5- Le cordonier a l'air cool

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– Tu as vraiment réussi à bouger ta main ?! s'exclama Hélios.

– Oui, papa, répondit Élio en soupirant, cela faisait déjà trois fois qu'il le lui rappelait.

– Hier soir ?

– Oui, papa, enchaîna-t-il.

   Son père commença à tourner en rond. Il commençait à parler seul, la main tenant son menton.

– C'est merveilleux, en un jour il a réussit à faire les progrès de toute une vie ! Pourquoi cela a-t-il nécessité autant de temps ? Je ne comprends pas...

   Élio s'était assis, attendant qu'il termine son monologue. Tout à coup, Hélios se tourna vers lui et lui déclara :

– Élio, je sais ce qu'il te manque maintenant !

   Élio l'écoutait, les oreilles grandes ouvertes. Il commençait à s'ennuyer.

– Tu dois te trouver un mentor qui lui, possède un don, continua son père.

   Élio était surpris. Son père et les livres lui suffisaient. Enfin, une autre voix dans sa tête lui disait que c'était une bonne idée, enfin une occasion de rencontrer un Imperator. Peut-être que grâce à cela il pourrait accéder aux gradins d'une arène régionale et payer les places moins chers.

– D'accord, affirma le fils, ça me paraît être une bonne idée !

   Un large sourire apparut sur le visage d'Hélios. Il était fier de son idée. Élio demanda :

– Seulement... Comment trouver un Imperator ici, à la campagne ?

   Son père, encore plus fier de posséder une pièce maîtresse du puzzle lui déclara :

– Tu te souviens de notre ancien voisin, le cordonnier ?

   Élio fit un geste de dénégation. Leurs premiers voisins habitaient à plus de deux kilomètres de là. Comment pouvait-il s'en souvenir ? Son père soupira.

– Enfin, ce n'est pas grave. Je vais t'avouer quelque chose mais tu dois me promettre de ne rien répéter à personne.

   Son fils promit, deux doigt vers le ciel et cracha. Le regard de son père passa du visage d'Élio au sol.

– Ceci n'était pas nécessaire. Bon, je continue ce que je disais. Ce cordonnier était un Imperator.

– Mais, pourquoi vivait-il à la campagne ? s'indigna Élio.

– Il n'aimait pas la vie en ville, le calme lui allait mieux. D'ailleurs, il vit toujours dans la ville, il a seulement déménagé en face de la couturière. On dit même qu'ils sortent ensemble ! Enfin, ce ne sont que des rumeurs. Je lui ai parlé hier et il a accepté de t'aider à apprivoiser ton don.

– Il y a une chose que je ne comprends pas, papa. Pourquoi ne lui as-tu pas demandé avant ?

– Oh ! Il y a bien des choses que tu ne sais pas ni ne comprends. Cela fait parti des choses que je ne comprends pas, je ne saurai jamais pourquoi je ne lui ai pas demandé avant.


Élio était déstabilisé. Son père avait de gros problèmes de logique. Mais cela ne le dérangeait pas tellement, il aurait un mentor –un peu meilleur que son père– et c'est parfait.


– Je le vois quand alors ?

– Cette après-midi.


   Élio était pris au dépourvu, il avait prévu de travailler à la ferme.


– Ça ne dérange pas si je ne suis pas là ?

– Du tout ! Je te remplacerai à la ferme, ne t'inquiète pas.


   Son père se touchait le dos. Il allait devoir beaucoup travailler avec un dos qui le faisait souffrir mais l'espoir qu'il avait balayait la douleur.


– J'accepte de rencontrer cet homme, seulement si je vais donner le foin aux vaches ce matin.


   Hélios accepta. L'entraînement matinal d'Élio n'eut donc pas lieu. À la fin de la matinée, Élio avait terminé ses tâches quotidiennes. Puis, dès son ventre remplit, il partit à la rencontre du cordonnier. 

   Son père, lui, resta à la ferme. Il décida d'aller aider sa femme aux champs. Le colza avait bien poussé. Il partira ensuite dans les grandes métropoles afin d'être vendu pour quelques sous. Ils avaient décidé de commencer la récolte un peu plus tôt que les autres agriculteurs. Leurs plantes semblaient meilleures que les autres années. Alors, Hélios était en train de faucher le fruit de leur travail en compagnie de Sabrina, sa femme.


– Où est parti Élio ? demanda-t-elle.

– Il va parler au cordonnier.

– Pour quoi faire ? questionna-t-elle, surprise.

– Il a besoin de nouvelles chaussures. Tu as vu comme les siennes étaient usées ?

   Elles avaient été achetées deux mois auparavant.

– Mais, Hélios, ses chaussures se portaient très bien ! Tu exagères ! Tu dépenses toujours notre argent pour des choses futiles.

   Hélios posa la lame de sa faucille au sol et planta une main sur sa hanche.

– L'avenir de notre fils est une chose futile ? argumenta-t-il.

– Je ne dis pas ça, chéri, rassura-t-elle après un soupir, je dis seulement qu'il en avait bien assez !

– Il en aura une paire de plus, mieux vaut deux fois qu'une !

Sabrina secoua la tête, contrariée et continua de faucher le colza. Hélios était parti un peu plus loin et participait à la récolte.

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