-C'est une perruque ?

-Non. T'aimes pas ?

-Si. Si. C'est juste que....

Claire fit son apparition avant que je puisse dire autre chose pour annoncer que Juliette était attendue du côté de l'estrade. La frustration de la voir s'éloigner alors qu'elle venait juste d'arriver me poussa à terminer mon verre d'une traite. Un serveur s'empressa de m'en mettre un rempli dans la main.

Comment est ce que je n'avais pas su qu'elle avait changé si radicalement ?
Un tour sur son Instagram m'apprit qu'elle ne l'avait pas encore partagé.
Mais je n'étais pas un fan, j'étais son mec.
Ce n'était donc pas normal d'être autant prit au dépourvu pour une coupe de cheveux.

La frustration me poussa à un deuxième cul sec qui m'arracha une grimace.

Juliette avait rejoint l'estrade pour dévoiler avec le DA la campagne d'affichage et le clip promotionnel du parfum. Je n'écoutais rien, trop occupé à la détailler. En plus du carré, elle avait aussi une frange rideau qui métamorphosait son visage.
Je ne la reconnaissais pas. C'est ça qui me frustrait le plus en fait parce que outre le fait que c'était la première fois qu'elle changeait autant en neuf ans de couple, je me retrouvais face à la fissure, ou plutôt au gouffre, qui s'était creusé entre nous. On en était arrivés au point où même un passage chez le coiffeur n'était pas un sujet que l'on abordait.
On n'abordait plus aucun sujet d'ailleurs puisque c'était silence radio depuis des semaines.
Sauf quand il fallait faire quelque chose pour Dior.

Après le troisième verre, quelqu'un déboula pour m'amener rejoindre Juliette au photocall. Je tcheckais mon portable rapidement le temps du trajet seulement pour lire qu'il y avait encore tout un tas de merdes avant de me placer mécaniquement à côté de ma copine. Mon bras s'enroula autour de sa taille pour l'attirer à moi et je la sentis se crisper instantanément ce qui rajouta une nouvelle couche de frustration.
Elle s'écarta après trois photos et je la suivis pour la rattraper par la main. Elle se dégagea instantanément.

-Ne me touches pas.

-Tu pourrais au moins sourire. Tu fais la gueule depuis que je t'ai rejoins, on va croire que je te maltraite.

-C'est pas le cas ? Tu empestes l'alcool.

Elle se recula encore d'un pas.

-Et tu n'as pas l'air de déborder de joie non plus. Tu pourrais aussi lâcher ton portable une soirée.

-Tu sais Juliette, tu n'es pas la seule à avoir des problèmes.

-Ce n'est que pour quelques heures.

-Qui te dit que j'ai "quelques heures" à perdre ?

Ma soudaine agressivité la surpris mais elle n'eue pas le temps de s'y attarder puisque Claire vint la chercher parce que je ne sais pas qui l'attendait.

Comment est-ce que j'avais assisté à ces soirées pendant des années sans trouver ça incroyablement chiant ?
Heureusement qu'il n'y avait pas de dîner. Avec un peu de chance, je serais libéré de mes obligations dans une petite heure et je pourrais retourner m'enfermer dans mon studio jusqu'à la semaine prochaine.

Je passais cette heure à tenter d'approcher Juliette qui était demandée de partout et à me retrouver avec un nouveau verre en main tous les quart d'heure.

En la voyant quitter la salle, ma conscience me souffla que c'était le moment où jamais d'avoir un moment en tête à tête avec elle. Sauf qu'elle allait aux toilettes.

-Putain tu m'as fais peur ! Sursauta t-elle en me voyant entrer derrière elle. Tu sais que c'est les toilettes des femmes.

-Et alors ? Si c'est le seul endroit où on peut être seuls j'en ai rien à foutre.

Coup de FoudreWhere stories live. Discover now