ce moment là, c'est que voir son vrai visage m'effrayait, mais j'enviais cela un peu plus à chaque fois que j'en apprenais davantage sur son passé.

A part of Us | c.fWhere stories live. Discover now