Avis de tempête

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La pluie n'a pas cessé depuis deux jours, tout est gris autour de moi, le ciel, la mer,les rochers habituellement rose. Même les bateaux ont une couleur délavée triste à pleurer.

Avis de tempête sur la Bretagne, le vent forcit, comme on dit ici !

Bientôt, même un chien ne sera pas mis dehors...
Ce maudit vent s'engouffre partout et fait hurler, siffler les haubans, claquer les volets.

Je déteste les tempêtes depuis toute petite. Un sentiment d'insécurité me vrille le cœur dès que le grand cirque commence, c'est un peu comme le début de la fin d'un monde, des arbres tombent et d'autres gagnent la bataille, la mer se change en furie avalante, dévorante de plages , de bateaux et malheureusement parfois de marins. Ici , on appris à se méfier des éléments , on connaît la gravité des choses.

Je suis aussi triste que le temps , délavée de l'intérieur, vidée, écossée , éreintée !
Je m'appelle victoire, comme mon arrière-grand-mère, mais ça c'est une autre histoire.
J'ai hérité de ses yeux bleus et de la blondeur de ses chèques , elle était grande elle aussi...
Les vieux portraits nous rapprochent , moi qui ne l'ai jamais connue.

Victoire de partageait entre son potager et son cheval qu'elle adorait , sans jamais avoir réussi à leur échapper.
Elle était pour moi nimbée, malgré tout, de mystère ... Belle femme de 49 ans et demi qui n'a pas eu le temps de vieillir, pas eu le temps de voir flétrir son image, la tête fracassée lors d'un chute de cheval !

Victoire avait toutes les audaces, même celle de mourir trop jeune ...
Était elle heureuse, avait elle eu le temps de connaître le bonheur avec son capitaine mort à la guerre comme beaucoup d'autres ?
Qu'aurait elle fait ? Elle ?
  17heures, il fait presque nuit...
Ma fille s'applique à ses leçons près de la cheminée, le visage penché , concentré.
Une douce lumière caresse son visage.
Comme je l'aime cette enfant !
Elle relève la tête et me sourit, ses grand yeux bleus m'interrogent.
Des cheveux longs , châtain doré, ondulés jusqu'à la taille lui donnent un petit air Botticelli.
Cette douceur qui se dégage d'elle m'étonne toujours !
Moi qui étais plutôt garçon manqué...
Elle grandit pourtant , bientôt 10 ans !
Dix ans qu je fais semblant , que je sauve les apparences pour tous ceux qui m'entourent.
Il fzut serrer les dents pour son bonheur, pour elle ,pour la protéger puisque pour moi c'est finit.
La porte claque, je sais qu'il vient de rentrer et j'ai déjà là nausée...
Faure semblant , tenir pour elle.
Don ciré ruisselant de pluie et ses bottes boueuses dans l'entrée marquent son passage.
Pas un mot, pas un bonsoir, il n'y avait déjà pas eu de bonjour ce matin.
Je le surprends à l'attendre, je ne sais pas pourquoi , je ne pas ce que j'espère.
J'ai froid.

Comment autant d'amour, de déclarations d'amour, peuvent ils d'anéantir ?
Je me souviens . Amoureuse , je passais des nuits à le regarder dormir, guettant son souffle.
Plus amoureuse que lui peut- être ?... Que me reste t-il de cet amour-là
Une petite grande fille .
Et de la folie pour cet amour d'un homme trop aimé, trop sublimé .
À qui la faute ?
À la vie qui passe , à cette passion qui s'efface tout doucement, de désillusion en dissolution , pour ne rien laisser que ce goût amer au fond du cœur , au creux de la gorge !
Mettre la barre trop haut pour l'autre .
À force de trop aimer ou de trop idéaliser , on finir par brûler cette fausse image , si triste de s'être encore trompée d'histoire , faute de s'en être raconté une autre.
À haïr ce que l'on a adoré , ces petits défauts si charmant que l'on finit par ne plus supporter !

Et puis quelle folie d'avoir quitté Paris pour le suivre , pour vivre différemment , au grand air, comme il disait... Je finis par le détester , le grand air !
Je l'ai pris en pleine face , le grand air
Doublé d'une solitude si lourde , plus d'amis , il les a tous fais fuir et je n'ai pas su les retenir.
Le malheur ne se partage pas.
Comme c'est loin ....
Depuis la naissance de Marie, c'est le chaos.
Comment en sommes nous arrivés là ? Je ne sais pas, je ne sais plus et pire encore : je m'en fous.
J'ai tout fait , tout donné, tout essayé pour Marie pour elle , juste pour elle.
Pour moi aussi , pour sauver un semblant de famille, pour ne pas faire partie de ces couples qui explosent en plein vol.
Je voulais simplement réussir cette histoire là ; en ayant un enfant à 36 ans , je n'avais même pas l'excuse de la jeunesse...
J'étais sûre de moi, sûre de mon amour , j'avais juste oublié qu'il fallait être deux , que pour lui l'histoire n'est pas la même.
Nos nuit sont déserts, nos jours dont des absences.

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⏰ Last updated: Aug 30, 2021 ⏰

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49 ans et demi Where stories live. Discover now