Chapitre 38 - Départ précipité

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— Ah, merci ! s'exclama la concernée avant d'attraper ses affaires.

Capucine avança vers Sacha pour déposer un baiser sur ses lèvres afin que celui-ci ne soit pas trop perturbé par son départ soudain. Oui, elle venait de se mettre à sa place et elle comprenait que sa réaction pouvait troubler une personne qui ne savait pas ce qu'il se passait dans sa tête.

— Je te jure que je serais volontiers restée, s'il n'y avait pas eu ce rendez-vous.

— D'accord, je te crois, répondit le châtain.

Mais Cap vit à son visage qu'il était tout de même déçu. Et elle vit autre chose aussi, le portrait d'elle qu'il avait commencé à faire pendant qu'elle dormait.

— J'espère que ça ne te dérange pas, souffla-t-il en la voyant planter devant. Mais tu étais tellement belle, la position, les couleurs, ton visage, je n'ai pas pu m'empêcher de vouloir tout immortaliser sur toile.

Il était la première personne à faire un portrait d'elle et même s'il n'était pas fini, elle devait reconnaître que c'était magnifique. Pas forcément le modèle, car elle n'avait pas la prétention de se trouver parfaite, mais c'était le tout.

— C'est...

Capucine ne trouvait pas les mots.

— Ça me touche beaucoup.

Et elle était sincère. En fait, toute l'attention que portait Sacha à son sujet la touchait. Ceci dit, la conseillère pénitentiaire n'avait pas oublié qu'elle devait se dépêcher. Aussi, elle se força à revenir au sujet de l'instant : son départ.

— Je vais te mettre les croissants dans un sachet, comme ça tu pourras les manger plus tard, lui apprit Sacha.

Désormais habillée, elle hocha la tête et laissa le jeune homme faire ce qu'il avait prévu. Le sac à la main et les lacets de ses chaussures à moitié faits, elle ressentit soudainement le besoin de s'éloigner de ce portrait qui aurait pu la retarder encore plus qu'à l'instant.

— Juste deux minutes et tu pourras partir avec un chocolat chaud. Ensuite, promis, je ne te retarde pas plus ! l'informa Sacha en allumant son micro-ondes.

Surpris de ne pas entendre de réponse à son annonce, le jeune homme finit par se retourner et découvrit Capucine plongée dans la contemplation des photos qu'il avait accrochées au-dessus de son bureau.

— Oh je t'en prie, ne regarde pas ces clichés. J'étais gosse et j'étais fan de grimace, se moqua-t-il en arrivant à côté de la jeune femme.

En vérité, ce n'était pas sur les grimaces de Sacha que Capucine bloquait mais plutôt sur le nombre de photos prises avec Mathilde. Joue contre joue, les deux anciens amis s'amusaient parfois à déformer leur visage ou d'autres fois, se contentaient de sourire, comme des élèves modèles.

— Quand j'étais étudiante, commença Capucine, j'ai rencontré un homme. Il s'appelait Gabriel et il était brillant. Avec lui, je me sentais tout le temps sur un petit nuage.

Elle l'avait été, en effet, jusqu'au jour où il avait détruit son cœur à coups de couteaux, métaphoriquement bien sûr.

Peut-être était-ce pour cela qu'elle avait douté au départ avec Sacha ? Parce qu'avec l'ex-étudiant en arts, ça avait pris un peu le même chemin et que ça lui avait rappelé des souvenirs d'une relation qui l'avait comblée avant de la faire sombrer.

— On adorait prendre des photos au photomaton comme Mathilde et toi, continua la conseillère pénitentiaire.

Où s'aventurait-elle ? Capucine l'ignorait. Mais cette jalousie et surtout ce sentiment d'impuissance face au regard que les deux anciens amis se lançaient sur les clichés, tout l'avait prise de court.

Mission célibat (Terminée)Where stories live. Discover now